Netanyahu aurait approuvé l’élargissement de l’opération à Gaza, avec un appel important de réservistes
Le Premier ministre souhaiterait attendre le voyage de Trump au Moyen-Orient pour renforcer ses combats ; des organisations ont lancé des mises en garde alors que les aides humanitaires n'entrent plus dans la bande depuis deux mois

Selon de nombreux médias, Israël devrait rappeler des milliers de réservistes pour se préparer à un élargissement significatif de l’opération militaire menée par Tsahal dans la bande de Gaza, en raison de l’échec des négociations portant sur la finalisation d’un nouvel accord de cessez-le-feu avec le Hamas.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a consulté les responsables pour faire le point sur la sécurité, dans la matinée de vendredi – une réunion au cours de laquelle il a passé en revue l’offensive prévue, qui nécessitera une mobilisation importante, selon la Douzième chaîne, Ynet, Kan et d’autres.
Dans le même temps, l’armée israélienne se prépare à superviser la reprise de l’acheminement des aides humanitaires dans la bande de Gaza sous une surveillance plus stricte. Alors que le blocage de l’assistance a franchi le cap des deux mois, les organisations internationales ont mis en garde contre des conditions humanitaires désastreuses dans la bande de Gaza.
La chaîne d’information N12 a noté que les plans d’élargissement de l’offensive n’étaient pas définitifs, Israël souhaitant accorder plus de temps à l’aboutissement des négociations sur les otages. Selon la chaîne, une nouvelle campagne serait peu probable avant le voyage du président américain Donald Trump dans la région, un déplacement qui aura lieu du 13 au 16 mai (le dirigeant américain est attendu en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis et au Qatar, mais pas en Israël).
En attendant, le cabinet doit se réunir dimanche afin que les ministres puissent voter l’approbation des plans militaires qui ont été autorisés par Netanyahu lors de la consultation sécuritaire de vendredi, a déclaré la chaîne.
Les combats se poursuivent depuis le 18 mars – depuis la rupture de l’accord de cessez-le-feu conclu entre Israël et le Hamas qui avait ouvert la porte à la remise en liberté des otages israéliens détenus au sein de l’enclave côtière. Le groupe terroriste a exigé que tout nouvel accord entraîne un cessez-le-feu permanent et un retrait total d’Israël de la bande de Gaza en échange de la libération des otages encore en vie – comme le prévoyait déjà l’accord précédent.
Les médias arabes ont signalé vendredi qu’Israël avait rejeté une proposition de cessez-le-feu temporaire soumise par l’Égypte. Le bureau de Netanyahu a diffusé, dans la foulée, un démenti.
Depuis la fin de la première phase de l’accord, le 1er mars, Israël a empêché toutes les aides humanitaires d’entrer au sein de l’enclave côtière, affirmant que l’assistance qui s’y trouve déjà est suffisante pour nourrir la population, forte de deux millions d’habitants, pendant une période prolongée et faisant remarquer que le Hamas détourne les aides au profit de ses hommes armés.
Mais alors que le blocage entre dans son troisième mois, des groupes humanitaires ont évoqué vendredi des scènes de famine et des combats pour accéder à l’eau à Gaza. Ils ont fait savoir que les opérations d’assistance de la population sont au bord de l’effondrement total.
Gavin Kelleher, le responsable de l’accès humanitaire du Conseil norvégien pour les réfugiés à Gaza, a indiqué que « des milliers de personnes vont mourir » si rien ne doit être fait. D’autres organisations humanitaires ont appelé à des actions internationales urgentes.
« La réponse humanitaire à Gaza est au bord de l’effondrement total », a averti le Comité international de la Croix-Rouge. « Sans un passage à l’acte immédiat, Gaza s’enfoncera davantage dans un chaos que les efforts humanitaires ne seront pas en mesure d’atténuer ».
« Les stocks de nourriture sont désormais pratiquement épuisés », a commenté de son côté Olga Cherevko, porte-parole de l’agence humanitaire des Nations unies, l’OCHA, par liaison vidéo depuis Gaza City, devant les journalistes qui étaient réunis à Genève vendredi.

« Les cuisines communautaires ont commencé à fermer leurs portes et de plus en plus de personnes souffrent de la faim », a-t-elle expliqué, mentionnant des informations qui font état d’enfants et autres résidents de la bande particulièrement vulnérables « qui sont morts de malnutrition et […] des suites du manque de nourriture ».
L’accès à l’eau est également « devenu impossible », a averti Cherevko. « Un camion d’eau vient d’arriver et les gens s’entretuent pour avoir de l’eau », a-t-elle dit, racontant la scène, dans la rue, qu’elle voyait depuis sa fenêtre.
Kelleher, du Conseil norvégien pour les réfugiés à Gaza, a, de son côté, établi que les « pillages des produits nécessaires à la survie » étaient de plus en plus nombreux au sein de l’enclave. Il a déploré ce qu’il a qualifié de « rupture fabriquée de l’ordre civil ».
« Non seulement Israël empêche les produits alimentaires d’entrer à Gaza, mais le pays a également mis en place une réalité où les Palestiniens ne sont pas en mesure de cultiver leur propre nourriture ; ils n’ont pas le droit de pêcher alors ils attaquent les entrepôts ou ils bloquent l’accès au peu de réserves qu’il y a encore à Gaza », a-t-il ajouté.
Les responsables israéliens estiment qu’une pénurie de produits alimentaires ne surviendra que dans plusieurs semaines et il se préparent à mettre en place un nouveau système de distribution de l’assistance à ce moment-là, avec pour objectif d’écarter le Hamas du processus.

Le président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, a diffusé vendredi une déclaration condamnant le blocage de l’assistance et les bombardements israéliens, tout en dénonçant les « gangs affiliés au Hamas » qui pillent les entrepôts où les aides sont stockées à Gaza.
L’agence de défense civile de Gaza, contrôlée par le Hamas, a fait savoir que les frappes israéliennes avaient tué au moins 42 personnes dans l’ensemble de la bande, dans la journée de vendredi.
Neuf personnes ont ainsi perdu la vie quand une frappe aérienne israélienne a touché une habitation dans le camp de réfugiés de Bureij, dans le centre de Gaza, a déclaré à l’AFP Mohammed al-Mughayyir, le responsable de la défense civile.
Israël affirme ne prendre pour cible que les terroristes, accusant les hommes armés de se fondre dans la population. Le pays a expliqué qu’il prenait des mesures pour atténuer les atteintes à la population.
Des images filmées par l’AFP après une attaque qui a visé le camp de Bureij ont montré des Palestiniens cherchant des victimes dans les décombres d’un bâtiment rasé.
« Il n’y a eu ni avertissement, ni coup de téléphone – nous nous sommes réveillés à minuit dans la fumée, dans les décombres, dans les pierres, avec des éclats d’obus qui pleuvaient sur nous », a raconté Mohammed al-Sheikh, debout au milieu des dalles de béton effondrées. « Nous avons extrait des martyrs – des corps sans vie et des membres de corps – de sous les décombres ».
Six autres personnes ont été tuées lors d’une frappe qui a pris pour cible une maison dans la ville de Beit Lahia, au nord du pays, a ajouté Mughayyir, le chef de la défense civile.
A Gaza City, un bombardement qui a touché une cuisine communautaire a coûté la vie à six autres personnes, selon l’agence de presse.
Au moins 21 autres décès ont été signalés dans les attaques qui ont visé l’ensemble du territoire palestinien.
Le ministère de la Santé de Gaza, aussi placé sous la direction du Hamas, a indiqué jeudi qu’au moins 2 326 personnes avaient été tuées depuis qu’Israël a relancé son offensive à Gaza – ce qui porte à 52 418 le nombre total de morts enregistrés depuis le tout début de la guerre. Des chiffres qui sont invérifiables et ne font pas de distinction entre civils et combattants.
Israël affirme que cette dernière campagne militaire vise à faire pression sur le Hamas, de manière à ce qu’il accepte de remettre en liberté les 59 otages qui se trouvent encore entre ses mains. Toutefois, Netanyahu a reconnu jeudi que sa priorité absolue était de renverser du pouvoir le groupe terroriste à l’origine du pogrom du 7 octobre.