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Netanyahu, comparé à un violeur ? Le Premier ministre fustige Nitzan

Le chef du Likud, "choqué", exige des excuses du procureur qui aurait, selon lui, comparé les accusations dont il fait l'objet à des accusations de viol

Le procureur Shai Nitzan assiste à une conférence sur la justice à Tel Aviv, le 4 novembre 2019. (Flash90)
Le procureur Shai Nitzan assiste à une conférence sur la justice à Tel Aviv, le 4 novembre 2019. (Flash90)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a accusé mercredi le procureur de l’Etat sortant Shai Nitzan d’avoir exploité les victimes de viol, après des commentaires formulés par le procureur lors d’une interview télévisée repoussant les allégations selon lesquelles son bureau aurait fabriqué des accusations de corruption à l’endroit du Premier ministre.

Dans un extrait de l’interview réalisée pour coïncider avec la fin de son mandat cette semaine, Nitzan a critiqué Netanyahu pour sa réponse aux enquêtes menées contre lui, affirmant que dans un État démocratique, il appartenait au système judiciaire de décider si un homme politique accusé d’actes répréhensibles était coupable ou innocent.

« Supposons qu’il y ait une personnalité publique, par exemple, qui a commis un viol », a dit Nitzan à la Douzième chaîne. « Et que vous me dites, ‘mais la majorité du public a voté’… et que nous allons à un procès public, et si comme dans la Rome antique le public [a le pouce levé] alors il ne sera pas jugé, et [s’il a le pouce baissé] il sera exécuté. »

Nitzan a ajouté : « Dans une démocratie moderne, le sort juridique d’un accusé n’est pas décidé par les urnes. »

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors de la réunion hebdomadaire du cabinet dans la Vallée du Jourdain, le 15 septembre 2019. (Crédit : Marc Israel Sellem/POOL)

A la question de l’intervieweur qui lui demandait s’il comparait les crimes allégués de Netanyahu, y compris la réception illicite de cigares et de bouteilles de champagnes coûteux de riches bienfaiteurs, au viol, Nitzan répondit : « Dieu nous en garde ».

« Ce que je compare, c’est que les décisions juridiques ne peuvent être prises comme dans une émission de télé-réalité… [où] le public vote oui ou non », a-t-il expliqué.

« Je vous ai dit qu’il était difficile pour moi d’imaginer qu’un haut fonctionnaire soit accusé de viol », a souligné M. Nitzan, soulignant que le point qu’il essayait de faire valoir était que « le sort juridique d’une personne ne peut être décidé dans les urnes ».

Il a également noté qu’un ancien président israélien, Moshe Katsav, avait été emprisonné pour viol.

Les partisans du Premier ministre Benjamen Netanyahu manifestent à Jérusalem, le 11 décembre 2019. L’une des pancartes dit : « Enquêter sur Shai Nitzan ». (Ahmad Gharabli/AFP)

Après la diffusion de l’extrait, Netanyahu s’est emparé de la référence au viol et a demandé à Nitzan de s’excuser.

« Je suis choqué que Shai Nitzan ait utilisé des victimes de viol pour justifier sa chasse aux sorcières obsessionnelle contre moi. Apparemment, il n’y a pas de limites à l’effort visant à faire tomber le gouvernement du Likud que je dirige », a tweeté le Premier ministre.

« Shai Nitzan doit s’excuser immédiatement – et tout d’abord auprès des victimes de crimes de viol », a-t-il ajouté.

Dans l’interview, qui sera diffusée en intégralité vendredi, Nitzan a rejeté les affirmations de Netanyahu selon lesquelles lui et la hiérarchie du ministère public voulaient faire accuser le Premier ministre.

« Est-ce moi qui ai organisé les conversations entre Netanyahu et Noni Mozes ? », a demandé Nitzan de façon rhétorique, se référant aux discussions qui ont servi de base à l’une des affaires impliquant le Premier ministre.

Passant à une autre affaire, Nitzan a dit qu’il n’avait pas trouvé convaincante l’une des défenses fournies pour Netanyahu.

« Je ne comprends pas cet argument ‘il n’a fumé que quelques cigares’. L’acte d’accusation déposé contre Netanyahu parle de 700 000 shekels (environ 175 000 euros) de cigares », a-t-il dit.

A LIRE : Etat d’Israël vs. Netanyahu : détails de l’acte d’accusation du Premier ministre

Nitzan a été la cible d’attaques de la part de Netanyahu et de ses alliés tout au long de l’enquête sur le Premier ministre dans trois affaires de corruption, en particulier depuis que le procureur général Avichai Mandelblit a annoncé le mois dernier des accusations criminelles – corruption, abus de confiance et fraude – contre le Premier ministre.

Les partisans du Premier ministre l’ont dépeint, sans preuve à l’appui, comme un militant de gauche désireux de destituer le Premier ministre de ses fonctions par des moyens illégitimes. Immédiatement après l’annonce officielle des charges retenues contre lui, Netanyahu a prétendu qu’il s’agissait d’une « tentative de coup d’État » contre sa gouvernance.

Netanyahu s’est abstenu de prétendre que Mandelblit lui-même est guidé par un programme de gauche (Mandelblit a été nommé par le Premier ministre et a été secrétaire de cabinet dans le gouvernement du Likud). Il s’est plutôt efforcé de le dépeindre comme un homme de faible volonté, succombant aux pressions intenses exercées par les procureurs de son entourage, qui l’ont poussé à agir en fonction de leurs objectifs – des affirmations que Mandelblit a rejetées.

Le procureur général Avichai Mandelblit, (à gauche), et le procureur de l’Etat Shai Nitzan, à une conférence organisée au ministère de la Justice de Tel Aviv, le 21 décembre 2016. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Nitzan – de même que Mandelblit et la procureure en chef dans ces affaires, Liat Ben-Ari – ont tous trois fait l’objet d’une protection policière supplémentaire l’année dernière en raison des menaces des partisans du Premier ministre.

M. Nitzan quittera son poste à la fin de la semaine après avoir terminé son mandat de six ans. La question d’un remplaçant a déjà causé une confrontation entre Mandelblit et Ohana, ministre de la Justice et un fidèle de Netanyahu, qui a exigé de choisir le procureur de l’État par intérim. Mandelblit aurait l’intention d’avoir le dernier mot sur la personne qui aura le poste.

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