Netanyahu condamne l’invasion turque du Kurdistan syrien et offre son aide
Le Premier ministre met en garde contre le "nettoyage ethnique" des minorités dans le nord de la Syrie, ne mentionne pas le choix du président US qui a ouvert la voie à l'offensive
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a dénoncé jeudi l’invasion par la Turquie des zones sous contrôle kurde du nord-est de la Syrie et a déclaré qu’Israël était prêt à offrir une aide humanitaire aux Kurdes de Syrie confrontés à un assaut lancé par Ankara.
Il s’agissait des premiers commentaires de Netanyahu sur la situation en Syrie après être resté silencieux pendant plusieurs jours après la décision du président américain Donald Trump de retirer les troupes américaines du pays et de permettre à l’offensive turque de se poursuivre. Plusieurs autres responsables israéliens ont dénoncé l’opération turque et appelé au soutien des Kurdes.
« Israël condamne fermement l’invasion turque des zones kurdes en Syrie et met en garde contre le nettoyage ethnique des Kurdes par la Turquie et ses mandataires », a déclaré Netanyahu dans un communiqué publié par son bureau. « Israël est prêt à apporter une aide humanitaire au courageux peuple kurde. »
Netanyahu n’a pas mentionné la décision américaine de retirer ses troupes qui a, fondamentalement, donné à Ankara le feu vert pour l’offensive.
Mercredi, la Turquie a lancé une vaste offensive contre les zones contrôlées par les Kurdes dans le nord-est de la Syrie, avec des bombardements intensifs ouvrant la voie à une offensive terrestre rendue possible par le retrait des troupes américaines.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé le début de l’attaque sur Twitter et, peu après, des avions de combat et des tirs d’artillerie ont visé des positions kurdes sur la largeur totale de la frontière, obligeant des milliers de civils à fuir leurs maisons.
En 2014, Netanyahu s’était dit favorable à la création d’un Kurdistan indépendant. Il a salué « l’engagement politique et la modération politique » des Kurdes et a déclaré qu’ils étaient « dignes de leur propre indépendance politique ». Mais il a évité de critiquer la décision de Washington de retirer ses troupes du nord de la Syrie, ce qui, selon certains analystes, créera un vide à combler par des puissances qui ne partagent pas les intérêts d’Israël.
Dans ce qui semblait être une référence à cette préoccupation, Netanyahu a déclaré plus tôt jeudi qu’Israël continuera à se défendre seul contre les menaces régionales.
« Comme en 1973, aujourd’hui aussi, nous apprécions grandement le soutien important des États-Unis… En même temps, nous nous souvenons toujours de la règle fondamentale qui nous guide et la mettons en œuvre : Israël se protégera, tout seul, contre toute menace », a déclaré le Premier ministre lors d’une cérémonie commémorative au cimetière national du mont Herzl à Jérusalem en l’honneur des personnes tuées dans la guerre de Kippour.
Netanyahu a accusé l’Iran de « resserrer son emprise » sur les pays de la région, faisant référence à l’abattage d’un drone américain et à l’attaque des raffineries de pétrole en Arabie saoudite.
« L’Iran menace de nous rayer de la carte… À maintes reprises, [le régime] tente de nous attaquer, alors nous devons nous tenir prêts à nous protéger contre ce danger », a ajouté le Premier ministre.
Israël et la Turquie entretiennent des relations diplomatiques glaciales, et Netanyahu critique régulièrement Erdogan de « massacrer les Kurdes ».
D’éminents législateurs issus de l’ensemble de l’échiquier politique israélien ont publié des déclarations de soutien au peuple kurde alors que la Turquie commençait son invasion de la Syrie et que, aux Etats-Unis, Trump subissait de rares pressions internes de la part des républicains sur la décision de ne pas soutenir les Kurdes.
Mercredi soir, la députée de HaYamin HaHadash, Ayelet Shaked, a réitéré son appel à la création d’un Etat kurde, exhortant l’Occident à soutenir les Kurdes alors que la Turquie lançait une campagne militaire dans le nord de la Syrie.
La plupart des législateurs ont évité de critiquer directement Trump, mais le président de Meretz, Nitzan Horowitz, a nommément cité le président américain.
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