Des « milliers » de personnes fuient les raids turcs en Syrie
Réunion d'urgence, réclamée par la Belgique, la France, l'Allemagne, la Pologne et le Royaume Uni, jeudi du Conseil de sécurité de l'ONU

Des « milliers » de personnes ont fui mercredi les frappes aériennes d’Ankara visant des secteurs du nord de la Syrie situés à la frontière avec la Turquie, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
« Il y a des milliers de déplacés dans la région de Ras al-Aïn et des villages de Tal Abyad », a indiqué à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane. Les déplacés ont fui vers des secteurs adjacents épargnés par les bombardements, a-t-il précisé.
Une réunion en urgence et à huis clos du Conseil de sécurité de l’ONU a été demandée jeudi sur les opérations militaires de la Turquie en Syrie par les membres européens du Conseil de sécurité de l’ONU, a-t-on appris mercredi de sources diplomatiques.
Cette réunion a été réclamée par la Belgique, la France, l’Allemagne, la Pologne et le Royaume Uni. La rencontre, en fin de matinée, interviendra dans la foulée de consultations à huis clos du Conseil de sécurité sur la Colombie, selon les mêmes sources.
Mercredi matin, le président en exercice du Conseil de sécurité de l’ONU, l’ambassadeur sud-africain Jerry Matthews Matjila, avait appelé la Turquie à « épargner les civils » et à « exercer un maximum de retenue » dans ses opérations militaires en Syrie.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait annoncé plus tôt le début d’une nouvelle opération militaire contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), soutenue par les pays occidentaux mais bête noire d’Ankara.
Le ministre néerlandais des Affaires étrangères Stef Blok a annoncé mercredi avoir convoqué l’ambassadeur turc aux Pays-Bas après le lancement d’une offensive menée par Ankara dans le nord-est de la Syrie contre une milice kurde soutenue par les Occidentaux dans la lutte antijihadistes.
« Les Pays-Bas condamnent l’offensive turque dans le nord-est de la Syrie. J’ai convoqué l’ambassadeur de Turquie. Appelons la Turquie à ne pas poursuivre sur la voie choisie », a déclaré M. Blok dans un tweet.
« Les actions unilatérales ne sont pas la solution. Personne ne bénéficiera d’éventuelles conséquences humanitaires terribles », a-t-il ajouté dans un communiqué, avertissant que l’offensive turque risquait « d’entraver le combat contre l’Etat islamique et la stabilité dans la région ».
La décision du chef de la diplomatie néerlandaise de convoquer l’ambassadeur turc intervient seulement un an après la reprise des relations entre les deux pays, en froid depuis que La Haye a refoulé en 2017 deux ministres turcs venus s’exprimer en faveur du président Recep Tayyip Erdogan à Rotterdam, où avaient éclaté des émeutes.
Le Congrès américain va faire payer « très cher » au président turc Recep Tayyip Erdogan son offensive en Syrie contre des forces kurdes alliées de Washington, a prévenu mercredi l’influent sénateur républicain Lindsey Graham.
« Priez pour nos alliés kurdes qui ont été honteusement abandonnés par l’administration Trump », a-t-il écrit sur Twitter. « Je vais mener les efforts aux Congrès pour qu’Erdogan paie très cher », a ajouté celui qui est d’ordinaire un proche soutien du président Donald Trump.
Ces derniers jours, le sénateur a évoqué des « sanctions bipartisanes », soutenues par les républicains et les démocrates, contre l’armée et l’économie turques en cas d’invasion de la Syrie. Il a aussi dit qu’il demanderait la suspension d’Ankara de l’Otan.
Peu après l’annonce du début de l’opération militaire turque en Syrie, le sénateur démocrate Chris Van Hollen a d’ailleurs annoncé mercredi que le texte prévoyant ces sanctions était « en train d’être finalisé ».

Selon Lindsey Graham, outre menacer les Kurdes qui ont mené le combat contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) aux côtés de l’armée américaine, ces derniers développements vont « garantir la résurgence de l’EI ».
« J’exhorte le président Trump à changer d’avis tant qu’il est encore temps en rétablissant la zone de sécurité qui était en train de porter ses fruits », a-t-il encore insisté.
Donald Trump a annoncé dimanche soir le retrait des soldats américains de cette « zone de sécurité » en Syrie, près de la frontière turque, où des patrouilles conjointes américano-turques avaient commencé à se déployer ces dernières semaines. Sa décision a laissé de facto le champ libre sur le plan militaire à l’offensive de la Turquie.
La France condamne « très fermement » l’offensive turque lancée mercredi dans le nord de la Syrie et va saisir le Conseil de sécurité de l’ONU, a déclaré la secrétaire d’État aux Affaires européennes, Amélie de Montchalin, quelques instants après le début de l’opération turque.
« La France, l’Allemagne et le Royaume uni sont en train de finaliser une déclaration commune qui sera extrêmement claire sur le fait que nous condamnons très fortement et très fermement ce qui est rapporté », a-t-elle dit devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale.
« Nous saisissons le Conseil de sécurité des Nations unies et cherchons la plus grande coalition (possible) pour apporter le sujet le plus rapidement en discussion » au niveau international, a ajouté la secrétaire d’Etat.
La France a consulté mercredi ses partenaires européens pour « examiner toutes les options », dont la saisine du Conseil de sécurité, a-t-on ajouté, sans plus de précisions, au ministère des Affaires étrangères.
La présidente de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, Marielle de Sarnez, a aussi « condamné » l’offensive turque, qui vise directement les Kurdes syriens, alliés des Occidentaux dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI).
« C’est une violation du droit international, une violation des frontières », a déclaré Marielle de Sarnez. « L’action de la Turquie est une faute morale, une faute politique, qui met en cause la stabilisation du nord-est syrien, qui met en cause la sécurité de cette zone », a-t-elle ajouté.
« Nous ne pouvons pas laisser faire l’offensive turque », a-t-elle affirmé en appelant à une mobilisation de la communauté internationale.
Le président de la commission européenne Jean-Claude Juncker a immédiatement exigé l’arrêt de l’offensive lancée par la Turquie et averti qu’aucun financement européen ne serait accordé pour la « zone de sécurité » qu’Ankara souhaite instaurer dans le nord de la Syrie le le long de la frontière avec la Turquie.
Le président français Emmanuel Macron, qui a rencontré mardi la responsable kurde Ilham Ahmed, s’est dit « aux côtés des FDS (Forces démocratiques syriennes, ndlr), parce que ce sont des partenaires clés dans la lutte contre Daech (l’acronyme arabe du groupe jihadiste EI).

Le ministre néerlandais des Affaires étrangères Stef Blok a annoncé mercredi avoir convoqué l’ambassadeur turc aux Pays-Bas après le lancement d’une offensive menée par Ankara dans le nord-est de la Syrie contre une milice kurde soutenue par les Occidentaux dans la lutte antijihadistes.
« Les Pays-Bas condamnent l’offensive turque dans le nord-est de la Syrie. J’ai convoqué l’ambassadeur de Turquie. Appelons la Turquie à ne pas poursuivre sur la voie choisie », a déclaré M. Blok dans un tweet.
Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a appelé mercredi la Turquie, membre de l’Alliance, à la « retenue » dans son opération en Syrie et à ne « pas compromettre les succès réalisés » contre le groupe Etat islamique.
« Il est important d’éviter les actions susceptibles de déstabiliser davantage la région, d’exacerber les tensions et de causer davantage de souffrances humaines », a-t-il averti dans un communiqué publié par l’Alliance à l’issue de ses entretiens à Rome avec le Premier ministre Giuseppe Conte.
« Je compte sur la Turquie pour agir avec retenue et veiller à ce que les progrès que nous avons réalisés dans la lutte contre l’Etat islamique ne soient pas compromis. Je discuterai de cette question avec le président Erdogan vendredi », a-t-il ajouté.
Jens Stoltenberg a précisé avoir été informé des opérations en cours. Il a indiqué avoir demandé à la Turquie de « veiller à ce que toute action qu’elle pourrait entreprendre dans le nord de la Syrie soit proportionnée et mesurée ».
« Nous ne devons pas mettre en péril les progrès que nous avons réalisés ensemble contre notre ennemi commun, l’Etat Islamique (EI), parce que l’EI continue de représenter une grave menace pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, ainsi que pour toutes nos nations », a-t-il insisté.