Netanyahu : « Ripostez aux mensonges des manifestants comme nous ripostons au terrorisme »
Le Premier ministre a comparé les manifestants à ceux qui ont protesté contre son accord de 2015 sur le gaz naturel et leurs "mensonges" au terrorisme palestinien
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré vendredi qu’il voulait « frapper » les manifestants anti-gouvernement et « riposter » à leurs mensonges qui, selon lui, sont proférés contre les efforts de sa coalition pour remanier le système judiciaire, tout en comparant apparemment ces prétendus mensonges au terrorisme palestinien.
Comparant les manifestants à ceux qui ont manifesté contre un accord controversé sur le gaz naturel qu’il avait dirigé en 2015, Netanyahu a déclaré à ses collègues ministres que l’accord avait été un grand succès. « Je veux que vous soyez équipés et que vous ripostiez simplement. Il ne s’agit pas seulement de frapper contre le terrorisme, nous devons également riposter contre les mensonges », a-t-il ajouté.
La citation a été fournie par le Bureau du Premier ministre samedi soir, un jour après que la Douzième chaîne a rapporté ses commentaires tout en fournissant une version différente – apparemment inexacte – de la citation, dans laquelle Netanyahu était cité comme disant « je veux vous donner un poing pour que vous puissiez les frapper. Les personnes qui ont protesté contre l’accord sur le gaz ou les vaccins contre le coronavirus sont les mêmes qui protestent aujourd’hui. Tout comme ils ont dit à l’époque que l’accord sur le gaz causerait des dommages, ils disent aujourd’hui que c’est ce que fera la réforme. Nous devons invalider ce mensonge ».
Il n’a pas été précisé si le Premier ministre avait effectivement comparé les manifestants aux anti-vaccins. La transcription du Bureau du Premier ministre ne les mentionnait pas, et ne fournissait qu’une seule citation, plus limitée.
Le Bureau de Netanyahu a souligné qu’il avait parlé au sens figuré.
« Lorsque le Premier ministre a utilisé le mot ‘frapper’, il voulait dire frapper les arguments fallacieux de ceux qui sèment la panique, et non frapper physiquement qui que ce soit », a déclaré le Bureau du Premier ministre.
Les premières informations relayées vendredi ont indigné les chefs de l’opposition, qui ont accusé le Premier ministre d’utiliser un langage qui pourrait conduire à la violence contre les manifestants.
Les projets de la coalition visant à affaiblir radicalement le système judiciaire ont déclenché des manifestations de masse à Tel Aviv et à Jérusalem, ainsi que des rassemblements de moindre ampleur dans tout le pays. Lundi, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté devant la Knesset alors que le gouvernement procédait à un premier vote sur deux dispositions phare d’un projet de loi. D’autres rassemblements ont attiré près de 100 000 manifestants.
Depuis qu’elle a prêté serment il y a moins de deux mois, la coalition de Netanyahu (droite, extrême droite et ultra-orthodoxes) a donné la priorité à des projets de loi visant à transformer en profondeur le système judiciaire, qui sont menés par le ministre de la Justice Yariv Levin et le député Simcha Rothman, chef de la commission de la Constitution, du Droit et de la Justice de la Knesset.
Les réformes radicales, qui ont été adoptées « par la force » à la Knesset ces dernières semaines, prévoient que le gouvernement s’octroie un contrôle total sur la nomination des juges de la Haute Cour, qui éliminerait pratiquement toute possibilité pour la Cour d’examiner et d’annuler des lois et qui autoriserait les hommes politiques à nommer – et à limoger – leurs propres conseillers juridiques.
Selon ses détracteurs, ce projet portera profondément atteinte au caractère démocratique d’Israël en bouleversant son système d’équilibre des pouvoirs, en accordant presque tous les pouvoirs à la coalition et en laissant les droits individuels sans protection et les minorités sans défense.
Le plan a suscité des critiques intenses et des avertissements sévères de la part de responsables de la sécurité, d’alliés étrangers, d’éminents experts financiers et juridiques, ainsi que des pétitions publiques de divers responsables, professionnels et entreprises privées.
Des personnalités économiques de premier plan ont averti à plusieurs reprises que cette réforme causerait de graves dommages à l’économie. Après que la Knesset a procédé aux premiers votes sur la législation mardi, marquant les premières étapes significatives de son effort de division, le shekel s’est déprécié pour atteindre son niveau le plus faible en trois ans par rapport au dollar américain et les actions de Tel Aviv ont baissé.
Netanyahu a repoussé les critiques et balayé d’un revers de la main les prédictions, assurant encore une fois que les propositions renforceront plutôt qu’elles n’affaibliront la démocratie, et que son gouvernement se contente d’appliquer la volonté du peuple.
Plusieurs récents sondages ont indiqué que les plans de réforme sont largement impopulaires auprès du public et que la coalition a perdu le soutien d’un grand nombre d’électeurs depuis son entrée en fonction.