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New York : Une femme orthodoxe à l’origine d’une « grève du sexe » enfin divorcée

Malky Berkowitz, mariée à un homme après l'avoir rencontré pendant seulement quinze minutes, disait avoir été victime de violences ; elle affirmait que son époux avait des comportements sexuels inappropriés à l'égard de leur fille de trois ans

Les soutiens de Malky Berkowitz (Autorisation : Adina Sash)
Les soutiens de Malky Berkowitz (Autorisation : Adina Sash)

New York Jewish Week — Vers le 11 septembre, Adina Sash, une militante qui vit à Brooklyn, a enfin reçu l’appel téléphonique qu’elle attendait depuis longtemps : Malky Berkowitz, 29 ans, une femme orthodoxe de New York, avait enfin reçu le guet – l’acte de divorce juif.

Pour Sash – qui est connue sur Instagram sous le nom de « Flatbush Girl » – cette nouvelle a également mis fin à une grève du sexe de six mois qu’elle avait organisée en soutien à Berkowitz. La loi juive accorde aux hommes le pouvoir de refuser le divorce rituel à leurs femmes sans que ces dernières n’aient aucun recours. Le mari de Berkowitz avait refusé ce divorce pendant quatre ans – alors que son épouse avait d’ores et déjà quitté le domicile conjugal.

En signe de protestation contre le refus obstiné de cet homme qui excluait la possibilité d’accorder le guet à son épouse, Sash avait donc fait appel aux femmes juives en leur demandant de refuser toutes relations sexuelles avec leur mari le vendredi soir, « la nuit de la mitzvah », et à la fin de la période « d’impureté rituelle » qui précède et qui suit les règles, la « niddah ». Objectif : Mobiliser les hommes et les femmes pour qu’ils fassent pression sur l’époux de Berkowitz en le sommant d’accepter le divorce.

« L’affaire avait besoin d’une grande visibilité publique afin de faire bouger tout le monde, de sensibiliser », précise Sash auprès de la JTA lors d’un entretien, dans la journée de mercredi. « Chaque femme, à sa manière, a fait preuve de sa solidarité avec Malky jusqu’à ce qu’elle soit libre, faisant la promesse de ne pas avoir de relations sexuelles le vendredi soir – voire de faire une grève totale ».

Sur Instagram, Sash s’est réjouie de la nouvelle du divorce.

« MALKY A OBTENU LE GET », a-t-elle écrit dans une publication parue mercredi au-dessus d’une photo de Sash et de Berkowitz, qui vit dans le village hassidique de Kiryas Joel qui est situé dans le comté d’Orange, à New York. Sur le cliché, les deux femmes se tiennent par le bras en souriant. La militante a ajouté dans son post : « Malky est libre. N’abandonnez jamais ! »

Sash ignore combien de femmes ont participé à la grève du sexe – mais il est indubitable que cette campagne a attiré l’attention et qu’elle a suscité un débat qui a largement dépassé les 74 000 abonnés qui suivent la militante sur Instagram. Après avoir lancé la grève au mois de mars, elle avait été à la fois critiquée et soutenue par les influenceurs, commentateurs et autres rabbins orthodoxes, et elle avait bénéficié d’une couverture dans les médias grand public.

Sash et ses partisans avaient estimé que ce refus de toute relation sexuelle, le vendredi soir, était un moyen naturel à utiliser pour soutenir une « aguna » ou « femme enchaînée » – ces femmes dont les époux refusent de divorcer. Mais ses détracteurs – hommes et femmes – craignaient que l’utilisation du sexe comme moyen de pression n’ait un côté malsain.

Sash confie qu’en fin de compte, les soutiens de Berkowitz – elle y compris – ne savent pas exactement ce qui a fait changer d’avis son mari. Elle estime toutefois que la campagne a eu un impact positif.

« Il s’agissait de rendre justice dans un cas qui aurait dû être réglé depuis longtemps », explique-t-elle. « Et finalement, la justice a gagné. Le mari s’est réveillé un jour en prenant conscience de ses abus, faisant naître chez lui un sentiment de responsabilité – et il a eu le sentiment que c’était quelque chose qu’il devait faire pour lui-même ».

Des militantes des droits des femmes organisent un rassemblement devant le tribunal rabbinique de Jérusalem le 8 mars 2021, à l’occasion de la Journée internationale de la femme, pour protester contre leur impossibilité de divorcer. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Le post Instagram qui a été publié par Sash mercredi dernier a été salué par des centaines de personnes, qui ont notamment fait des références explicites à une bénédiction remerciant Dieu de libérer les captifs. D’autres ont exprimé leur espoir de voir d’autres femmes enchaînées – qui sont largement considérées comme des victimes de violences conjugales – enfin libérées.

« Mazel Tov à l’occasion de cette merveilleuse nouvelle… Espérons que toutes les autres, notamment Chava, seront bientôt libérées », a écrit un internaute, faisant référence à une autre aguna.

Sash raconte que l’un de ses critiques les plus féroces – un homme qui avait refusé, dans le passé, d’accorder le guet à son épouse, la militante s’étant alors battue pour cette dernière – l’avait contactée pour la féliciter. « Il est entré en contact avec moi et il m’a dit : ‘Wow, super boulot’, » s’amuse-t-elle.

La grève lancée par Sash a fait écho à la grève du sexe présentée dans l’œuvre « Lysistrata » qui avait été écrite par le dramaturge grec Aristophane – où les femmes d’Athènes s’étaient abstenues de toute relation sexuelle avec leurs maris afin de mettre un terme à la guerre du Péloponnèse. Les grèves du sexe, de la part des femmes, ont également été utilisées avec succès dans des communautés contemporaines, comme lors de la guerre civile au Liberia en 2003. Cette initiative avait été ultérieurement récompensée par le prix Nobel de la paix. Des femmes orthodoxes se seraient lancées dans des grèves du sexe similaires dans des communautés plus modestes – cela avait notamment été le cas au Canada, il y a plusieurs décennies.

Orly, dont les détails personnels en tant qu’aguna, une femme enchaînée, sont répertoriées sur l’une des affiches placardées dans le sud de Tel Aviv dans le cadre de Yom HaAguna, le 24 février 2021. (Autorisation DODO)

Malky et Volvy Berkowitz s’étaient mariés en 2016, après s’être rencontrés en personne pendant seulement 15 minutes. Selon le New York Magazine, Volvy souffre de schizophrénie, il a eu des antécédents de délires messianiques et il a été hospitalisé dans des structures spécialisées à de multiples reprises. Malky avait porté plainte à son encontre auprès d’un tribunal du comté de Rockland, affirmant qu’il avait été violent physiquement à son égard et qu’il avait eu des comportements sexuellement inappropriés auprès de leur fille de trois ans.

« Mis à part le fait que Volvy m’avait donné une bague kidishen [sic] et que nous avons eu ensemble deux enfants, nous n’avons jamais eu de relations », avait-elle écrit dans un texto quelle avait partagé avec la JTA, au début de l’année. « Au revoir, Volvy – je ne t’ai jamais connu et je ne te connaîtrai jamais », ajoutait-elle dans le message.

Et comment Sash veut-elle fêter cela ?

« Je me suis fait faire une séance d’autobronzant pour avoir une nuit de mitzvah extraordinaire avec mon mari », s’exclame-t-elle.

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