« Notre programme nucléaire ne saurait être détruit » : l’Iran se montre provocateur avant les négociations
Un haut responsable qualifie les demandes de Donald Trump "d'inacceptables" ; un autre demande : "Comment Téhéran pourrait-il désarmer alors qu'Israël possède des ogives nucléaires ?"

L’Iran aborde les pourparlers prévus en fin de semaine avec les États-Unis au sujet de son programme nucléaire en se montrant peu confiant dans les progrès et en nourrissant de profondes suspicions quant aux intentions américaines, ont déclaré mardi des responsables iraniens, l’un d’entre eux affirmant que les exigences de Washington étaient « inacceptables » pour Téhéran.
Ces pourparlers ont été annoncés lundi par le président américain Donald Trump qui, depuis son retour à la Maison Blanche, en janvier a menacé à plusieurs reprises l’Iran d’une action militaire s’il n’acceptait pas un accord.
De hauts responsables iraniens ont déclaré que de nombreuses demandes de Trump se heurteraient à un refus catégorique.
« Trump veut un nouvel accord : mettre fin à l’influence régionale de l’Iran, démanteler son programme nucléaire et stopper ses travaux sur les missiles. Ces demandes sont inacceptables pour Téhéran. Notre programme nucléaire ne saurait être détruit » a déclaré un haut responsable iranien à Reuters.
« Notre défense n’est pas négociable. Comment Téhéran pourrait-il déposer les armes alors qu’Israël possède des ogives nucléaires ? Qui nous protégera si Israël ou un autre pays nous attaque ? », a déclaré un autre responsable.
Trump a qualifié les pourparlers qui se tiendront samedi à Oman de « directs », mais le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a réitéré mardi la position de Téhéran selon laquelle ils devraient être « indirects », invoquant ce qu’il a appelé les « pressions et menaces » américaines.

« Les négociations indirectes peuvent garantir un dialogue authentique et efficace », a-t-il déclaré à l’agence de presse iranienne IRNA.
Araghchi a indiqué que les pourparlers seraient menés par lui-même et par l’envoyé de Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, sous la médiation du ministre des Affaires étrangères d’Oman, Badr al-Busaidi.
Dans un article d’opinion publié dans le Washington Post, Araghchi a réitéré qu’un accord serait possible si les États-Unis faisaient preuve de bonne volonté tout en mettant en garde contre une frappe militaire – une frappe que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a qualifiée mardi « d’inévitable » si les négociations entre les États-Unis et l’Iran s’éternisaient.
« Pour aller de l’avant aujourd’hui, nous devons d’abord convenir qu’il ne peut y avoir ‘d’option militaire’, et encore moins de ‘solution militaire’ », a écrit Araghchi. « La fière nation iranienne, sur la force de laquelle mon gouvernement compte pour une véritable dissuasion, n’acceptera jamais la coercition et l’imposition. »

Araghchi a également fait référence aux efforts du dirigeant américain pour mettre fin au conflit en Ukraine : « Nous ne pouvons pas imaginer que le président Trump veuille devenir un autre président américain embourbé dans une guerre catastrophique au Moyen-Orient, un conflit qui s’étendrait rapidement à toute la région et qui coûterait bien plus que les billions de dollars des contribuables que ses prédécesseurs ont brûlés en Afghanistan et en Irak. »
Téhéran aimerait voir des gestes concrets de la part des États-Unis avant tout face-à-face entre les responsables iraniens et américains, ont déclaré des sources iraniennes et régionales.
« Les Iraniens nous ont dit que des pourparlers directs sont possibles, mais qu’il faut un acte de bonne volonté. Lever certaines sanctions ou débloquer de l’argent », a déclaré un diplomate régional.
La Russie soutient les pourparlers, qu’ils soient directs ou indirects, entre l’Iran et les États-Unis, car ils représentent une chance de désamorcer les tensions, a déclaré mardi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, ajoutant : « Nous savons que certains contacts, directs et indirects, sont prévus à Oman. »
La Chambre basse du Parlement russe a également ratifié mardi un partenariat stratégique de vingt ans avec l’Iran, signe de l’approfondissement des liens militaires entre les deux pays.
Les efforts pour régler le différend sur le programme nucléaire iranien, que Téhéran considère comme destiné à un usage purement civil mais que les pays occidentaux estiment être l’étape préliminaire à la fabrication d’une bombe atomique, ont connu des hauts et des bas pendant plus de deux décennies sans aboutir à une résolution.
Trump a rompu l’accord – connu sous l’acronyme JCPOA – conclu en 2015 entre l’Iran et six puissances mondiales (États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne) lors de son premier mandat en 2018. Depuis, les négociations sont au point mort.
Israël, qui considère depuis longtemps l’Iran comme sa plus grande menace régionale, a vaincu l’an dernier le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, l’un des mandataires de Téhéran. Netanyahu était aux côtés de Trump lundi lorsque ce dernier a annoncé les pourparlers de samedi.

Le Premier ministre, qui a à maintes reprises exhorté les gouvernements américains à recourir à des frappes contre le programme nucléaire iranien, a déclaré qu’une solution diplomatique serait une bonne chose si elle était « totale », citant l’exemple du démantèlement complet du programme atomique libyen.
L’Iran fait fi des avertissements de Trump concernant une action militaire, affirmant que le pays ne se laissera pas intimider par des menaces.
La République islamique a résisté à plusieurs programmes de sanctions au cours des dernières décennies, et les dirigeants militaires iraniens ont déjà menacé de couper les exportations régionales de pétrole, qui représentent une part importante de l’approvisionnement énergétique mondial.