Paris : 6 mois de prison avec sursis pour l’homme vêtu d’un maillot « anti juif » dans le métro
« Je voulais écrire anti Tsahal mais il y avait trop de caractères, ça ne rentrait pas », a plaidé le prévenu, qui crie au « trouble bipolaire » ; Les expertises n'ont relevé « aucune altération du discernement »
Le tribunal correctionnel de Paris a condamné jeudi à six mois de prison avec sursis un homme poursuivi pour provocation à la haine raciale après avoir porté un maillot avec inscrit « anti juif » dans le métro parisien.
« L’infraction est caractérisée. Vous aviez conscience des mots que vous inscriviez sur le maillot et de leur caractère négatif », a déclaré la présidente du tribunal.
Mehmet D. a également été condamné à une obligation de soins, à un stage de citoyenneté ainsi qu’à payer des dommages et intérêts aux parties civiles.
Le jeune homme de 28 ans avait été photographié le 21 octobre dans le métro parisien vêtu d’un maillot de foot de l’équipe de Manchester floqué du message « anti juif » dans le dos.
« Le racisme, l’antisémitisme ne sont pas des opinions ! La liberté d’expression n’est pas absolue, elle est encadrée ! », a lancé l’accusation lors de son réquisitoire.
« Ce monsieur n’a pas pris au hasard ce T-shirt dans son placard. Il l’a commandé, il l’a porté intentionnellement dans la rue, dans le métro, dans un restaurant », s’est indigné le procureur, considérant que le prévenu « a un problème avec les juifs ».
J'ai été alertée aujourd'hui au sujet d'une photo d'un individu arborant un maillot floqué d'un sinistre "Anti Juif" dans une rame de métro. Nous procédons actuellement avec les équipes de @RATPgroup aux vérifications et à l'identification de cet individu et pour donner lieu aux… https://t.co/LKS9uG068T
— Valérie Pécresse (@vpecresse) October 22, 2024
En garde à vue, Mehmet D. avait expliqué aux enquêteurs être en colère à cause de la situation au Moyen-Orient.
À la barre, il a assuré avoir « un trouble bipolaire ». « Des fois, je n’arrive pas à me contrôler », a-t-il expliqué.
Les expertises psychiatriques réalisées n’ont toutefois relevé « aucune altération ni abolition du discernement » du suspect, a précisé le parquet.
De son côté, un avocat des parties civiles a réagi, estimant que « l’antisémitisme n’est pas une maladie mentale ».
« Je voulais écrire anti Tsahal (l’armée israélienne, NDLR) mais il y avait trop de caractères, ça ne rentrait pas », a déclaré le prévenu, sous le regard courroucé de son avocat.
Devant la cour, ses explications ont parfois été confuses. L’homme a notamment évoqué ses anciens employeurs juifs dont il dit qu’ils l’ont exploité, selon le site d’information ActuParis.
« Si j’avais mis un maillot avec antichrétien, ça aurait choqué les Français. Si j’avais mis antimusulman, ça aurait choqué les Arabes », a-t-il déclaré, avant de se voir répondre par la présidente : « Vous confondez beaucoup de choses ».
« Ça a pu heurter des juifs je pense. Je regrette mon geste », a-t-il ajouté.
« Quand on porte sur le dos le mot ‘anti juif’ dans un wagon, on doit avoir le souvenir de 1942 et de la déportations des juifs de France », a estimé Me Axel Metzker, avocat du Mouvement international contre le racisme et l’antisémitisme (Micra).
Outre le prévenu, les parties civiles ont également questionné la responsabilité de Puma, l’entreprise qui a autorisé la production du maillot personnalisé, floqué d’un message clairement antisémite.
Selon ActuParis, trois jeunes femmes auraient quitté la salle d’audience après l’annonce du verdict en criant « Ça pue le casher ici ! ».
Début août, le ministère de l’Intérieur a fait état de 887 actes antisémites recensés en France au premier semestre 2024, soit quasiment trois fois plus qu’au cours de la même période en 2023. Ces actes ont augmenté depuis l’attaque sans précédent perpétrée par Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien et la guerre qui s’en est suivie.