Paris condamne le vote contre l’État palestinien et la visite de Ben Gvir au Mont du Temple
La France a jugé "irresponsables" les actions du ministre d'extrême-droite et affirme que cela "risque de déstabiliser encore davantage la région"
La France a exprimé jeudi « sa consternation » au lendemain de l’adoption par la Knesset d’une résolution rejetant la perspective d’établissement d’un État palestinien, soulignant que cette décision était « en contradiction avec les résolutions adoptées au Conseil de sécurité des Nations unies ».
Cette résolution proposée par un député de droite de l’opposition a recueilli le soutien de 68 élus de la coalition au pouvoir et de l’opposition contre 9 qui ont voté contre.
« Seule la solution à deux États est à même d’apporter une paix juste et durable aux Israéliens comme aux Palestiniens et de garantir la stabilité de la région », a réagi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères dans une déclaration écrite jeudi.
« La France appelle à ce que cessent les remises en cause de cet impératif reconnu comme tel par l’immense majorité de la communauté internationale », a-t-il ajouté.
Selon le texte de la résolution, « la Knesset s’oppose fermement à la création d’un État palestinien à l’ouest du Jourdain » c’est-à-dire en Cisjordanie (territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967) ou dans la bande de Gaza, aujourd’hui dévastée par la guerre qu’y mène l’Etat hébreu en représailles à l’attaque sanglante lancée le 7 octobre par le groupe terroriste islamiste palestinien Hamas sur le sud du territoire israélien.
« La création d’un État palestinien au cœur de la terre d’Israël constituera un danger existentiel pour l’État d’Israël et ses citoyens, va perpétuer le conflit israélo-palestinien et déstabiliser la région », ajoute le texte.
La France estime au contraire qu’il y a « urgence de mettre en œuvre la solution de deux États vivant côte à côte en paix et en sécurité ».
« Cette solution implique la création d’un État palestinien, souverain, viable et contigu, ainsi qu’un engagement volontaire et courageux des responsables politiques israéliens et palestiniens en faveur de la paix », a ajouté le porte-parole du Quai d’Orsay.
Le Quai d’Orsay a également condamné la visite du ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, sur le Mont du Temple à Jérusalem ce matin, la qualifiant de « violation du statu quo sur l’esplanade des mosquées ».
« Ces actions irresponsables risquent de déstabiliser encore davantage la région », a estimé la diplomatie française.
« La France rappelle la nécessité de préserver le statu quo historique sur les Lieux saints à Jérusalem et souligne l’importance du rôle spécifique de la Jordanie à cet égard », indique le communiqué.
Le statu quo à Jérusalem concerne neuf sites religieux partagés à Jérusalem, dont le mur Occidental, mais ne couvre pas le mont du Temple lui-même. Cependant, des accords informels entre Israël et le Waqf jordanien ont dicté la manière dont le site est géré depuis qu’Israël en a pris le contrôle en 1967.
Le vague statu quo qui régit l’enceinte permet aux musulmans de prier et d’entrer sans trop de restrictions, tandis que les non-musulmans, y compris les Juifs, ne peuvent visiter le site que pendant des plages horaires limitées, en passant par une porte unique, les Juifs visiblement religieux n’étant autorisés à emprunter qu’un itinéraire prédéterminé, accompagnés de près par la police. Si les Juifs ne sont pas officiellement autorisés à prier, la police tolère de plus en plus souvent des prières limitées.