Plan Trump : La Jordanie rejette toute « nouvelle réalité » sur le mont du Temple
La déclaration du ministère des Affaires islamiques à Amman ne mentionne pas le plan américain qui prévoit de permettre aux membres de toutes les confessions de prier sur le site
Le Waqf et le ministère des Affaires islamiques jordanien ont mis en garde mercredi contre une « nouvelle réalité » appliquée au mont du Temple, un site vénéré par les Juifs et les musulmans.
Le ministère a déclaré qu’il avait rendu publique cette déclaration au vu de l’entrée des autorités israéliennes dans les parties centrales du mont du Temple et des mesures prises pour mettre fin à ses activités sur le site. Mais elle a notamment été publiée moins d’un jour après que l’administration américaine a dévoilé son plan pour résoudre le conflit israélo-palestinien.
Le Waqf et le ministère des Affaires islamiques mettent en garde contre l’imposition d’une « nouvelle réalité » à la mosquée bénie d’Al-Aqsa », a déclaré le ministère, qui gère en grande partie l’administration du mont du Temple – connu par les musulmans sous le nom de Haram al-Sharif – dans une déclaration publiée sur sa page Facebook, en référence au nom arabe du site.
« Les non-musulmans n’ont aucun droit dans la mosquée Al-Aqsa », y est-il précisé.
Le plan américain prévoit le maintien du statu quo sur le mont du Temple, mais il semble également se contredire en affirmant dans le même temps : « Les personnes de toute confession devraient être autorisées à prier sur le mont du Temple/Haram al-Sharif, d’une manière qui soit pleinement respectueuse de leur religion, en tenant compte des horaires des prières et des fêtes de chaque religion, ainsi que d’autres facteurs religieux. »
« Nous avons été très clairs dans les commentaires tout au long de la journée d’hier, à savoir que le statu quo est préservé et que le rôle spécial de la Jordanie par rapport au Haram al-Sharif est réaffirmé », a déclaré un fonctionnaire de la Maison Blanche, qui s’est exprimé sous condition d’anonymat, dans un courriel mercredi.
Lors d’une rencontre avec le ministre jordanien des Affaires étrangères Ayman Safadi, à Amman, le chef de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, a lui déclaré : « En Jordanie et dans l’Union européenne, nous sommes bien conscients que le conflit israélo-palestinien est l’un des conflits les plus longs, les plus douloureux et les plus complexes de notre histoire. L’expérience de ces 50 dernières années a montré que sans accord de toutes les parties, aucun plan de paix n’a la chance d’aboutir. »
« Pour trouver une issue durable, les deux parties doivent revenir à la table des négociations. Le plan américain revient sur beaucoup des paramètres déjà acceptés internationalement : la frontière de 1967, acceptée par les deux parties, avec un Etat d’Israël et un Etat palestinien viable et indépendant, vivant côte-à-côte en paix, en sécurité et en reconnaissance mutuelle. »
« La Jordanie joue un rôle très spécial dans les efforts pour résoudre le conflit, en particulier en ce qui concerne Jérusalem et la garde des lieux saints. Nous partageons l’engagement pour une solution à deux Etats et le respect du droit international », a ajouté Borrell.
Le statu quo, des accords de longue date entre Israël et les autorités musulmanes, permet aux Juifs de visiter le mont du Temple – sous réserve d’importantes restrictions de sécurité à des moments précis de la semaine – mais leur interdit d’y prier.
Cependant, les sionistes religieux israéliens ont récemment multiplié les tentatives de prier au mont du Temple et ont intensifié leurs visites sur le site.
Les Palestiniens et les autorités jordaniennes considèrent ces visites au mont du Temple comme des provocations et ont exprimé leur inquiétude quant à l’intention d’Israël de s’emparer du site ou de le partager. Le gouvernement israélien, quant à lui, a déclaré à plusieurs reprises qu’il n’avait aucune intention de modifier les aménagements.
Le ministère a ajouté que « selon les instructions de Sa Majesté le Roi Abdallah II, [il] continue à défendre la sainte mosquée Al-Aqsa ».
La Jordanie est connue pour être la gardienne du site, un rôle qui a été consacré par l’accord de paix israélo-jordanien historique de 1994.
Abdallah a récemment décrit les liens jordano-israéliens comme étant « au plus bas ».