Plus de 50 rabbins de New York demandent au maire et à la gouverneure de refuser les expulsions
Une lettre a été adressée à Eric Adams et Kathy Hochul au moment où le maire de NYC a vu les accusations de corruption contre lui levées par Trump pour l'aider à mettre en œuvre son programme

Une cinquantaine de rabbins et chantres, dont des dirigeants des synagogues les plus fréquentées de New York, ont signé mardi une lettre ouverte pour demander au maire Eric Adams et à la gouverneure de New York, Kathy Hochul, de protéger les immigrants des expulsions massives prévues par l’administration Trump.
Cette lettre, dernier avatar en date des déclarations de dirigeants juifs opposés à la décision du président américain Donald Trump, arrive à un moment sans précédent dans la politique de la ville et même de l’État de New York.
L’administration Trump a décidé d’abandonner les accusations de corruption contre Adams afin qu’il puisse aider l’administration Trump à réprimer les immigrants sans papiers. Cet accord a provoqué une série de démissions au plus haut niveau de l’administration municipale et au-delà, ainsi qu’à des appels pressants à la démission d’Adams – auxquels l’intéressé n’a pas donné suite.
De surcroît, les relations entre Hochul et Adams sont loins d’être sereines. La veille de la publication de la lettre des rabbins, Hochul a déclaré qu’elle s’entretiendrait avec d’ « importants dirigeants » pour évoquer la destitution d’Adams, ce qu’aucun gouverneur n’a jamais fait dans toute l’histoire de l’État de New York.
Cette lettre demande en substance à Adams et Hochul « d’être les chefs dont nous avons désespérément besoin en ce moment, et de faire votre possible pour vous opposer au terrifiant programme anti-immigrés de Trump ». La polémique autour de la situation d’Adams n’est à aucun moment évoquée.
La lettre demande au maire et à la gouverneure de « limiter » les descentes des services de l’immigration dans les écoles et lieux de culte, qui sont depuis peu autorisés à le faire en vertu des nouvelles directives fédérales. Elle leur demande par ailleurs de ne pas communiquer d’informations aux service de l’Immigration ou de la Douane et de ne pas utiliser les prisons pour détenir les immigrants. Elle rappelle enfin le passé immigré des Juifs américains, en particulier à New York, et les persécutions antisémites qu’ils ont endurées.
« D’expérience, dans notre chair comme dans notre histoire récente, nous savons les ravages qu’un gouvernement xénophobe sans contrôle peut faire contre des « étrangers », pour en faire des boucs émissaires, prendre le pouvoir et s’attaquer à une population en proie à des difficultés économiques, le tout pour s’attirer des soutiens et mettre en œuvre un programme violent et destructeur », peut-on lire dans la lettre. « Nous ne resterons pas sans rien faire pendant que l’histoire se répète. Vous, nos dirigeants étatiques et locaux, n’en avez pas non plus le droit. »

Cette lettre est l’une parmi tant d’autres, signées par des dirigeants ou des organisations juives opposées aux politiques de Trump ou des Républicains à propos des athlètes transgenres, des déportations massives, de Gaza et de la diversité, de l’équité et de l’inclusion ou plus globalement des thèmes de diversité, équité et inclusion. Des organisations juives ont apporté leur voix à des plaintes judiciaires pour remettre en cause les décisions de Trump en matière d’immigration.
Les signataires de cette lettre sont issus des mouvements réformés, conservateurs et reconstructionnistes et comptent dans leurs rangs des dirigeants de grandes synagogues comme l’Emanu-El Temple, Bnai Jeshurun, Ansche Chesed, la Congrégation Beth Elohim, le Centre juif de Forest Hills, la Congrégation Beit Simchat Torah, la Société pour l’avancement du judaïsme et tant d’autres.
Tous les rabbins signataires n’ont pas mentionné le nom de leur synagogue.
La lettre est le fruit du travail d’un consortium d’organisations juives progressistes de la ville comme Bend the Arc, le groupe d’aide aux réfugiés juifs HIAS, Jews For Racial & Economic Justice, New York Jewish Agenda, le groupe de défense en matière d’immigration Never Again Action, le groupe rabbinique libéral de défense des droits de l’homme Truah et The Workers Circle.