Plusieurs villes belges débaptisent leurs rues au nom d’un collaborateur nazi
Prêtre et poète, Cyriel Verschaeve est aussi une figure de l'extrême-droite flamande ; les villes de Puers-Saint-Amand, Courtrai et Lanaken ont débaptisé les rues à son nom
Prêtre et poète originaire de Flandre occidentale, Cyriel Verschaeve est aussi une figure de l’extrême-droite flamande. Durant la Seconde Guerre mondiale, l’homme a soutenu l’Allemagne nazie et a recruté des Belges pour combattre dans les rangs SS. Déchu de sa nationalité belge pour collaboration à l’issue de la guerre, il a également été condamné à mort – mais n’a jamais été exécuté, mourant d’une crise cardiaque en 1949, alors qu’il était exilé en Autriche.
Fin janvier, le conseil communal de Puers-Saint-Amand (25 000 habitants), qui abrite le village de Breendonk, seule localité belge à avoir hébergé un camp de concentration nazi, a voté afin de débaptiser une rue de la ville située à proximité de l’ancien camp qui portait le nom du collaborateur nazi – des discussions qui duraient depuis une dizaine d’années. 303 personnes sont mortes dans le camp de Breendonk, et 1 741 autres ont été déportées depuis Breendonk avant de trouver la mort. Un total de 3 600 personnes ont été emprisonnées dans le camp.
« En cette période de montée du radicalisme et de l’extrémisme, c’est une bonne chose qu’un conseil communal, en particulier dans la région de Breendonk, ne fasse plus l’éloge d’une telle personne avec un nom de rue », a rapporté la mairie au journal VRT. « Cyriel Verschaeve a cru au régime nazi jusqu’au dernier jour et en a fait sa promotion. »
La proposition de changement de nom de rue avait été soumise par le parti écologiste Groen. Elle a été soutenue par le parti majoritaire CD&V (centre-droit) et rejetée par la N-VA (droite) et le Vlaams Belang (extrême-droite).
Les habitants de la rue s’étaient opposé au changement de nom, avait rapporté VRT. « Je comprends que cela soit embêtant pour les habitants. Mais leurs objections pratiques ne l’emportent plus sur les opinions de beaucoup d’autres », avait expliqué le bourgmestre Koen Van den Heuvel. « Il n’est plus possible d’honorer un collaborateur nazi quand on connaît une montée de l’extrémisme », avait-il ajouté.
« La collaboration a longtemps été plus valorisée en Flandres que dans le reste de l’Europe », explique à Ouest-France Olivier Luminet, professeur à l’Université de Louvain. « Elle était associée au nationalisme, au gain d’autonomie. »
Les conseils des villes de Courtrai et de Lanaken ont eux aussi débaptisé leurs rues Cyriel Verschaeve. Lanaken a rebaptisé sa rue Verschaeve au nom d’Anne Frank. Courtrai a également débaptisé sa rue Leopold II, du nom du roi qui avait colonisé le Congo.
Plusieurs rues Verschaeve existent toujours en Belgique. La ville de Kapelle-op-den-Bos songe à son tour à débaptiser la sienne.