Police : L’usage de la force lors des funérailles d’Abu Akleh était évitable
L'enquête interne sur les événements qui se sont déroulés lors des funérailles de la journaliste Shireen Abu Akleh devrait conduire à la "démérite" d'un officier
Une enquête interne de la police sur les événements entourant les funérailles de la journaliste d’Al Jazeera Shireen Abu Akleh a révélé que l’usage de la force par les officiers contre les participants au cortège aurait pu être évité, selon un reportage télévisé diffusé jeudi.
L’enquête porte principalement sur des incidents au cours desquels des policiers se sont précipités sur les porteurs du cercueil, les ont frappés et ont tiré des grenades paralysantes devant un hôpital de Jérusalem-Est pendant le cortège funèbre du 13 mai, entrainant quasiment la chute du cercueil de Shireen Abu Akleh.
La police a fait l’objet d’un examen approfondi et de critiques mondiales concernant le comportement violent des agents lors des funérailles, au cours desquelles des agents ont pénétré dans l’hôpital Saint-Joseph, armes au poing. Le commissaire de police Kobi Shabtai a lancé une enquête interne dès le lendemain.
Selon la Treizième chaîne, les conclusions provisoires de l’enquête ont révélé que l’usage de la force – dont des grenades assourdissantes – aurait pu être évité. Un commandant présent sur les lieux aura un blâme ajouté à son dossier personnel pour cet incident.
Le rapport indique que l’enquête a également révélé que la police avait reçu des renseignements : des milliers de manifestants pouvaient potentiellement tenter d’atteindre la rue Haim Bar-Lev à Jérusalem, dans le but de troubler l’ordre public et d’essayer de blesser des passants juifs.
La police a déclaré qu’il était donc nécessaire d’empêcher la foule d’atteindre la rue, raison pour laquelle le cercueil a été transporté par un corbillard jusqu’à la porte de Jaffa, dans la Vieille Ville de Jérusalem.
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Abu Akleh, une Américaine d’origine palestinienne et journaliste chevronnée depuis 25 ans de la chaîne satellitaire Al Jazeera, a été tuée le 11 mai lors d’affrontements entre les troupes israéliennes et des hommes armés palestiniens alors qu’elle couvrait un raid militaire israélien dans le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie. Les Palestiniens ont accusé les troupes israéliennes de l’avoir délibérément prise pour cible, tandis qu’Israël a déclaré qu’il n’existait pas encore de preuves concluantes permettant de déterminer si elle avait été abattue par des soldats de Tsahal ou par des tireurs palestiniens.
Des vidéos ont documenté les violences policières contre les porteurs du cercueil et d’autres personnes à l’extérieur de l’hôpital, et ont montré des dizaines de policiers israéliens entrant précipitamment dans un hôpital, frappant et bousculant des personnes qui se trouvent à l’intérieur, notamment des patients.
Certains de ces clips vidéo – dont des images de sécurité de l’intérieur de l’hôpital Saint-Joseph – ont été présentés par des dirigeants chrétiens locaux lors d’une conférence de presse au cours de laquelle ils ont critiqué la conduite de la police pendant les funérailles d’Abu Akleh.
Le service d’urgence du Croissant-Rouge palestinien a indiqué que ses médecins avaient soigné 33 Palestiniens blessés lors des funérailles, dont six qui ont été hospitalisés.
Selon les premiers comptes rendus de l’événement, la police avait prévu que le cortège funéraire commence à la porte de Jaffa, mais un groupe de Palestiniens à l’hôpital a saisi le cercueil d’Abu Akleh pour tenter d’entamer une marche impromptue.
Après une brève impasse, les policiers se sont rués sur la foule, frappant les personnes en deuil et tirant des grenades paralysantes dans la foule.
Lors de déclarations officielles, la police a ensuite déclaré qu’il avait fallu neutraliser « 300 émeutiers » qui s’étaient violemment saisis du cercueil contre la volonté de la famille, et avait l’intention de marcher avec de l’hôpital à la porte de Jaffa, en violation de l’accord que la police avait conclu avec la famille. Anton Abu Akleh, le frère aîné de Shireen, a déclaré ne jamais avoir consenti aux conditions établies par la police. La famille et les personnes en deuil avaient espéré organiser une « procession sans heurts » mais ils ont été « bombardés » par les policiers à la sortie de l’hôpital, a-t-il expliqué.
Le corps d’Abu Akleh a finalement été conduit en camionnette de l’hôpital, escorté par la police, jusqu’à l’église grecque melkite près de la porte de Jaffa, et de là, en procession à pied pour être enterré dans un cimetière du mont Sion. Les officiers ont arraché les drapeaux palestiniens de la camionnette avant de l’escorter jusqu’à l’église.
« Si vous n’arrêtez pas ces chants nationalistes, nous devrons vous disperser en utilisant la force et nous empêcherons les funérailles d’avoir lieu », a déclaré dans une mégaphone un policier israélien en direction de la foule, selon une vidéo diffusée par la police.