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Les obsèques de Shireen Abu Akleh entraînent l’indignation – et une enquête interne

Les violences survenues lors des funérailles ont suscité un tollé international ; Omer Barlev aurait poussé le chef de la police à enquêter sur les brutalités policières

Shireen Abu Akleh, 51 ans, ex-journaliste d’Al Jazeera, tuée par balle lors d’un raid israélien, à Jénine, le 11 mai 2022. (Crédit : Autorisation)
Shireen Abu Akleh, 51 ans, ex-journaliste d’Al Jazeera, tuée par balle lors d’un raid israélien, à Jénine, le 11 mai 2022. (Crédit : Autorisation)

Certains responsables de la police israélienne ont critiqué les forces de l’ordre pour leur intervention brutale, vendredi, lors des obsèques de Shireen Abu Akleh. Des funérailles qui ont été marquées par les coups donnés par les policiers à l’assistance qui était venue nombreuse pour rendre un dernier hommage à la journaliste vedette d’Al-Jazeera et par l’usage de grenades incapacitantes à l’encontre des personnes qui s’étaient réunies aux abords de l’hôpital où se trouvait la dépouille de la défunte. D’autres responsables de la police ont, de leur côté, accusé le ministre de la Sécurité intérieure, Omer Barlev, de ne pas avoir soutenu les policiers et d’avoir poussé le chef de la police israélienne, Yaakov Shabtai, à lancer une enquête.

Plus de dix mille Palestiniens étaient venus rendre un dernier hommage à Abu Akleh – tuée pendant des affrontements entre troupes israéliennes et Palestiniens armés à Jénine, dans la matinée de mercredi – au cours de funérailles qui ont été longues, marquées par de fortes tensions, avec un cortège qui a traversé la ville depuis le quartier de Sheikh Jarrah jusqu’au cimetière du mont Sion.

Abu Akleh, 51 ans, avait été tuée par balle, mercredi matin, alors qu’elle couvrait des affrontements entre les soldats israéliens et des Palestiniens armés au cours d’une opération militaire survenue à Jénine, en Cisjordanie.

Des scènes montrant la police israélienne en train d’utiliser la force contre les Palestiniens qui portaient le cercueil de la journaliste, aux abords de l’hôpital de Jérusalem où se trouvait son corps, manquant de le faire tomber, avaient été largement condamnées vendredi. L’incident a été qualifié de « profondément perturbant » par la Maison Blanche et l’Union européenne avait fait état de sa « consternation ».

La police a ultérieurement fait savoir dans un communiqué qu’elle était intervenue parce que des émeutiers s’étaient saisis du cercueil d’Abu Akleh à l’hôpital, contre la volonté de sa famille – ce qui avait empêché le corps d’être chargé à bord d’un corbillard, comme cela avait été prévu pour la première partie de la cérémonie. Mais le frère de la journaliste a ultérieurement déclaré que la famille et les personnes présentes pour les obsèques avaient espéré pouvoir mettre en place « un petit cortège » mais qu’ils avaient été « pilonnés » par les agents à la sortie de l’hôpital.

Suite aux violences et aux condamnations d’Israël à l’international, Shabtai a ordonné l’ouverture d’une enquête interne sur l’incident.

« La police du district de Jérusalem aurait dû réaliser que cet événement devait pouvoir se dérouler dans les meilleurs conditions possibles en termes d’apaisement, en particulier au vu de ses ramifications et de ses conséquences à l’international », aurait déclaré une source qui a été citée samedi soir par la Douzième chaîne.

« Même si des drapeaux palestiniens ont été brandis, même si des slogans anti-israéliens ont été entendus, même si des pierres ont été jetées, les commandants des forces qui se trouvaient sur place auraient dû réfléchir à deux fois avant d’ordonner aux agents de s’en prendre à ceux qui transportaient le cercueil à coups de matraque », a ajouté la source.

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Mais d’autres responsables de la police qui ont été cités par les médias israéliens ont affirmé, samedi, que l’enquête avait été décidée suite aux pressions politiques exercées par Barlev.

« S’il ne s’agissait que de la police, jamais cette enquête n’aurait été ouverte », ont-ils dit au site d’information Ynet, accusant le ministre de ne pas soutenir les forces de l’ordre.

Des violences éclatent lors du transport du cercueil de la journaliste d’Al Jazeera Shireen Abu Akleh, à Jérusalem, le 13 mai 2022. (Crédit : Ahmad GHARABLI / AFP )

Selon un reportage diffusé par la Treizième chaîne, il y a « beaucoup de colère » contre Barlev parmi les forces de police et certains officiels ont insisté sur le fait que ce dernier avait « forcé » Shabtai à lancer des investigations.

De hauts responsables de la police ont précisé que des initiatives avaient été prises pour permettre à ces obsèques de se dérouler de manière pacifique et respectueuse, et que la logistique de l’enterrement avait même été coordonnée avec la famille de la défunte.

Ainsi, dans un communiqué diffusé samedi, la police a fait savoir que des funérailles « calmes et dignes » avaient été programmées pour la journaliste mais que « des centaines d’émeutiers ont tenté de saboter la cérémonie et de porter préjudice aux forces de l’ordre », avançant le chiffre de 300 fauteurs de troubles.

Des drapeaux palestiniens brandis par la foule lors des obsèques de la journaliste Shireen Abu Akleh, aux abords de la Vieille Ville, le 13 mai 2022. (Crédit : Ronaldo Schemidt/AFP)

Le communiqué, écrit en anglais, a estimé que les officiers ont été « exposés à des violences » et qu’ils ont utilisé la force « en conséquence ».

« Comme c’est le cas dans n’importe quel autre incident opérationnel de ce type – et en particulier dans un incident où les agents ont été exposés à des violences de la part d’émeutiers et où ils se sont trouvés dans l’obligation de recourir à la force – la police israélienne va ouvrir une enquête », ont-ils ajouté.

Ils ont fait savoir que les résultats des investigations seraient présentés dans les prochains jours.

Les responsables ont également promis de ne pas laisser les policiers « devenir des boucs-émissaires dans cette situation sécuritaire particulière, l’une des plus complexes à avoir été prise en charge au cours de ces dernières années ».

« Ce sont des femmes et des hommes qui sacrifient jusqu’à leur propre sécurité pour protéger les citoyens israéliens du terrorisme », ont-ils continué.

Samedi également, la chaîne publique Kan a noté que même s’il avait ordonné l’ouverture d’une enquête, Shabtai avait précisé qu’aucune mesure disciplinaire ne viendrait sanctionner les officiers impliqués.

Une vidéo diffusée par la police israélienne montre au moins un Palestinien lancer un objet sur les agents avant que la dispersion de la foule ne commence. Viennent ensuite des images de Palestiniens en train de jeter des objets sur les policiers alors que ces derniers sont entrés dans l’assistance pour tenter de l’éparpiller.

« Ils nous ont violemment attaqués parce que nous portions le drapeau palestinien et que nous voulions transporter le cercueil jusqu’à la Vieille Ville sur nos épaules », a commenté un témoin palestinien qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat.

Toutefois, certaines informations qui ont été diffusées en direct lors des funérailles soutiennent la version israélienne des événements, même si des questions persistent sur le manque de retenue de la police. De surcroît, le frère d’Abu Akleh avait également annoncé, cette semaine, qu’il était prévu d’amener le cercueil de la journaliste dans un corbillard jusqu’à l’église et qu’après le service, le corps de sa sœur serait transporté à travers les rues vers le cimetière.

Mais, dans un entretien qui a été accordé vendredi à la BBC, Tony, le frère d’Abu Akleh, a semblé revenir sur ces propos, affirmant que la famille et l’assistance avaient espéré mettre en place « un petit cortège » avant d’être « pilonnés » par les agents à la sortie de l’hôpital.

« Il est vraiment très triste d’assister à une scène pareille lors d’une cérémonie de funérailles. Nous, on espérait qu’il y aurait un petit cortège qui partirait de l’hôpital jusqu’à l’église, et de l’église jusqu’au cimetière », a-t-il commenté. « Mais malheureusement, à la minute où nous sommes sortis de l’hôpital, nous avons été pilonnés par plusieurs agents de police – pour rien. On quittait l’hôpital pour partir à l’église. Nous avons été choqués de voir les agents présents commencer à frapper, à lancer des grenades incapacitantes, à utiliser des gaz lacrymogènes. Et tout ça, c’est inexplicable pour nous. Tout ça est arrivé sans aucune explication ».

Il a également raconté qu’avant les obsèques, les autorités israéliennes avaient demandé à la famille le nombre exact de personnes attendues lors des funérailles et leur identité.

« Elles avaient été clairement informées que nous étions dans l’incapacité de donner un nombre exact. Ces funérailles concernaient toute la population palestinienne, pas seulement la famille ou les amis de Shireen. Les Palestiniens voulaient rendre hommage à tout ce qu’elle avait fait pour la Palestine, à 25 ans de reportages sur la Palestine », a-t-il dit.

Barlev avait initialement annoncé que des investigations seraient lancées sur l’incident dans la matinée de samedi, disant qu’il était important de « tirer des conclusions » sur le comportement de la police pendant la cérémonie.

Un communiqué émis par la police a indiqué que « la police israélienne soutient ses agents mais en tant qu’organisation professionnelle toujours soucieuse de tirer des leçons et de s’améliorer, elle tirera aussi des leçons de cet incident ».

Le commissaire de police Kobi Shabtai, à gauche, et le ministre de la Sécurité intérieure Omer Barlev au siège national de la police israélienne à Jérusalem, le 1er mai 2022. (Crédit : Arie Leib Abrams/Flash90)

Les affrontements avaient éclaté à l’hôpital Saint Joseph après que des Palestiniens ont décidé de transporter le cercueil d’Abu Akleh à pied vers la Vieille Ville, brandissant plusieurs drapeaux palestiniens.

Les forces de l’ordre avaient déterminé, de leur côté, que le cortège funéraire partirait de la porte de Jaffa, à un peu plus de trois kilomètres de là.

Un groupe de Palestiniens, à l’hôpital, s’était emparé du cercueil pour tenter de quitter l’établissement à pied pour ce cortège improvisé et ils avaient frappé à coups de bâton le corbillard qui devait l’emmener vers la Vieille Ville, a raconté le Washington Post. La police israélienne a également indiqué que le conducteur du corbillard avait été menacé. Le frère d’Abu Akleh aurait tenté, à ce moment-là, de calmer la foule et de persuader les personnes présentes de ramener la dépouille de sa sœur vers le corbillard.

« Pour l’amour de Dieu, mettons-la dans la voiture », avait-il dit.

La police avait alors demandé à l’assistance de ramener le cercueil au corbillard « mais elle a refusé », a raconté la police. « Les policiers sont alors intervenus pour disperser la foule et pour l’empêcher d’emmener le cercueil de manière à ce que les funérailles puissent se dérouler comme cela avait été prévu et conformément à la volonté de la famille », a-t-elle expliqué.

Les personnes présentes s’était alors emparées du cercueil, saluées et applaudies avec enthousiasme par les Palestiniens qui se trouvaient sur la place de l’hôpital, et le cortège avait voulu commencer à avancer.

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Après un bref face à face, les policiers s’étaient précipités vers l’assistance, distribuant des coups de matraque et lançant des grenades assourdissantes. Le cercueil d’Abu Akleh était presque tombé au sol pendant ces échauffourées.

Le corps d’Abu Akleh était ensuite parti dans un fourgon, sous escorte policière, jusqu’à l’église grecque-melkite située aux abords de la porte de Jaffa.

Les policiers avaient déchiré les drapeaux palestiniens accrochés au fourgon avant de l’accompagner vers l’église.

La police a aussi diffusé une vidéo montrant un responsable des forces de l’ordre déclarer à la foule qu’il ne permettrait pas le départ du cortège si elle ne cessait pas d’entonner « des slogans nationalistes et d’incitations à la violence ».

Les tensions étaient restées fortes dans la Vieille Ville. Des milliers de personnes s’étaient réunies dans les petites ruelles et sur la place située aux abords de l’église. Des Palestiniens avaient brandi des drapeaux palestiniens et ils avaient jeté des objets en direction de la police, tandis que d’autres avaient crié des slogans appelant à « laisser tomber le rameau d’olivier et à saisir le fusil », une référence à un discours resté célèbre qui avait été prononcé par feu le leader palestinien Yasser Arafat.

Et plus tard, quand le cercueil d’Abu Akleh est sorti de l’église, c’est une foule massive et compacte qui l’a accompagné au cimetière du mont Sion, où la journaliste a été inhumée. Des milliers de personnes se sont jointes au cortège, traversant des barrages routiers établis par la police, marchant sous le regard des agents. Des pétales de fleur jetées par terre, dans les rues, précédaient soigneusement l’arrivée du cercueil.

La cérémonie au cimetière a eu lieu sous la surveillance d’un hélicoptère des forces de l’ordre, le bruit de ses rotors perturbant celui, solennel, du tintement funèbre et sonore des cloches en hommage à la journaliste.

Sous le soleil de la fin de l’après-midi, certains Palestiniens ont choisi d’entonner des slogans. La majorité a néanmoins gardé le silence, un silence percé par quelques sanglots et par des murmures exprimant le choc, le regret ou la tristesse de l’adieu.

Les proches de Shireen Abu Akleh pendant ses funérailles au cimetière du mont Sion, aux abords de la Vieille Ville de Jérusalem, le 13 mai 2022. (Crédit : HAZEM BADER/AFP)

« J’étais dans un déni total. J’étais collé à mon WhatsApp quand l’information a été révélée pour tenter de comprendre ce qui s’était passé. C’est une tragédie humaine. C’est incompréhensible », commente, encore atterré, Walid Nammour, un ami de la famille.

Quand le cercueil d’Abu Akleh a été descendu dans la fosse, la foule a longuement applaudi – rendant hommage à la vie de la défunte.

« C’était une icône palestinienne. Elle a raconté notre histoire au monde entier. Elle nous a offert tout ce qu’elle avait à offrir », s’est exclamé Arif Hammad, un résident du quartier Sheikh Jarrah de Jérusalem-Est, auprès du Times of Israel.

Au sein de l’État juif, le ministre de la Coopération régionale Issawi Frej, issu du parti du Meretz de gauche, a accusé la police « d’avoir profané la mémoire de la défunte et ses funérailles ».

« Ce sont les violences policières, le zèle à vouloir faire disparaître tous les drapeaux palestiniens, contrairement aux directives données par le ministère de la Sécurité intérieure, qui ont entraîné une flambée non-nécessaire de violences », a-t-il affirmé.

« La police a montré zéro respect à l’égard des personnes présentes », a-t-il déploré.

Des Palestiniens encerclent la dépouille de la journaliste palestinienne d’Al Jazeera, Shireen Abu Akleh, conduite au siège de la chaîne d’information à Ramallah, en Cisjordanie, le 11 mai 2022. (Crédit : Abbas Momani/Pool via AP)

Si le décès d’Abu Akleh avait profondément ému les Palestiniens, il avait aussi entraîné de fortes réactions à la Maison Blanche qui avait appelé à une enquête « immédiate et minutieuse » sur la mort de la journaliste qui était aussi ressortissante américaine. Née à Jérusalem, elle avait passé une partie de son enfance aux États-Unis.

En réponse aux images des funérailles qui ont circulé, la porte-parole de la Maison Blanche auprès des médias, Jen Psaki, a estimé qu’elles étaient « profondément perturbantes ».

Alors qu’il lui était demandé si elle condamnait les forces israéliennes, elle a répondu : « Je pense que lorsque nous disons que les images sont perturbantes, c’est que nous ne les justifions manifestement pas ».

Les responsables de l’administration Biden ont également fait part en privé à leurs homologues israéliens de leur mécontentement face à la conduite de la police pendant les obsèques, a confié un officiel israélien au Times of Israel.

Le président Joe Biden a appelé à ouvrir une enquête sur les incidents de violence de vendredi.

Lors d’une conférence de presse organisée après un discours prononcé sur le Plan de secours américain, un journaliste lui a demandé s’il condamnait les forces de police israéliennes pour leur intervention lors des funérailles d’Abu Akleh.

« Je n’ai pas connaissance de tous les détails, mais ce que je sais, c’est qu’il faut ouvrir une enquête. Je n’ai pas connaissance de tous les détails », a-t-il répété.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a, pour sa part, déclaré que « nous avons été profondément troublés par les images de l’intrusion de la police dans le cortège funéraire. Toutes les familles ont le droit de pouvoir inhumer leurs proches de manière digne, sans entrave ».

L’ambassadrice américaine aux Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, a elle aussi condamné l’incident.

« Je suis profondément meurtrie par les images du cortège funéraire de Shireen Abu Akleh. La tragédie de sa mort devrait faire l’objet du plus grand respect possible, de la plus grande sobriété et du plus grand soin ».

La conduite de la police a également été dénoncée par les députés américains.

« C’est ignoble à regarder », s’est emporté le sénateur démocrate Chris Murphy. « Je suis aujourd’hui en déplacement dans le Connecticut mais mon équipe œuvre actuellement à obtenir des réponses sur ce qui s’est passé ».

« Je suis d’accord », a renchéri le sénateur démocrate Chris Van Hollen. « Cela ne fait qu’ajouter un nouveau traumatisme à ce qui était déjà une tragédie humaine. Les responsabilités doivent être immédiatement établies pour ces agressions contre des personnes qui ne faisaient que pleurer la mort de la journaliste américaine Shireen Abu Akleh. Et son meurtrier devra impérativement être traduit en justice ».

Les violences entre policiers et Palestiniens pendant la procession funéraire de la journaliste Shireen Abu Akleh à Jérusalem, le 13 mai 2022. (Crédit : AHMAD GHARABLI/AFP)

« Cela fait mal au cœur. Du racisme violent, permis par 3,8 milliards de dollars de fonds militaires américains qui sont versés de manière inconditionnelle. Pour le gouvernement d’apartheid israélien, la vie de Shireen n’avait aucune valeur – et sa déshumanisation a continué après sa mort », a écrit sur Twitter la représente démocrate Rashida Tlaib, qui a appelé le département d’État à émettre une condamnation.

Des critiques de la police israélienne ont aussi été exprimées par les sénateurs démocrates Bernie Sanders et Elizabeth Warren ainsi que par les représentants démocrates Ilhan Omar, Sara Jacobs et Andy Levin.

De son côté, l’Union européenne a fait part de sa « consternation ».

« L’Union européenne condamne l’usage disproportionné de la force et le comportement irrespectueux de la police israélienne à l’égard de ceux qui prenaient part à ce cortège funéraire », a fait savoir un communiqué de l’UE.

« Permettre un adieu apaisé et laisser des personnes faire leur deuil sans être harcelées et sans être humiliées est le forme minimale de respect qui est due aux êtres humains », a ajouté le communiqué.

Pour sa part, le consul-général français a estimé que « les violences policières » survenues à l’hôpital étaient « profondément choquantes ».

De son côté, le secrétaire-général Antonio Guterres s’est dit « profondément choqué par les affrontements entre les forces de sécurité israéliennes et les Palestiniens qui étaient rassemblés à l’hôpital St. Joseph » et « par le comportement de certains policiers présents sur les lieux », a expliqué un porte-parole.

L’envoyé spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Tor Wennesland, a écrit sur Twitter que « de telles actions n’ont pas leur place à des obsèques ».

Le Conseil de sécurité de l’ONU a « condamné », vendredi soir, la mort d’Abu Akleh, sans évoquer les funérailles, et il a réclamé « des investigations immédiates, minutieuses, transparentes, justes et impartiales » sur la mort de la journaliste.

Au Qatar, où se trouve le siège d’Al-Jazeera dont Abu Akleh était la correspondante, le ministère des Affaires étrangères a noté que « les forces d’occupation ne se sont pas contentées de tuer Shireen… Elles ont également terrorisé ceux qui l’accompagnaient jusqu’à sa dernière demeure ».

Les violences entre policiers et Palestiniens pendant la procession funéraire de la journaliste Shireen Abu Akleh à Jérusalem, le 13 mai 2022. (Crédit : AP Photo/Maya Levin)

Al Jazeera a annoncé dans un communiqué que les actions de la police « contreviennent à toutes les normes et à tous les droits internationaux ».

« Les forces de l’occupation israélienne ont attaqué le cortège qui pleurait Shireen Abu Akhleh après avoir pris d’assaut l’hôpital français de Jérusalem où elles ont agressé sans retenue ceux qui portaient le cercueil », a ajouté la chaîne, qui a juré qu’elle était déterminée à continuer à couvrir les événements et qu’elle ne se laisserait pas dissuader.

Un cortège de funérailles improvisé avait déjà eu lieu en mémoire d’Abu Akleh à Jénine, mercredi, et une commémoration d’État avait été organisée à Ramallah le jour suivant, sous la direction du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Suite aux obsèques, la police israélienne a fait savoir que six personnes avaient été placées en détention après des émeutes « qui ont compris des jets de pierre ».

Des manifestants tiennent des bougies et une photo de la journaliste d’Al Jazeera Shireen Abu Akleh, tuée alors qu’elle couvrait des affrontements entre soldats de Tsahal et tireurs palestiniens lors d’un raid de Tsahal à Jénine, à Haïfa, le 11 mai 2022. (Crédit : AP Photo/Ariel Schalit)

Abu Akleh était l’une des journalistes palestiniennes les plus aimées des médias arabes. Correspondante de longue date de la chaîne panarabe Al Jazeera, elle était considérée par un grand nombre comme un modèle et une pionnière dans un milieu largement dominé par les hommes.

Sa mort a bouleversé le public palestinien, en état de choc et de deuil collectif au cours des deux jours qui ont précédé ses obsèques. Visage familier des foyers palestiniens depuis la Seconde Intifada, Abu Akleh était connue pour sa couverture des événements sur le terrain.

Le cortège qui a accompagné le cercueil de la journaliste d’Al-Jazeera Shireen Abu Akleh depuis la Vieille Ville de Jérusalem jusqu’au cimetière du mont Sion lors de ses obsèques, le 13 mai 2022. (Crédit : AP Photo/Ariel Schalit)

« Elle était des nôtres. Elle touchait tout le monde. Quand elle est morte, je n’ai pas pu aller travailler, je suis resté chez moi. A chaque fois que j’entends son nom depuis, je me mets à pleurer », a expliqué Amer, un résident de Jérusalem-Est qui s’est refusé à donner son nom de famille.

« On avait appris à la connaître pendant la Seconde Intifada, l’Intifada d’Al-Aqsa, pendant ces journées difficiles. Elle entrait dans tous les foyers palestiniens », a-t-il ajouté.

Abu Akleh était partie pour Jénine dans la matinée de mercredi pour y couvrir des affrontements opposant des soldats israéliens et hommes armés palestiniens. Elle avait reçu une balle dans la tête alors qu’elle portant sa veste estampillée « Presse », les autorités israéliennes et palestiniennes livrant des récits différents sur l’origine du tir fatal.

Des témoins et des responsables palestiniens avaient indiqué que les militaires israéliens étaient à l’origine de la mort d’Abu Akleh. Dans un premier temps, les officiels israéliens avaient affirmé qu’un tireur palestinien l’avait probablement accidentellement touchée, reconnaissant ensuite qu’un tir de sniper israélien pouvait aussi avoir entraîné sa blessure mortelle.

Shireen Abu Akleh en reportage en Cisjordanie pour Al Jazeera dans un clip non daté (Crédit: capture d’écran Al Jazeera).

Samedi, l’Autorité palestinienne a expliqué que si les instances internationales pourraient « participer » dans l’enquête sur sa mort, Israël ne pourrait pas prendre part aux investigations.

Le président de l’AP, Mahmoud Abbas, a accusé Israël d’avoie « exécuté » Abu Akleh. Les responsables israéliens, de leur côté, affirment qu’il est trop tôt pour déterminer de manière certaine qui est à l’origine du tir qui lui a été fatal.

Dans un rapport préliminaire, vendredi, l’armée israélienne a indiqué ne pas avoir été encore en mesure de déterminer l’auteur du tir mortel. Mais elle a précisé n’avoir fini par envisager que deux seuls scénarios – l’un impliquant un tir palestinien indiscriminé et l’autre, la possibilité d’un tir perdu de sniper israélien.

Dans une vidéo filmée par Al-Jazeera pour fêter le 25e anniversaire de la chaîne, Abu Akleh avait expliqué être devenue journaliste « pour être proche des gens ».

« Ce n’est pas facile de changer la réalité. Mais au moins, j’ai pu faire entendre leurs voix au monde », ajoutait Abu Akleh dans la séquence.

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