Pour Gallant, l’enrôlement des haredim « est une question de maths, pas de politique »
Le ministre de la Défense a réitéré son appel à mettre fin aux exemptions pour les ultra-orthodoxes et nie vouloir quitter le Likud
Le ministre de la Défense Yoav Gallant a répété dimanche son appel aux législateurs pour qu’ils élaborent une loi visant à mettre fin aux exemptions générales sur le projet militaire pour les membres de la communauté ultra-orthodoxe, au milieu des critiques émises au sein de la coalition.
« L’armée a besoin de main-d’œuvre en ce moment. Ce n’est pas une question de politique, c’est une question de mathématiques », a-t-il déclaré.
Les déclarations de Gallant font suite à ses déclarations de la semaine dernière, lorsqu’il affirmait qu’il ne soutiendrait un projet de loi sur la question que s’il était approuvé par les ministres centristes Benny Gantz et Gadi Eizenkot, ce qui réduit considérablement la probabilité que la coalition soit en mesure d’adopter un projet de loi favorable aux haredim sans s’allier à ceux qui s’opposent aux exemptions à grande échelle.
Dans son allocution télévisée depuis le siège du ministère de la Défense à Tel Aviv mercredi soir, Gallant a déclaré : « Nous chérissons et apprécions ceux qui consacrent leur vie à l’étude de la Torah. Cependant, sans existence physique, il n’y a pas d’existence spirituelle. Nos défis en matière de sécurité démontrent que tout le monde doit porter le fardeau [du service]. Toutes les composantes de la société. »
Il a souligné les tensions en termes d’effectifs qui pèsent sur Tsahal dans le cadre des combats en cours dans la bande de Gaza, déclenchés par les attaques du groupe terroriste palestinien du Hamas du 7 octobre, et à la frontière nord dans le cadre des affrontements avec le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, basé au Liban.
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, chef du parti d’extrême-droite Otzma Yehudit, s’est prononcé dimanche contre Gallant, l’accusant « d’essayer constamment de nous emmener aux urnes ».
« Le Premier ministre Netanyahu devrait recadrer Gallant et lui donner un ultimatum – ‘soit vous êtes avec nous, soit vous démissionnez’. Et il en va de même pour [le ministre du cabinet de guerre] Benny Gantz. Si nous n’avons pas 64 [sièges à la Knesset], nous en aurons 63. »
Il est probable que d’autres membres de la coalition de Netanyahu que Gallant soutiennent sa position, de multiples membres du Likud ayant déclaré ces derniers mois que les exemptions générales n’avaient plus de sens.
Les gouvernements Netanyahu successifs ont eu du mal à parvenir à un consensus sur la législation relative au service militaire des ultra-orthodoxes depuis une décision de la Haute Cour de 2017 qui avait déterminé que les exemptions générales de service militaire pour les haredim étudiant en yeshiva étaient discriminatoires et illégales.
Les tentatives d’élaboration d’une réglementation n’ont pas réussi à combler les fossés entre les députés traditionalistes qui cherchent à partager plus équitablement le fardeau du service militaire et les partis ultra-orthodoxes Shas et Yahadout HaTorah qui exigent le maintien des exemptions et dont les gouvernements de Netanyahu ont compté sur le soutien pour se maintenir au pouvoir.
Selon des articles parus dimanche dans les médias israéliens, Gallant, qui est entré en politique avec le parti Kulanu – aujourd’hui dissous – de l’ex-Likudnik Moshe Kahlon, qu’il avait quitté pour rejoindre le Likud en 2019, a également nié avoir l’intention de quitter le Likud.
« Je suis désolé de décevoir certaines personnes ici, mais ma place est au Likud et je resterai au Likud », aurait déclaré Gallant aux ministres lors d’une réunion du cabinet dimanche matin.
La question des exemptions pour les haredim est revenue au premier plan de l’agenda politique ces dernières semaines, après que Tsahal a annoncé son intention de prolonger le service obligatoire des recrues, de retarder le départ à la retraite de certains réservistes et d’augmenter le nombre de jours de service annuel, en prévision d’une intensification des combats à Gaza et d’une éventuelle guerre contre le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah.
La guerre à Gaza a éclaté le 7 octobre lorsque le Hamas a mené une attaque dévastatrice contre Israël qui a tué 1 200 personnes, pour la plupart des civils. Israël a réagi par une opération militaire visant à renverser le régime du groupe terroriste palestinien à Gaza, à détruire le groupe terroriste et à libérer 253 otages enlevés par les terroristes lors des massacres perpétrés par le Hamas.
Pour mener à bien cette opération, Tsahal a mobilisé un total de 287 000 réservistes, bien que nombre d’entre eux aient déjà été libérés de leurs obligations pour le moment. Il s’agit de l’appel de réservistes le plus important de l’histoire d’Israël.
Emanuel Fabian et Jeremy Sharon ont contribué à cet article.