En pleine guerre, Tsahal veut prolonger le service militaire et le devoir de réserve
Anticipant une longue guerre et des défis à relever, Tsahal propose des changements dans la loi qui feraient passer le service, pour les hommes, à trois ans et qui rallongerait celui des réservistes, qui prendront leur retraite plus tard
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
L’armée israélienne a dévoilé, dans la journée de mercredi, un plan qui reverrait à la hausse la durée du service militaire pour les conscrits et le devoir de réserve pour les réservistes alors qu’elle se prépare à une guerre longue dans la bande de Gaza – et qu’elle œuvre à renforcer ses troupes de manière à être en mesure de relever les défis qui se présenteront à l’avenir.
Les changements programmés dans la Loi sur les Services de sécurité et sur les Services dans la réserve, des changements qui devront être approuvés par les députés, feront notamment repasser le service militaire des jeunes hommes à trois ans, comme cela avait été le cas jusqu’en 2015.
Actuellement, le service militaire est de 32 mois pour les jeunes hommes et de deux ans pour les femmes.
Selon les changements envisagés, les soldates qui servent dans les unités de combat ou qui assument d’autres rôles particuliers serviront, elles aussi, pendant 36 mois.
L’armée cherche également à élever l’âge de la retraite dans le cadre du devoir de réserve.
Aujourd’hui, les soldats peuvent se retirer à 40 ans, les officiers à 45 ans et les troupes tenant des rôles particuliers – notamment à des postes tels que celui de chauffeur – à 49 ans.
Le plan précise que l’âge de la retraite, pour les soldats réservistes, passera à 45 ans. Il sera de 50 ans pour les officiers et de 52 ans pour les autres fonctions particulières.
La quantité horaire du temps annuel passé au sein de l’armée par les réservistes sera aussi revue à la hausse.
Selon le projet de l’armée, les soldats, qui sont actuellement tenus de passer 54 jours dans la réserve pour chaque période de trois ans, y passeront 42 jours par an ; les commandants qui ne sont pas officiers et qui, jusqu’à présent, passaient 70 jours par période de trois ans dans la réserve, y consacreront dorénavant 48 jours par an. Les officiers, qui passaient 84 jours dans la réserve par période de trois ans, serviront 55 jours par an.
Tsahal prévoit aussi d’augmenter le nombre consécutif de jours où les réservistes peuvent servir dans le cadre « d’activités opérationnelles ». Il passerait de 25 jours actuellement à 40 jours.
Dans le cadre de ces changements, l’armée veut aussi mieux indemniser les réservistes appartenant à des unités de combat ou qui occupent des rôles de premier plan sur le front.
L’armée n’a pas précisé combien tous ces changements pourraient coûter.
Dans le contexte de la guerre à Gaza, l’armée a mobilisé 287 000 réservistes au total, même si un grand nombre d’entre eux sont dorénavant rentrés chez eux. Cela a été le plus important rappel de réservistes de toute l’histoire d’Israël.
Un grand nombre de conscrits ont terminé leur service militaire obligatoire pendant la guerre et ils servent dorénavant en tant que réservistes.
Tsahal a affirmé que les changements programmés permettront aux militaires de mieux construire leurs forces face aux défis à relever et qu’ils seront ainsi en mesure de mener à bien leurs missions avec un nombre de réservistes beaucoup plus important.
En effet, ces réformes multiplieront par cinq le nombre de réservistes en service actif par rapport aux chiffres qui étaient enregistrés en 2003, selon les estimations qui ont été faites par l’armée.
L’armée estime que les combats à Gaza dureront probablement pendant toute l’année 2024 alors qu’Israël tente de détruire les capacités militaires et de gouvernance du Hamas. Les militaires se préparent aussi à la possibilité d’une escalade des combats sur la frontière avec le Liban, où le Hezbollah et les groupes terroristes palestiniens qui lui sont alliés ont mené quotidiennement des attaques à la roquette, au missile et au drone depuis le début de la guerre à Gaza.
La guerre a éclaté entre Israël et le Hamas lorsque le groupe terroriste a perpétré un massacre sur le sol israélien, le 7 octobre – les hommes armés avaient franchi la frontière séparant la bande d’Israël par voie terrestre, maritime et aérienne. Ils avaient tué environ 1 200 personnes, des civils en majorité – commettant des atrocités et notamment des violences sexuelles à grande échelle.
Jurant de détruire le groupe terroriste, Israël a lancé une offensive militaire majeure à Gaza qui, selon le ministère de la Santé placé sous l’autorité du Hamas, aurait fait plus de 27 000 morts. Des chiffres invérifiables, qui ne font pas la distinction entre civils et hommes armés et qui comprendraient aussi les Palestiniens ayant perdu la vie suite aux tirs de roquette errants des factions terroristes, qui ont manqué leur cible et qui sont retombées au sein de l’enclave. L’armée israélienne, pour sa part, dit avoir tué plus de 10 000 terroristes à Gaza en plus d’un millier d’hommes armés sur le sol israélien, le 7 octobre.