Pour l’Australie, la CPI est incompétente sur la Palestine; pas pour l’Allemagne
Le ministre Israel Katz remercie Canberra pour sa "position de principe" ; Berlin dit sa pleine confiance dans la procédure, mais met en garde La Haye contre une politisation
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

L’Australie dénonce les efforts déployés par la procureure en chef de la Cour pénale internationale (CPI) pour ouvrir une enquête sur le conflit israélo-palestinien, faisant valoir que la question doit être réglée par les deux parties à la table des négociations.
« L’Australie est préoccupée par la proposition de la procureure de la CPI d’examiner la situation dans les Territoires palestiniens, sous réserve d’une décision de la chambre préliminaire de la Cour sur l’étendue de la compétence territoriale de la Cour en la matière », a déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères de Canberra au site d’information juif australien, J-Wire.
« La position de l’Australie est claire – nous ne reconnaissons pas un soi-disant ‘État de Palestine’ et nous ne reconnaissons pas qu’il existe un tel État partie au Statut de Rome de la CPI », a poursuivi le porte-parole.
« Nous considérons que la question du territoire et des frontières ne peut être résolue que par des négociations directes entre Israël et les Palestiniens. C’est la seule façon d’assurer une paix durable et solide. »
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israel Katz, a félicité l’Australie pour cette déclaration et a appelé les autres gouvernements à suivre son exemple.
« Un grand merci au gouvernement australien pour avoir pris une position sans équivoque et de principe contre la décision de la procureur de la CPI », a-t-il écrit sur son compte Twitter. « J’exhorte les autres pays à adopter une position similaire et à ne pas laisser la Cour se transformer en une arme politique contre Israël ».
Mardi, l’Allemagne a également commenté la déclaration de la procureure de la CPI, réitérant le plein soutien de Berlin à la Cour, tout en mettant en garde contre une politisation de celle-ci.
« Nous avons confiance en l’indépendance de la Cour pénale internationale et nous sommes maintenant convaincus que la Cour résoudra les problèmes soulevés. Cela permettra également de régler les questions de recevabilité qui pourraient être douteuses », a déclaré la porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Maria Adebahr, lors d’une conférence de presse en réponse à la question d’un journaliste.
« En tant que gouvernement fédéral, nous ne pouvons pas commenter les détails précis des procédures en cours. Mais, comme je l’ai dit, nous sommes convaincus que tous les arguments auront leur place dans la suite des procédures. Bien entendu, nous sommes également résolus à faire en sorte que la Cour soit stricte sur la base du Statut de Rome », a-t-elle déclaré.
« Fondamentalement, il nous appartient de refuser que des affaires de toute sorte soient utilisées pour politiser la Cour. Nous faisons le pari que la recevabilité sera vérifiée et que la Cour le fera sur la base du Statut de Rome ».
L’Allemagne est généralement connue pour être un fervent défenseur de la Cour, c’est pourquoi les fonctionnaires de Jérusalem ont été positivement surpris par la déclaration d’Adebahr sur une possible politisation.

La procureur de la CPI, Fatou Bensouda, a annoncé vendredi qu’au terme de son examen préliminaire qui aura duré cinq ans, elle est parvenue à la conclusion qu’“il existe une base raisonnable pour ouvrir une enquête sur la situation en Palestine”. Il y a des indications que l’armée israélienne, le Hamas et d’autres groupes terroristes palestiniens pourraient avoir commis des crimes de guerre, a-t-elle déclaré.
Par ailleurs, Bensouda a reconnu que la CPI pourrait ne pas être compétente pour instruire l’affaire et a demandé à la chambre préliminaire de la Cour de se prononcer sur la question dans un délai de 120 jours.
Le cabinet de sécurité israélien se réunira lui dimanche pour discuter de la décision de la Cour pénale internationale.