Pour l’Australie, la frappe de Tsahal sur un convoi à Gaza résulte de « graves défaillances »
En avril, l'armée a confondu des gardes de sécurité sous contrat local avec des tireurs du Hamas, et a tiré une 2e et une 3e fois en violation de sa propre politique
L’attaque qui a coûté la vie le 1er avril à sept travailleurs humanitaires dans la bande de Gaza est le résultat de « sérieuses défaillances » de l’armée israélienne, selon le rapport d’enquête du gouvernement australien rendu public vendredi.
Cette enquête, confiée à l’ancien chef de l’armée de l’air Mark Binskin, avait été ordonnée par Canberra en raison de la mort d’une ressortissante australienne dans cette série de trois frappes, qui avait également coûté la vie à trois Britanniques, un Américano-Canadien, un Polonais et un Palestinien.
Lalzawmi Frankcom, dite Zomi, faisait partie d’un groupe de sept employés de l’organisation caritative américaine World Central Kitchen (WCK) tués le 1er avril lorsque leur convoi d’aide a été ciblé par erreur par une frappe aérienne israélienne.
Les sept victimes travaillaient pour l’ONG WCK, fondée par le célèbre cuisinier José Andrés. L’armée israélienne a reconnu une série d’erreurs à divers échelons.
L’équipe travaillait à Gaza pour fournir une aide alimentaire aux quelque 2,3 millions d’habitants de l’enclave, en proie à la guerre déclenchée par le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre, lorsque quelque 3 000 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël, tué près de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.
L’attaque « n’était pas sciemment ou délibérément dirigée contre WCK », affirme le rapport, qui rappelle que l’enquête interne menée par Tsahal a conclu à une « grave erreur découlant d’une sérieuse défaillance due à une mauvaise identification, à des erreurs dans les prises de décision et à des violations des règles d’engagement et des procédures opérationnelles standard ».
Selon le rapport d’enquête, les militaires israéliens ont confondu le convoi humanitaire avec un convoi du groupe terroriste palestinien du Hamas en raison de la présence, sur le toit d’un des camions, d’un vigile apparemment armé travaillant pour WCK.
« Dans cet incident, il semble que les contrôles de l’armée israélienne aient échoué, ce qui a entraîné des erreurs dans la prise de décision et une mauvaise identification », estime le rapport.
L’une des erreurs les plus importantes a été de ne pas lire le plan de mouvement convenu au préalable entre Tsahal et WCK.
Israël n’a découvert l’erreur que lorsque des informations ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux environ une heure après la frappe, conclut le rapport.
L’armée a violé les procédures habituelles en ordonnant les deuxième et troisième frappes sur le convoi sans procéder à une nouvelle identification, indique l’enquête.
Outre la litanie des défaillances opérationnelles, le rapport de Binskin juge que la réaction d’Israël a été « appropriée ». Deux officiers ont été rapidement démis de leurs fonctions et trois autres ont été réprimandés, souligne le rapport.
La ministre australienne des Affaires étrangères, Penny Wong, a exhorté Israël à présenter à nouveau des excuses, et a affirmé que son gouvernement continuera à faire pression pour que les responsables répondent pleinement de leurs actes, y compris par d’éventuelles inculpations au pénal.
Wong a indiqué qu’elle avait écrit à son homologue israélien pour lui demander de mieux protéger les travailleurs humanitaires.
« Il ne s’agit pas d’un incident isolé », a-t-elle affirmé.
« Nous avons vu 250 travailleurs humanitaires tués au cours de ce conflit et nous avons également assisté à des événements récents au cours desquels des véhicules de l’ONU ont été la cible de tirs ; il est clair qu’il faut faire davantage. »
« Le gouvernement australien persistera jusqu’à ce que les travailleurs humanitaires bénéficient d’une protection adéquate », a-t-elle déclaré aux journalistes.
« La meilleure protection pour les travailleurs humanitaires et les civils, c’est un cessez-le-feu. »