Procès pour fraude de Netanyahu: Le principal enquêteur démissionne de la police
Le commissaire adjoint Yoav Telem a quitté ses fonctions après avoir été nommé à la tête d'une unité de lutte anti-criminalité ; c'est un nouveau départ lié au chef de la police qui a été désigné par Ben Gvir
Un des cadres supérieurs de la police responsables de l’enquête pour fraude contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu – l’Affaire 4000 – a annoncé jeudi son intention de démissionner de la police.
Le sous-commissaire Yoav Telem, âgé de 51 ans, était chef de la division des enquêtes pour fraude au sein de la police et il venait d’être nommé par le chef de la police, Daniel Levy, à la tête de l’unité en charge de la criminalité au sein de la communauté arabe d’Israël, avec promotion au rang de commissaire-adjoint.
Telem aurait démissionné pour « raisons personnelles », sait-on de source policière.
La police a déclaré : « Le commissaire-adjoint Telem fut l’un des enquêteurs les plus brillants du service. Il a servi dans les rangs de la police pendant une trentaine d’années et il a contribué à la création de Lahav 433 [l’unité des crimes graves de la police]. Il a dirigé l’enquête sur l’Affaire 512 qui a permis de traduire en justice les chefs de la grande criminalité organisée en Israël ».
C’est un départ de plus au sein des officiers de haut rang qui ont démissionné ou pris leur retraite, ces derniers mois, signe d’un mécontentement généralisé envers la direction des services de la police sous l’influence du ministre d’extrême-droite de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir.
Telem est le quatrième haut-fonctionnaire de police à démissionner depuis la nomination de Daniel Levy.
Levy a été nommé chef de la police suite au retrait du premier choix de Ben Gvir, Avshalom Peled, qui faisait face à une forte opposition.
L’enquête la plus connue de Telem est sans conteste l’Affaire 4000, également connue sous le nom d’affaire Bezeq-Walla, qui implique le Premier ministre Netanyahu.
L’Affaire 4000 s’intéresse à la plus grave des accusations portées à l’encontre du Premier ministre, à savoir qu’il aurait pris des mesures financièrement favorables à Shaul Elovitch, l’actionnaire du géant des télécommunications Bezeq, pour plusieurs centaines de millions de shekels entre 2012 et 2017, en échange de reportages favorables à son égard sur le site d’information Walla, détenu à l’époque par Elovitch.
Telem a également dirigé l’enquête sur l’Affaire 3000, dite Affaire des sous-marins, au titre de laquelle des proches de Netanyahu – mais pas le Premier ministre lui-même- sont soupçonnés d’avoir touché des fonds illicites dans le cadre d’un système de corruption lié à l’achat par l’État israélien de navires de guerre et de sous-marins au constructeur allemand ThyssenKrupp, pour plusieurs milliards de shekels.
Pour certains, il s’agit du plus grand scandale de corruption de toute l’histoire d’Israël.
En juin dernier, une commission d’enquête d’État a conclu que Netanyahu avait pris des décisions relatives à l’achat de sous-marins de nature à mettre en danger la sécurité nationale et à nuire aux relations extérieures d’Israël.