Procès Netanyahu : Opposition du parquet à sa demande de report de témoignage d’un an
Selon l'avocat du Premier ministre, la guerre ralentit la préparation de son client pour son témoignage. La procureure rappelle que le Premier ministre a dit pouvoir diriger le pays pendant son procès
Le bureau de la procureure générale a rejeté dimanche la demande du Premier ministre Benjamin Netanyahou de reporter à mars 2025 son témoignage dans son propre procès pour corruption, estimant que cela reviendrait à geler l’affaire pénale pendant huit mois.
Dans un document déposé dimanche devant le tribunal de district de Jérusalem, les services de la procureure insistent pour que le témoignage de Netanyahu commence au plus tard le 1er novembre prochain, ce qui, selon eux, lui laisse suffisamment de temps pour se préparer.
Il y a de cela deux semaines, l’avocat de la défense pénale de Netanyahu avait fait savoir au tribunal que le Premier ministre avait besoin de plus de temps que prévu pour se préparer à son témoignage, notamment en raison de de la guerre contre le Hamas à Gaza.
« Dans le contexte actuel, qui impose à la défense de préparer le Premier ministre à témoigner alors que la guerre fait rage, il faut davantage de temps pour le préparer à témoigner d’une manière qui ne porte pas atteinte à ses droits et à sa défense », a déclaré devant le tribunal l’avocat de la défense de Netanyahu, Amit Hadad.
Les services de la procureure ont totalement rejeté cette possibilité, relevant que l’affaire traînaint depuis des années déjà et que Netanyahu avait souvent fait valoir qu’il était capable de diriger le pays tout en faisant face à son procès.
« L’intérêt public prépondérant dans ce processus [juridique] est l’achèvement de la procédure pénale et la prise de décision […] Un retard dans l’achèvement du processus causerait un préjudice substantiel à la population », peut-on lire dans la décision de la procureure générale, qui précise par ailleurs que l’acte d’accusation contre Netanyahu date d’il y a quatre ans et demi.
Le bureau de Gali Baharav-Miara a par conséquent décidé que la déposition de Netanyahu devrait débuter au plus tard le 1er novembre, ce qui lui donnerait suffisamment de temps pour se préparer.
« Le Premier ministre a clairement indiqué que ses fonctions de Premier ministre n’influenceraient pas la gestion de la procédure judiciaire », a précisé le service de Baharav-Miara.
« Nous ne pouvons certainement… pas nous permettre une pause de facto du procès ni même sa suspension », a déclaré le service de la procureure.
Le tribunal de district de Jérusalem tiendra une audience pour examiner la demande de Netanyahu mardi et prendre une décision sur sa recevabilité. Le 21 juillet commenceront les congés du tribunal, qui se termineront début septembre.
Le Premier ministre fait face à des accusations de fraude et abus de confiance dans le cadre des affaires 1000 et 2000, ainsi qu’à des accusations de corruption, fraude et abus de confiance dans l’affaire 4000. L’inculpation, en janvier 2020, remonte aujourd’hui à quatre ans et demi, le procès s’étant ouvert en mai de la même année.
Netanyahu n’a jusqu’à présent pas témoigné, même s’il a comparu devant le tribunal à quelques rares occasions. La procédure, qui implique le contre-interrogatoire des témoins de l’accusation, devrait se terminer dans les semaines à venir.
En sa qualité de principal accusé, Netanyahu devrait être le premier à faire face à un contre-interrogatoire alors que la défense présente ses témoins dans les trois affaires.
L’affaire 4000, également connue sous le nom d’affaire Bezeq-Walla, la plus grave à laquelle le Premier ministre soit confronté, tourne autour la prise de décisions réglementaires qui auraient profité, sur le plan financier, à hauteur de centaines de millions de shekels, à l’actionnaire du géant des télécommunications de Bezeq, Shaul Elovitch. En retour, Netanyahu aurait bénéficié d’une couverture médiatique favorable de la part du site d’information Walla, propriété d’Elovitch.
Dans l’affaire 2000, Netanyahu fait face à des allégations selon lesquelles il aurait tenté d’obtenir une couverture médiatique positive dans le journal Yedioth Ahronoth en échange de mesures défavorables à son principal concurrent. Dans l’affaire 1000, enfin, les procureurs affirment que Netanyahu s’est vu indûment remettre de coûteux cadeaux par de généreux milliardaires.