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« QAnon », une armée de complotistes qui veulent faire réélire Trump

Twitter a annoncé mardi avoir supprimé plus de 7 000 comptes liés à "QAnon" et va limiter la circulation des contenus liés à ses théories conspirationnistes

Un homme, David Reinert, brandit un grand panneau « Q » en attendant l'arrivée du président américain Donald Trump lors d'un rassemblement « Make America Great Again » au Mohegan Sun Arena de Casey Plaza, à Wilkes Barre, en Pennsylvanie, le 1er août 2018. (RICK LOOMIS / GETTY IMAGES AMÉRIQUE DU NORD / AFP)
Un homme, David Reinert, brandit un grand panneau « Q » en attendant l'arrivée du président américain Donald Trump lors d'un rassemblement « Make America Great Again » au Mohegan Sun Arena de Casey Plaza, à Wilkes Barre, en Pennsylvanie, le 1er août 2018. (RICK LOOMIS / GETTY IMAGES AMÉRIQUE DU NORD / AFP)

Les Etats-Unis sont contrôlés par des puissances occultes que seul Donald Trump pourra contrer… s’il est réélu : cette théorie du complot, propagée sur les réseaux sociaux par la mouvance « QAnon », rassemble de nombreux adeptes, se frayant un chemin jusque dans les couloirs de la Maison Blanche.

Twitter a annoncé mardi avoir supprimé plus de 7 000 comptes liés à « QAnon » et va limiter la circulation des contenus liés à ses théories conspirationnistes, considérées désormais par la plateforme comme un « effort coordonné pour nuire ».

Né en 2017, le mouvement conspirationniste s’est répandu sur les réseaux sociaux grâce à une armée de « soldats numériques », selon le centre Soufan, un centre d’études sur la sécurité, dirigé par un ex-agent du FBI, Ali Soufan.

Il a aussi essaimé à l’étranger, en Europe et jusqu’en Australie.

Le président américain Donald Trump prononce le discours d’ouverture de la cérémonie de remise des diplômes de l’Académie militaire américaine 2020 à West Point, New York, le 13 juin 2020. (Nicholas Kamm / AFP)

QAnon désigne une nébuleuse pro-Trump, qui répand des théories du complot en ligne. Selon ses adeptes, les Etats-Unis sont dirigés depuis des décennies par « l’Etat profond », une organisation secrète rassemblant des hauts responsables des ministères, les Clinton, les Obama, les Rothschild, le puissant investisseur juif George Soros, des vedettes d’Hollywood et d’autres membres de l’élite mondiale.

Selon ces théories complotistes, ils sont impliqués dans des réseaux pédophiles internationaux et veulent créer un nouvel ordre mondial dans lequel les Etats auraient abandonné leur souveraineté au profit de cette élite.

Les premiers messages cryptiques sont apparus en octobre 2017, écrit par un mystérieux « Q », du nom d’une accréditation de haut niveau au ministère américain de l’Energie.

Selon ses partisans, Q est une taupe évoluant dans le cercle rapproché du président, qui a décidé de révéler des bribes de renseignements concernant cette machination mondiale sur des forums de discussion comme 4Chan. Les informations sont ensuite propagées sur les grands réseaux sociaux.

Une partisane de Donald Trump brandit un drapeau QAnon au monument national du mont Rushmore à Keystone, dans le Dakota du Sud, le 1er juillet 2020. (SCOTT OLSON / GETTY IMAGES AMÉRIQUE DU NORD / AFP)

Haine et antisémitisme

L’Anti-Defamation League (ADL), une organisation américaine de lutte contre l’extrémisme, a cité fin juin des vidéos de la mouvance « qui puise dans la haine et les rhétoriques antisémites ».

Ce phénomène comporte des dangers bien réels, menant le FBI à considérer QAnon comme un risque de « menace terroriste intérieure » en 2019.

Un homme armé, arrêté début juillet près de la résidence du Premier ministre canadien Justin Trudeau à Ottawa, était un « avide consommateurs de complots » propagés par QAnon, affirme le centre Soufan.

Des experts en sécurité craignent notamment que ses partisans viennent s’ajouter aux militants extrémistes et suprémacistes blancs comme les « Boogaloo », des activistes anti-gouvernement qui appellent à la guerre civile.

L’idéologie QAnon s’est aussi propagée dans la politique américaine.

Un manifestant tient une bannière faisant référence à la nébuleuse complotiste Qanon lors d’un rassemblement de droite à Portland, dans l’Oregon, le 17 août 2019. (STEPHANIE KEITH / GETTY IMAGES AMÉRIQUE DU NORD / AFP)

« Prêtez serment »

Des adeptes de la mouvance se sont affichés dans plusieurs meetings de Donald Trump, notamment en arborant des affiches comportant la lettre Q ou le slogan du mouvement : « Where we go one, we go all » (Où l’un de nous va, nous allons tous), parfois réduit à ses initiales WWG1WGA.

Ils croient que le milliardaire républicain viendra à bout du complot des élites internationales et rendra le pouvoir au peuple.

Selon l’organisation Media Matters, 14 candidats – en majorité conservateurs – aux élections parlementaires de novembre s’en réclament.

Michael Flynn, lieutenant général à la retraite, au premier jour de la Convention nationale républicaine à Cleveland, dans l’Ohio, le 18 juillet 2016. (Crédit : Chip Somodevilla/Getty Images/AFP)

Le 4 juillet, l’ex-conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Michael Flynn, a posté sur Twitter une vidéo dans laquelle il répète le slogan QAnon après avoir fait allégeance à la constitution américaine, accompagnée du mot-dièse « Prêtez serment ». La vidéo avait été « aimée » plus de 100 000 fois jeudi.

Le fils cadet de M. Trump, Eric, a également repris en partie ce slogan en juin, dans un message sur Instagram qu’il a ensuite effacé.

Le président lui-même, qui qualifie régulièrement les grands médias de « Fake news » (fausses informations), a retweeté ces derniers mois au moins 90 fois des messages émanant de partisans déclarés de Q, selon Media Matters.

L’ADL craint que le soutien de QAnon à M. Trump « perpétue la croyance que ses adversaires politiques sont des ennemis illégitimes de l’humanité ».

Le centre Soufan s’inquiète notamment qu’une défaite de M. Trump en novembre « encourage les partisans de QAnon à des actes de violence ».

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