Quand les soldats ne surveilleront plus les détenus terroristes dans les prisons ?
Le ministre de la Sécurité nationale a déclaré que cette mesure doit être mise en œuvre dans les 6 mois, et non progressivement jusqu'en 2026 comme suggéré par un groupe d'experts

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a émis un ordre mercredi pour arrêter définitivement le placement de soldats de Tsahal comme gardiens de prison pour les détenus terroristes incarcérés dans un délai de six mois.
Cette décision intervient plus de cinq mois après que le ministre de la Défense de l’époque, Benny Gantz, a ordonné une enquête sur cet arrangement en août dernier, à la suite d’accusations retentissantes selon lesquelles des terroristes condamnés avaient agressé et violé des soldates servant de gardiennes de prison, et que certains gardiens de l’administration pénitentiaire israélienne (IPS) avaient « prostitué » les conscrits pour apaiser les détenus.
Dans une déclaration mercredi, Ben Gvir a déclaré que les soldats de Tsahal ne serviraient plus dans les ailes des prisons de haute sécurité qui abritent des détenus terroristes, mais qu’ils continueraient à travailler au sein de l’administration pénitentiaire au « deuxième niveau de protection », qui comprend la surveillance du bâtiment, avec des interactions limitées avec les prisonniers.
Ben Gvir a déclaré que cette décision faisait suite à « un certain nombre d’incidents graves concernant des soldats, hommes et femmes, servant dans l’IPS », qui ont culminé avec l’accusation de proxénétisme envers les gardiennes.
Le ministre a déclaré que l’IPS doit être prêt à effectuer un tel changement dans les six mois, et à remplacer les soldats par des « gardiens de prison vétérans et expérimentés ».
Il n’est pas encore clair si l’IPS dispose de suffisamment de personnel qualifié pour procéder à une telle opération.

En août, Gantz a adressé une lettre au ministre de la Sécurité intérieure de l’époque, Omer Barlev, dans laquelle il demandait que les soldats conscrits ne soient pas autorisés à se trouver dans les mêmes ailes de prison que les condamnés palestiniens pour terrorisme, jusqu’à ce que les allégations de viol fassent l’objet d’une enquête approfondie.
Il n’est pas encore clair si les soldats servant dans les ailes de sécurité des prisons ont depuis été réaffectés.
L’arrangement entre l’armée et l’IPS a été établi en 2005, lorsque la responsabilité du fonctionnement des prisons avec des détenus de sécurité a été transférée de Tsahal à l’IPS.
En décembre, une commission d’examen commandée par Gantz et chargée d’étudier la question a recommandé la suppression progressive de cet arrangement. Mais ces recommandations suggéraient qu’il s’agissait d’un processus progressif qui ne commencerait probablement pas avant 2026.
Un certain nombre d’anciens soldats ayant servi comme gardiens de prison ont fait des déclarations retentissantes d’agressions sexuelles et de viols commis par des prisonniers de sécurité, souvent avec la complicité de commandants de prison. Au moins six femmes se sont manifestées l’année dernière pour affirmer que les soldates étaient régulièrement « mises sur le trottoir » pour être abusées par des prisonniers de sécurité à la prison de Gilboa, un établissement pénitentiaire de haute sécurité dans le nord d’Israël.
« La situation actuelle, dans laquelle l’IPS dépend de la réception de personnel externe de Tsahal [pour son travail], n’est pas idéale », ont écrit les membres du panel.

La commission a déclaré que, bien qu’il soit impossible d’annuler l’accord existant « d’un seul coup », il devrait être supprimé progressivement à partir de 2026.
« L’équipe recommande de prolonger d’au moins trois ans l’accord existant, qui prend fin le 15 février 2023, peu après la formation du nouveau gouvernement », ont-ils écrit.
Les membres de la commission ont en outre exhorté Tsahal et le ministère de la Défense e procéder à une révision « urgente » de la liste des postes attribués aux soldats dans les prisons.
Le panel a recommandé que les soldats ne soient utilisés que pour surveiller et escorter les prisonniers, comme le prévoit le règlement régissant leur service dans les prisons. Les soldats devraient également être transférés hors des zones où sont détenus les prisonniers sécuritaires dans les prisons ordinaires, où le personnel militaire est moins présent, pour être déployés dans les prisons de haute sécurité qui comptent plus de soldats sur place.
La commission a demandé à l’IPS de veiller à ce qu’il n’y ait pas de situation dans laquelle un gardien de prison, homme ou femme, soit laissé seul ou sans surveillance avec des prisonniers de sécurité.
« Des mesures doivent également être prises pour réduire les interactions durant lesquelles un contact direct est établi entre le geôlier et le prisonnier sécuritaire », indique le rapport, ajoutant que l’IPS doit également examiner ses procédures de sélection.

Lorsque le rapport a été publié en décembre, peu avant la prestation de serment du nouveau gouvernement, Gantz et Barlev ont ordonné que des préparatifs soient effectués pour mettre en œuvre les recommandations, mais ont noté que la législation nécessaire pour étendre le cadre de l’utilisation de soldats comme gardiens dans les prisons devra être abordée par le nouveau ministre de la Défense.
Des rapports faisant état de harcèlement et d’agressions sexuelles dont seraient victimes les soldates et les gardiennes dans les prisons israéliennes ont fait surface il y a plusieurs années, mais avaient été en grande partie abandonnés jusqu’à l’année dernière, lorsqu’une enquête a été rouverte à la suite de nouvelles allégations.
En août, une ancienne soldate, connue sous le pseudonyme de Hila, a fait des révélations qui ont eu l’effet d’une bombe affirmant avoir été violée et agressée sexuellement à plusieurs reprises par un prisonnier s’sécuritaire palestinien alors qu’elle servait à la prison de Gilboa.