Israël en guerre - Jour 502

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Réactions après les propos de Trump sur Gaza

Sans surprise les Palestiniens et plusieurs pays rejettent le projet du président américain ; en Israël, certains appellent à l'analyse quand d'autres crient au "miracle"

Le président américain Donald Trump et le Premier ministre Benjamin Netanyahu, dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, à Washington, le 4 février 2025. (Crédit : Andrew Caballero-Reynolds/AFP)
Le président américain Donald Trump et le Premier ministre Benjamin Netanyahu, dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, à Washington, le 4 février 2025. (Crédit : Andrew Caballero-Reynolds/AFP)

Réactions en Israël

Le père de l’officier israélo-américain Omer Maxim Neutra, qui a été tué et enlevé par le Hamas lors de l’attaque du groupe terroriste en octobre 2023, s’est dit « choqué » par l’appel du président Donald Trump à ce que les États-Unis prennent le contrôle de la bande de Gaza.

« Nous n’étions pas au courant, mais il est clair que ce geste n’était pas spontané. Nous voulons rappeler à Trump et à Netanyahu que des vies humaines sont en jeu », a déclaré Ronen Neutra au site d’information Ynet, affirmant que le retour des otages doit être la priorité absolue.

Ses commentaires interviennent après que les familles des otages ont annulé une conférence de presse prévue à Washington.

Les ministres du gouvernement Netanyahu ont manifesté, sur X, leur appréciation et leur enthousiasme après la rencontre entre le Premier ministre et le président américain.

« Voilà ce qui arrive lorsque deux dirigeants courageux se rencontrent », a écrit la ministre des Transports Miri Regev.

Le ministre de l’Énergie, Eli Cohen, a déclaré qu’il s’agissait d’une « matinée historique pour l’État d’Israël, le Moyen-Orient et le monde ».

Le président de la Knesset, Amir Ohana, a parlé de « l’aube d’un jour nouveau ».

Le ministre de la Culture et des Sports, Miki Zohar, a été lui aussi très enthousiaste : « Nous avons un grand Premier ministre et un président américain extraordinaire ! Merci à Dieu pour ce miracle qu’il a accompli pour le peuple d’Israël ».

Bezalel Smotrich, ministre des Finances et figure de l’extrême droite israélienne, a promis mercredi de tout faire pour « enterrer définitivement » l’idée d’un Etat palestinien.

« Le plan présenté hier par le président Trump est la véritable réponse au 7-Octobre », a déclaré Smotrich en référence à l’attaque du Hamas sur Israël ayant déclenché la guerre. « Nous allons maintenant oeuvrer pour enterrer définitivement (…) l’idée dangereuse d’un Etat palestinien », a-t-il ajouté sur son compte Telegram.

Le ministre des Finances Bezalel Smotrich dirige une réunion du parti HaTzionout HaDatit à la Knesset à Jérusalem, le 3 février 2025. (Yonatan Sindel/Flash90)

Le ministre des Affaires étrangères Gideon Saar a déclaré aux parlementaires qu’il était nécessaire « d’envisager des idées originales ».

« Gaza dans sa forme précédente n’a pas d’avenir. Une autre solution doit être trouvée – et c’est ce que le président Trump essaie de faire », a-t-il déclaré depuis le plénum de la Knesset.

« Tant que la migration est effectuée par une personne de son plein gré et qu’il y a un pays qui est prêt à accepter cette personne, on ne peut pas dire qu’elle est immorale ou inhumaine. »

Saar a estimé que la bande de Gaza était animée par « la haine d’Israël et le désir de le détruire ».

« Je pense qu’avec l’administration américaine dirigée par le président Trump, nous avons une occasion de tenter au moins de construire un avenir meilleur pour nous-mêmes et pour l’ensemble du Moyen-Orient », a-t-il poursuivi, rejetant les critiques européennes sur les propositions américaines.

« C’est pourquoi, dans cet esprit, je suggère que nous examinions également les nouvelles idées avancées par le président américain » pour « l’expérience ratée » qu’est Gaza.

Réagissant à l’annonce du président américain Donald Trump selon laquelle il souhaite que les États-Unis « prennent le contrôle » et « possèdent » la bande de Gaza, le chef de l’opposition Yair Lapid a déclaré que c’était « une bonne conférence de presse pour l’État d’Israël. »

« Nous devrons étudier les détails pour comprendre quel est le plan à Gaza », a-t-il indiqué à la radio de l’armée, à la suite de la conférence de presse conjointe Netanyahu-Trump – ajoutant qu’il a l’intention de présenter « un plan supplémentaire aux Américains » lors de sa propre visite prévue à Washington à la fin du mois.

« Le rôle des dirigeants israéliens est de présenter des plans, et pas seulement d’attendre les Américains », a-t-il déclaré.

En ce qui concerne l’accord sur les otages, Lapid a insisté sur le fait qu’il devait être « mené à bien jusqu’au bout, y compris la phase 2 ».

Le leader de l’opposition Yair Lapid assiste à une réunion du comité de la Knesset, le 14 janvier 2025. (Yonatan Sindel/Flash90)

Il a souligné que « Trump a promis que l’accord se poursuivrait et que les otages reviendraient. Les déclarations de Netanyahu sur l’effondrement du Hamas à la fin de l’accord n’étaient pas nécessaires. Le retour des otages est la chose la plus importante, et le président l’a dit aussi ».

Lapid a poursuivi en faisant l’éloge de Trump pour les accords d’Abraham, déclarant qu’il méritait un prix Nobel pour les avoir négociés et que « s’il y a un accord de normalisation avec l’Arabie saoudite, il mérite également un prix Nobel de la paix pour cela ».

Cependant, Lapid a rejeté la décision de Trump d’utiliser des sanctions contre l’Iran, arguant que Téhéran « est plus faible que jamais » et que « nous avons peut-être manqué une occasion d’attaquer l’Iran ».

Benny Gantz, chef du parti d’opposition HaMahane HaMlahti, a salué les commentaires du président américain sur la bande de Gaza, et a déclaré qu’ils représentent « une preuve supplémentaire de l’alliance profonde entre les États-Unis et Israël ».

Le chef du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, s’exprimant pendant une réunion de faction à la Knesset, le 16 décembre 2024. (Crédit : Chaim Goldberg/ Flash90)

« Le président Trump a montré, et ce n’est pas la première fois, qu’il est un véritable ami d’Israël et qu’il continuera à le soutenir sur les questions importantes pour le renforcement de sa sécurité », a déclaré Gantz dans un communiqué.

« Dans ses remarques, il a présenté une pensée créative, originale et intéressante, qui doit être examinée parallèlement à la réalisation des objectifs de la guerre, en donnant la priorité au retour de tous les otages.

L’ancien ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir a fait savoir que le retour de son parti d’extrême droite Otzma Yehudit au gouvernement a été rendu plus probable à la suite des annonces du président américain Donald Trump en faveur d’une prise de contrôle par les États-Unis de la bande de Gaza et de la relocalisation de ses résidents palestiniens.

« Je n’ai pas encore cousu un nouveau costume de ministre, mais il ne fait aucun doute que les chances de retour d’Otzma Yehudit au gouvernement ont augmenté », déclare le politicien ultranationaliste à la radio de l’armée.

Le député Itamar Ben Gvir, chef du parti Otzma Yehudit, dirige une réunion de faction à la Knesset à Jérusalem le 27 janvier 2025. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)

« La balle est maintenant dans les mains du Premier ministre », poursuit-il. « Dès que nous commencerons et qu’il y aura une intention de la mettre en œuvre, je serai de retour. Je ne veux pas m’étendre sur ce sujet, il y a déjà des projets ».

Ben Gvir, qui préconise depuis longtemps ce qu’il appelle la « migration volontaire « depuis la bande de Gaza, a estimé que ce n’était pas le moment de faire de la « petite politique ».

« Nous avons une opportunité énorme et nous ne devons pas la manquer. Même avant le 7 octobre, j’encourageais l’émigration et on se moquait de moi. Nous devons l’accepter et ne pas nous contenter de faire une déclaration. Il est temps de la mettre en œuvre et de la promouvoir », a-t-il déclaré. « Certains y ont travaillé en Israël bien avant et ont été traités de ‘messianiques et délirants’, il est donc temps de passer à la mise en œuvre. »

Des dirigeants d’implantations ont réagi avec enthousiasme à la  proposition du président américain Donald Trump de déplacer la population palestinienne de Gaza dans d’autres pays, appelant le gouvernement israélien à mettre en œuvre le plan sans délai, puis à commencer à construire des implantations juives dans l’enclave.

Yisrael Gantz, chef du Conseil de Yesha, l’organisation faîtière des résidents d’implantations, a salué l’idée de Trump, affirmant qu’elle revenait à « déclarer la fin du rêve palestinien de détruire Israël à travers Gaza ou la création d’un État palestinien au cœur de la Terre d’Israël ».

Gantz, qui dirige également le Conseil régional de Mateh Binyamin – une autorité municipale régissant plusieurs dizaines d’implantations et d’avant-postes illégaux en Cisjordanie – a ajouté que le gouvernement israélien devrait « adopter la vision de Trump aujourd’hui et la traduire en actes », ce qui, selon lui, devrait également inclure « l’application de la souveraineté sur la Judée et la Samarie », c’est-à-dire l’annexion de la Cisjordanie.

L’organisation de pro-implantations Nachala, qui encourage le rétablissement des implantations juives à Gaza depuis le début de la guerre et fait pression en ce sens, a lancé un appel à l’action.

« En supposant que la déclaration de Trump sur le transfert des habitants de Gaza vers d’autres pays se traduise par des mesures concrètes, des implantations devraient être rapidement construites dans toute la bande de Gaza », a déclaré Nachala, qui a regroupé des centaines de militants pour établir de nouvelles implantations dans la bande de Gaza si l’occasion se présente.

L’organisation La Paix Maintenant, qui fait campagne contre les implantations et pour une solution à deux États, a quant à elle rejeté la proposition de Trump, affirmant qu’il n’y avait « aucune possibilité de transférer deux millions d’habitants de Gaza » hors de l’enclave.

« Les seuls qui, tôt ou tard, devront être évacués sont les dizaines de milliers de résidents d’implantations qui retourneront aux frontières de l’État d’Israël dans le cadre d’un accord diplomatique pour la création d’un État palestinien aux côtés d’Israël », a déclaré l’organisation en référence aux résidents d’implantations de Cisjordanie.

« Il est temps d’arrêter de fantasmer sur la reconstruction [israélienne] et le nettoyage ethnique à Gaza et de regarder la réalité en face : il n’y a qu’une seule solution qui garantisse la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient, et c’est la solution de deux États pour deux peuples et la fin du conflit israélo-arabe. »

Réactions palestiniennes

Le groupe terroriste palestinien du Hamas a sans surprise rejeté le projet du président américain, le qualifiant de « raciste » et destiné à éliminer la cause palestinienne.

« La position raciste américaine s’aligne sur la position de l’extrême droite israélienne qui déplace notre peuple et élimine notre cause », a déclaré le porte-parole du Hamas, Abdel Latif al-Qanou, dans un communiqué.

Un peu plus tôt, un responsable du Hamas, Sami Abu Zuhri, avait déclaré que les remarques de Trump étaient « ridicules » et « susceptibles d’enflammer la région ».

Mardi également, l’envoyé de l’ONU pour l’Autorité palestinienne basée en Cisjordanie a déclaré que les dirigeants du monde et les gens devraient respecter le désir des Palestiniens de rester dans la bande de Gaza.

« Notre patrie est notre patrie, si une partie de celle-ci est détruite, la bande de Gaza, le peuple palestinien a choisi d’y retourner », a déclaré Riyad Mansour. « Je pense que les dirigeants et les peuples devraient respecter les souhaits du peuple palestinien.

Aux Nations unies, Mansour n’a pas nommé Trump, mais il a semblé rejeter la proposition du président américain.

« Notre pays et notre maison, c’est » la bande de Gaza, « elle fait partie de la Palestine », a-t-il déclaré. « Nous n’avons pas de patrie. Pour ceux qui veulent les envoyer dans un endroit heureux et agréable, qu’ils retournent dans leurs maisons d’origine à l’intérieur d’Israël, il y a des endroits agréables là-bas, et ils seront heureux de retourner dans ces endroits. »

L’ambassadeur de l’Autorité palestinienne auprès des Nations unies, Riyad Mansour, entouré de représentants de pays arabes, s’adressant à la presse après une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur une résolution appelant à un cessez-le-feu à Gaza, au siège de l’ONU, à New York, le 8 décembre 2023. (Crédit : Charly Triballeau/AFP)

L’organisation de libération de la Palestine (OLP) a aussi rejeté mercredi tout projet de transfert « du peuple palestinien hors de sa patrie ».

La direction palestinienne « affirme son rejet de tous les appels au déplacement du peuple palestinien hors de sa patrie. Ici nous sommes nés, ici nous avons vécu et ici nous resterons », a déclaré Hussein Sheikh, secrétaire général de l’OLP dans un message sur son compte X.

Réactions américaines

L’envoyé américain au Proche-Orient, Steve Witkoff, a, pour sa part, affirmé que les Palestiniens n’ont pas besoin d’être attachés à la terre où ils vivent actuellement pour avoir une vie meilleure, alors que l’administration Trump se rallie à l’idée du président de relocaliser les Palestiniens hors de la bande de Gaza.

« La paix dans la région signifie une vie meilleure pour les Palestiniens. Une vie meilleure n’est pas nécessairement liée à l’espace physique dans lequel vous vous trouvez aujourd’hui », a expliqué Witkoff dans une interview accordée à Fox News.

« Une vie meilleure, ce sont de meilleures opportunités, de meilleures conditions financières, de meilleures aspirations pour vous et votre famille. Cela ne se produit pas parce que vous plantez une tente dans la bande de Gaza et que vous êtes entouré de 30 000 munitions qui peuvent exploser à tout moment », a expliqué Witkoff.

L’envoyé spécial des États-Unis au Moyen-Orient, Steve Witkoff (à gauche), et le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Mike Waltz (à droite), s’adressent aux journalistes à l’extérieur de l’aile ouest de la Maison-Blanche, le 4 février 2025, à Washington, DC. (Crédit : ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)

« Le président dit : ‘Améliorons les conditions de vie de ces gens. Donnons-leur plus d’espoir. Laissons-les faire ce choix.’ Et je pense qu’il a raison », a-t-il ajouté.

Interrogé sur le message que Trump tente d’envoyer au Moyen-Orient après que le président a déclaré qu’il voulait que les États-Unis « possèdent » Gaza, Witkoff a répondu : que Trump « dit au Moyen-Orient que les 50 dernières années n’étaient pas la bonne façon de faire les choses, et qu’il va changer les choses ».

Il « dit au Moyen-Orient qu’il veut être transparent avec le peuple palestinien », a-t-il fait valoir.

Witkoff avait déclaré plus tôt dans la journée de mardi qu’il rencontrerait jeudi le Premier ministre du Qatar pour discuter des négociations en cours sur les otages.

Le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio a pour sa part tweeté que « Gaza doit être libérée du Hamas. Comme le président Donald Trump l’a dit aujourd’hui, les États-Unis sont prêts à jouer un rôle de premier plan et à rendre Gaza belle à nouveau. Notre objectif est de parvenir à une paix durable dans la région pour tous les peuples ».

Pressé mardi de répondre au rejet par l’Égypte et la Jordanie de l’appel de Trump à accueillir les Palestiniens de Gaza, Waltz, le conseiller à la Sécurité nationale, a déclaré aux journalistes que Washington comptait travailler avec ces pays et d’autres alliés pour trouver des « solutions concrètes ».

« Nous nous tournons vers un certain nombre de nos alliés et partenaires dans la région. Nous devons résoudre ce problème collectivement », a déclaré Waltz à la presse à l’extérieur de la Maison Blanche, en compagnie de l’envoyé américain au Proche-Orient, Steve Witkoff.

« Tout le monde a le cœur brisé par cette guerre déclenchée par le Hamas et par ce qui est arrivé à ces personnes que le Hamas était prêt à sacrifier pour retourner l’opinion mondiale contre Israël, mais nous devons maintenant trouver collectivement des solutions », a-t-il ajouté.

Waltz a rappelé que le roi Abdallah II de Jordanie se rendra à la Maison Blanche la semaine prochaine et que Trump s’est entretenu samedi avec le président égyptien Abdel-Fattah el-Sissi.

« Le président Trump propose des solutions concrètes et pleines de bon sens à ce qui est, il est vrai, une situation très, très difficile », a-t-il déclaré.

Au Congrès américain, les plus féroces alliés de Trump ont commencé à se rallier à sa proposition.

Le président de la Chambre des Représentants, Mike Johnson, républicain de Louisiane, s’est réjoui des propos de Trump en lesquels il voit une « action audacieuse pour parvenir à une paix durable à Gaza. Nous espérons que cela apportera la stabilité et la sécurité dont la région a tant besoin. »

Les représentants Nancy Mace, de Caroline du Sud, et Richard Hudson, de Caroline du Nord, se sont dits favorables à cette proposition. Tous deux sont membres du caucus républicain israélien de la Chambre des représentants.

« Faisons de Gaza un nouveau Mar-A-Lago », a déclaré Mace en faisant allusion au complexe de golf de Trump à Palm Beach, en Floride.

« Le président Trump fera tout pour garantir une PAIX historique et durable ! », a écrit Hudson.

Le sénateur républicain de Caroline du Sud, Lindsey Graham, s’exprimant alors que le candidat républicain à la présidence, l’ancien président Donald Trump, l’écoute lors d’une soirée d’élection primaire, à Columbia, en Caroline du Sud, le 24 février 2024. (Crédit : Andrew Harnik/AP)

Le sénateur républicain et allié de Trump, Lindsey Graham, s’est opposé avec légèreté au plan du président américain visant à ce que les États-Unis prennent le contrôle de Gaza.

« Je pense que ce serait une proposition intéressante. Nous verrons ce que nos amis arabes en diront. Je pense que la plupart des habitants de la Caroline du Sud ne seraient probablement pas enthousiastes à l’idée d’envoyer des Américains prendre le contrôle de Gaza. Cela pourrait être problématique », a déclaré le sénateur de Caroline du Sud, cité par Jewish Insider.

De la même manière, le sénateur Josh Hawley, du Missouri, a écarté l’éventualité d’envoyer des soldats américains à Gaza et déclaré : « Je ne suis pas persuadé que le fait de dépenser beaucoup d’argent à Gaza soit la meilleure façon d’utiliser les ressources américaines. Je crois qu’il serait préférable de les dépenser aux États-Unis avant toute chose, mais voyons ce qui va se passer.

Des législateurs américains ont affirmé qu’ils sont toujours favorables à la solution de deux États pour Israël et les Palestiniens, qui a longtemps été le fondement de la diplomatie américaine.

Certains sont également opposés à l’idée de dépenser des fonds publics américains ou d’envoyer des troupes américaines dans une région dévastée par plus d’un an de guerre.

« Je pensais que nous avions voté pour l’Amérique d’abord », a déclaré le sénateur républicain Rand Paul sur X. “Nous n’avons pas à envisager une nouvelle occupation qui condamnerait notre trésor et ferait couler le sang de nos soldats”.

 

Le sénateur républicain Jerry Moran a estimé que l’idée d’une solution à deux États ne peut pas être simplement rejetée. « Ce n’est pas quelque chose qui peut être décidé unilatéralement », a-t-il déclaré à la presse.

La sénatrice Lisa Murkowski  a déclaré qu’elle ne spéculera pas sur une éventuelle proposition d’envoyer des forces américaines dans une région « qui a connu suffisamment de bouleversements ».

« Je ne veux même pas spéculer sur cette question, parce que je pense que c’est assez effrayant », a-t-elle dit.

Parmi les démocrates, le rejet est sans équivoque.

Le sénateur Chris Coons, du Delaware, a déclaré au Jewish Insider : « Je suis sans voix, c’est insensé. C’est le pire endroit sur Terre pour envoyer des soldats américains et le moins susceptible de donner lieu à un règlement positif. »

Le sénateur Tim Kaine, de Virginie, lui aussi cité par Jewish Insider, a déclaré : « Les États-Unis ne devraient s’arroger le territoire de personne. Et deuxio, pour ce qui est du nation-building au Moyen-Orient – n’avez-vous rien appris de ce qui s’est passé entre 2001 et 2005 ? Nous sommes très mauvais là-dedans. »

Le sénateur Richard Blumenthal, du Connecticut, a qualifié la proposition de Trump de « folle, mais très sérieusement et profondément dangereuse. Elle risque de faire voler en éclats les accords d’Abraham. Tous les progrès accomplis, à commencer par le combat courageux et coûteux d’Israël, seraient réduits à néant par cette idée folle. »

Un autre sénateur du Connecticut, Chris Murphy, a publié une vidéo de la conférence de presse de Trump sur X en ajoutant ce commentaire : « Il a complètement perdu la raison. L’invasion américaine de Gaza donnerait lieu au massacre de milliers de soldats américains et à des dizaines d’années de guerre au Moyen-Orient. C’est une blague de très mauvais goût. »

Dans un deuxième tweet, il a écrit : « J’ai des informations à vous donner – nous n’allons pas prendre le contrôle de Gaza. Les médias et bavards dont c’est le métier vont en parler pendant quelques jours, ce qui aura permis à Trump de détourner l’attention de la vraie question, à savoir de ces milliardaires qui s’emparent du gouvernement pour voler le peuple. »

Le sénateur Chris Van Hollen, démocrate du Maryland, lors d’une réunion de la sous-commission des Crédits du Sénat, le 22 mars 2023. (Crédit : Amanda Andrade-Rhoades/AP Photo)

Le sénateur du Maryland Chris Van Hollen – l’un des critiques les plus âpres, au sein du Congrès, du combat d’Israël contre le Hamas à Gaza – a déclaré sur MSNBC : Trump « vient de dire que les États-Unis vont déplacer de force 2 millions de Palestiniens de la bande de Gaza – c’est un nettoyage ethnique qui ne dit pas son nom. » « Ce que le président fait là revient à jeter une allumette sur une région déjà instable. L’Iran et nos adversaires vont s’en réjouir », a-t-il ajouté en qualifiant cette proposition d’« odieuse ».

La représentante du Minnesota, Betty McCollum, elle aussi critique d’Israël, a écrit : « Le président Trump a aujourd’hui mis à mal des dizaines d’années de travail bipartite pour parvenir à une solution à deux États susceptible de permettre aux Israéliens et aux Palestiniens de vivre côte à côte, en paix, chacun dans leur pays. Je crains aussi que les paroles prononcées aujourd’hui à la Maison Blanche ne mettent en péril le cessez-le-feu. »

La représentante du Michigan Rashida Tlaib, d’origine palestinienne, a écrit : « Les Palestiniens n’iront nulle part. Si ce président peut cracher ses conneries fanatiques, c’est uniquement parce que le Congrès est, Républicains et Démocrates confondus, favorable au financement du génocide et du nettoyage ethnique. Il est temps que mes collègues de la solution à deux États fassent entendre leur voix. »

Tlaib s’oppose depuis longtemps à l’action militaire d’Israël à Gaza : elle a publié une déclaration à l’issue de l’attaque du Hamas, le 7 octobre 2023, qui semble accuser Israël, qu’elle a à plusieurs reprises qualifié d’État d’apartheid – une opinion marginale au sein du Congrès américain.

En 2024, elle a refusé d’apporter son soutien à l’adversaire de Trump, la vice-présidente Kamala Harris, en raison du soutien de l’administration Biden à Israël.

Réactions internationales

Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a souligné mercredi « l’importance de renforcer politiquement et économiquement l’Autorité palestinienne » à Gaza.

Lors d’une réunion avec le Premier ministre de l’Autorité palestinienne, Mohammed Mustafa, M. Abdelatty a déclaré que l’Egypte était impatiente que l’Autorité palestinienne « assume ses responsabilités dans la bande de Gaza en tant que partie des territoires palestiniens occupés », selon un communiqué de son ministère. Les deux responsables ont souligné « l’importance d’avancer rapidement dans les projets de relance (…) à un rythme accéléré (…) sans que les Palestiniens quittent la bande de Gaza, notamment en raison de leur attachement à leur terre et de leur refus de la quitter ».

Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, arrive pour rencontrer le Premier ministre de l’Autorité palestinienne, Mohammad Mustafa, au Caire, le 5 février 2025. (Crédit : AP Photo/Amr Nabil)

Ryad a écarté toute normalisation avec Israël sans la création d’un Etat palestinien, a indiqué mercredi la diplomatie saoudienne, peu après que le Premier ministre israélien a affirmé lors d’une rencontre avec Donald Trump qu’un accord allait « se faire ».

« L’Arabie saoudite poursuivra sans répit ses efforts pour l’établissement d’un Etat palestinien indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale et n’établira pas de relations diplomatiques avec Israël sans cela », a déclaré le ministère saoudien des Affaires étrangères sur X.

Mohammed al-Bukhaiti, un des chefs du groupe terroriste houthi au Yémen, a écrit sur X que les propos de Trump étaient le reflet de l’ « arrogance américaine » qui avalera tout sur son passage si elle donne lieu à une « soumission des Arabes ».

« Si l’Égypte ou la Jordanie, voire les deux, décident de défier l’Amérique, le Yémen sera de toutes ses forces avec elles, dans toute la mesure du possible et sans restrictions », a-t-il ajouté.

Les Houthis soutenus par l’Iran ont, à plusieurs reprises, attaqué Israël et des navires marchands depuis l’attaque du Hamas, en signe de soutien au groupe terroriste. Le slogan du mouvement demande « la mort d’Israël » et « la malédiction des Juifs ».

La Turquie a elle aussi jugé « inacceptable » le projet de déplacer la population de Gaza.

Aux Pays-Bas, Geert Wilders, chef du parti d’extrême droite PVV et fervent partisan de l’État juif, a publié un tweet suite aux propos de Trump sur X qui dit : « Très vrai @realDonaldTrump ! Comme je l’ai toujours dit : Jordanie = Palestine. Que les Palestiniens s’installent en Jordanie. Et le problème de Gaza sera résolu ! »

La bande de Gaza « appartient aux Palestiniens » et doit « tout comme la Cisjordanie et Jérusalem-Est » faire partie du « futur Etat palestinien », a répondu mercredi la ministre allemande des Affaires étrangères aux propos de Donald Trump. « La population civile de Gaza ne doit pas être expulsée et Gaza ne doit pas être occupée de manière durable, ou de nouveau colonisée », a déclaré Annalena Baerbock dans un communiqué.

« L’avenir de Gaza doit s’inscrire non dans la perspective d’un contrôle par un Etat tiers mais dans le cadre d’un futur Etat palestinien, sous l’égide de l’Autorité palestinienne », précise de son côté le Quai d’Orsay dans un communiqué, en réitérant l’opposition de la France à « tout déplacement forcé de la population palestinienne de Gaza ». « Nous nous en tenons à notre politique qui est: pas de déplacement des populations, la recherche d’un cessez-le-feu temporaire vers un processus de paix et une solution à deux États » israélien et palestinien, a souligné la porte-parole du gouvernement français, Sophie Primas.

« Ils doivent pouvoir revenir chez eux. Ils doivent pouvoir reconstruire, et nous devons être avec eux dans cette reconstruction, sur le chemin d’une solution à deux Etats », a dit le Premier ministre britannique Keir Starmer. « Nous devons voir les Palestiniens pouvoir vivre et prospérer dans leurs territoires, à Gaza, en Cisjordanie », a dit le chef de la diplomatie britannique, David Lammy lors d’un déplacement à Kiev.

Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, rejette également cette proposition. « Je veux être très clair sur ce point : Gaza est la terre des Palestiniens de Gaza et ils doivent rester à Gaza », a déclaré Albares aux journalistes. « Gaza fait partie du futur État palestinien que l’Espagne soutient et doit coexister en garantissant la prospérité et la sécurité de l’État israélien », a-t-il ajouté.

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a déclaré que son gouvernement était favorable à une solution à deux États au Moyen-Orient, suite à l’annonce choc du président américain Donald Trump de vouloir prendre le contrôle de la bande de Gaza.

« La position de l’Australie est la même que ce matin, que l’année dernière », déclare Albanese lors d’une conférence de presse. « Le gouvernement australien soutient, sur une base bipartisane, une solution à deux États ».

Par ailleurs, le ministère néo-zélandais des Affaires étrangères a déclaré par voie de communiqué que son « soutien de longue date à une solution à deux États demeurait inchangé » et qu’il « ne commenterait pas toutes les propositions faites ».

La Chine a dit mercredi s’opposer au déplacement « forcé » des Palestiniens de la bande de Gaza, après l’annonce du président Donald Trump.

« La Chine a toujours soutenu le fait qu’une gouvernance palestinienne sur les Palestiniens était le principe de base de la gouvernance d’après-guerre de Gaza et nous sommes opposés au transfert forcé des habitants de Gaza », a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Lin Jian, interrogé au sujet des projets du dirigeant américain lors d’une conférence de presse habituelle.

« Ceux qui doivent veiller sur Gaza, ce sont les Palestiniens, qui ont besoin d’une réparation pour tout ce qui a été détruit afin qu’ils puissent reconstruire leurs maisons, leurs hôpitaux, leurs écoles et vivre dans la dignité et le respect », a affirmé le président brésilien de gauche Luiz Inácio Lula da Silva lors d’une interview avec une radio brésilienne. La proposition est « quasiment incompréhensible », a-t-il soutenu.

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