Réduire le stress changerait la vie des femmes ayant un risque élevé de cancer – étude
Des techniques d'adaptation peuvent aider les patientes confrontées à une intervention chirurgicale susceptible de leur sauver la vie
Une étude israélienne a mis en lumière les avantages majeurs des mesures de réduction du stress pour les femmes présentant un risque élevé de cancer.
La réduction du stress peut avoir un effet si fort sur l’état psychologique d’une personne qu’elle peut même permettre aux femmes de se sentir plus à même d’affronter une intervention chirurgicale telle que l’ablation d’un sein, qui peut leur sauver la vie, selon les conclusions d’une récente étude.
Elle peut également améliorer considérablement le bien-être émotionnel et la qualité du sommeil d’un groupe démographique qui a tendance à être très stressé et inquiet face au risque élevé de développer un cancer.
Les femmes présentant des variantes malignes du gène BRCA1 ou BRCA2 ont un risque considérablement accru de cancer du sein et de l’ovaire.
Ces variantes sont particulièrement courantes chez les Juives ashkénazes, puisqu’on les retrouve chez une femme sur 40 de cette population. Le spectre d’un risque élevé de cancer jette souvent une ombre sur le bien-être et la santé mentale des femmes.
Selon les centres américains de contrôle et de prévention des maladies, environ 50 % des femmes porteuses d’une mutation du gène BRCA se verront diagnostiquer un cancer du sein avant l’âge de 70 ans, contre 7 % des femmes de la population américaine générale. Pour le cancer de l’ovaire, le chiffre est de 30 %, contre moins de 1 %.
Ce risque accru va souvent de pair avec des difficultés psychologiques et un sommeil perturbé. C’est ce qui a incité des chercheurs de l’université de Tel Aviv à examiner si des ateliers et des outils visant à promouvoir la santé personnelle, le soulagement du stress et des tensions et le renforcement de la santé mentale peuvent améliorer le bien-être émotionnel des porteuses des gènes BRCA1 ou BRCA2.
« Nous avons constaté que les avantages étaient importants – notamment la prise en charge du sommeil perturbé et son retour à la normale – et nous pensons que les résultats indiquent que les soins aux personnes porteuses de mutations devraient inclure davantage d’éléments psychologiques », a déclaré au Times of Israel le Dr. Shahar Lev-Ari de la faculté de médecine de l’université de Tel Aviv, l’un des chercheurs à l’origine de l’étude.
Selon lui, les femmes qui savent qu’elles sont porteuses d’une mutation sont confrontées à une situation difficile et beaucoup d’entre elles repoussent les décisions concernant des mesures qui pourraient leur sauver la vie, comme la décision de subir une mastectomie et/ou une ovariectomie pour réduire les risques. Cette mesure est recommandée à de nombreuses femmes vers l’âge de 40 ans, mais « la charge émotionnelle empêche beaucoup d’entre elles de prendre une décision », a noté le Dr. Lev-Ari.
« Nous parlons d’une population qui se compose souvent de jeunes femmes dont les mères ont, ou ont eu un cancer, et qui considèrent la mutation comme une bombe à retardement. Beaucoup subissent une mastectomie ou une ovariectomie après avoir eu des enfants, mais certaines luttent avec cette décision, et indépendamment de cela, les gens vivent avec de nombreuses peurs, au sujet de l’avenir, comme ne pas voir leurs enfants grandir, et plus encore. »
L’étude a porté sur 100 Israéliennes porteuses d’une mutation génétique, qui ont commencé à suivre des ateliers et des auto-pratiques de la technique de réduction du stress basée sur l’étude. Selon le Dr. Lev-Ari, les résultats seront également valables pour d’autres approches de réduction du stress.
Il a déclaré qu’après avoir participé aux ateliers et à l’auto-pratique, les porteuses ont montré une amélioration significative des relations positives avec leur entourage, des objectifs de vie et de l’acceptation de soi. « L’amélioration de la qualité du sommeil est un gain important en termes de qualité de vie », a-t-il ajouté.
Les chercheurs ont constaté un changement d’attitude à l’égard de la chirurgie chez les participantes, certaines passant d’une position d’exclusion de toute procédure à une prise de rendez-vous.
Le Dr. Lev-Ari et ses collègues, le professeur Eitan Friedman de l’hôpital Sheba et Clara Landau, étudiante en doctorat, sont impatients de voir leurs conclusions avoir un impact sur les politiques.
« Nous recommandons aux systèmes de santé de donner aux femmes des outils leur permettant de prendre soin, non seulement de leur corps, mais aussi de leur apporter un soutien psychologique et émotionnel », a-t-il commenté.