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Réforme : Pour Rivlin, même un compromis pourrait nuire à la démocratie

Lors de cette première interview télévisée depuis qu'il a quitté le pouvoir, Rivlin a dit soutenir le ministre de la Défense même s'il n'a pas manifesté, par retenue

Le président de l'époque, Reuven Rivlin, à la résidence du président à Jérusalem, le 5 avril 2021. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Le président de l'époque, Reuven Rivlin, à la résidence du président à Jérusalem, le 5 avril 2021. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Dans sa première interview télévisée depuis qu’il a quitté ses fonctions, l’ex-président Reuven Rivlin a déclaré que même un compromis sur la réforme judiciaire controversée de la coalition nuirait au caractère démocratique d’Israël.

« On ne fait pas de compromis sur la démocratie », a déclaré Rivlin dans une interview à la Treizième chaine qui sera diffusée samedi et dont la chaine a publié des extraits, hier jeudi.

Rivlin s’est par ailleurs dit partagé sur sa décision de ne pas se manifester lorsque le Premier ministre Benjamin Netanyahu a annoncé, en mars, le limogeage du ministre de la Défense Yoav Gallant, favorable à l’arrêt de la réforme. Le Premier ministre était rapidement revenu sur cette décision.

« Pourquoi ne suis-je pas descendu dans la rue ? C’est ce que je me suis demandé », a déclaré Rivlin. « Je ne pouvais pas le faire parce que j’ai été président, et la coutume ne le permet pas. Je ne l’ai pas fait par respect pour la présidence, mais en tant que citoyen né dans l’État d’Israël. »

« Ça a été un moment de grande inquiétude sur ce qui se passait dans l’ensemble du système », a-t-il ajouté.

Netanyahu a suspendu le projet de réforme suite aux manifestations de grande ampleur et à la grève générale organisée en réaction à l’annonce du limogeage de Gallant, ce qui a permis la tenue de pourparlers de compromis entre l’opposition et la coalition sous les auspices du président Isaac Herzog.

A LIRE : Comment Yoav Gallant, l’ancien paria, a été réhabilité par Netanyahu

Ouverts depuis près de deux mois, ces pourparlers n’auraient, de l’aveu même de sources proches du dossier, enregistré aucun progrès tangible.

Des Israéliens bloquent l’autoroute Ayalon à Tel Aviv lors d’une manifestation contre le projet de réforme judiciaire du gouvernement israélien, le 26 mars 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Netanyahu a réintégré Gallant quelques semaines après son limogeage, confronté à la baisse du soutien de la population dans les sondages et à la colère, teintée d’inquiétude, face à la vague de violences qui sévit un peu partout dans le pays.

Rivlin dit avoir appelé Gallant la nuit de son limogeage pour lui dire qu’il respectait « les personnes courageuses qui défendent leurs opinions, même lorsque leur avenir personnel est en jeu ».

« Il a pris une décision courageuse, et il a fait comprendre au Premier ministre que son rôle en tant que ministre de la Défense était très important, que le Premier ministre et le ministre de la Défense devaient coopérer avant toute chose, et soigner leurs relations, même lorsqu’ils ne sont pas d’accord », a déclaré Rivlin.

Ex-ministre du Likud, Rivlin a été président de 2014 à 2021. Dans un discours prononcé en décembre dernier, il avait qualifié le projet de réforme judiciaire de tentative de « détruire » les tribunaux, proposé dans une esprit « vengeur ».

Jusqu’en mars, la coalition a tenté de faire adopter un projet de loi de nature à subordonner la quasi-totalité des nominations judiciaires au gouvernement et de limiter les pouvoirs de surveillance de la Cour suprême.

Les opposants à cette réforme estiment qu’elle aura pour effet de priver la Cour suprême de son rôle de contrepouvoir face au gouvernement et de saper l’assise démocratique de l’Etat d’Israël. Ses partisans estiment pour leur part qu’elle est indispensable pour réfréner les ardeurs d’un système judiciaire qu’ils jugent par trop intrusif.

Une fois le budget de l’État approuvé, il est probable que la coalition reprenne son programme de réforme judiciaire.

Le projet de loi sur les nominations judiciaires est en effet sur le point d’être adopté et peut être soumis aux ultimes votes à tout moment. Pour autant, une telle décision ne pourrait que conduire à la reprise de forts troubles à l’ordre public.

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