La plupart des enfants ukrainiens et russes pas inscrits dans les écoles israéliennes
Selon le ministère de l’Éducation, seuls 2 653 des quelque 6 000 enfants qui ont rejoint Israël depuis l’invasion de l’Ukraine sont inscrits en vue de la rentrée, le 1er septembre
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Plus de la moitié des enfants qui ont récemment immigrés en Israël à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie ne sont pas encore inscrits pour la rentrée scolaire, ce jeudi, selon les données du gouvernement.
Les chiffres fournis au Times of Israel par le ministère de l’Éducation montrent que, sur les quelque 6 000 enfants âgés de 3 à 17 ans qui ont immigré en Israël au cours des six derniers mois en provenance d’Ukraine, Russie et Biélorussie, seuls 2 653 sont inscrits dans une école israélienne.
La situation est encore plus complexe pour les réfugiés ukrainiens inéligibles à la citoyenneté qui ont choisi de rester en Israël. Selon le ministère de l’Éducation, sur les 1 224 enfants d’âge scolaire ayant ce statut, seuls 288 sont inscrits dans le système scolaire israélien.
Cela ne signifie pas nécessairement que ces enfants ne recevront pas d’instruction. Certains enfants, en particulier les plus jeunes, peuvent être scolarisés à la maison par leurs parents, dont beaucoup n’ont pas encore trouvé de travail. Certains, plus âgés, peuvent choisir de continuer à étudier dans leur école ukrainienne, grâce aux cours à distance.
Deganit Sankar-Langa, directrice générale du ministère de l’Immigration et de l’Intégration, chargée de superviser l’intégration des immigrants dans la société israélienne, a déclaré au Times of Israel que ses services suivaient de près cette situation et encourageaient les parents à inscrire leurs enfants.
« Nous avons créé un tableau de bord, partagé avec le ministère de l’Éducation, pour suivre chaque enfant et voir s’il s’est inscrit ou non dans le système éducatif. Et pour savoir, si ce n’est pas fait, pour quelle raison cela n’a pas été fait », explique Sankar-Langa.
« [Ainsi], nous connaissons les motifs pour lesquels les enfants ne sont pas inscrits. Ce peut être le cas d’un enfant dont la mère n’est pas encore totalement installée et dont le père est toujours en Ukraine : ils n’ont pas encore décidé de l’endroit où l’enfant allait étudier. Ou encore celui d’enfants dont la mère, qui ne travaille pas encore, préfère rester avec eux, d’autant plus qu’ils ont vécu une expérience traumatisante. Elle ne veut pas les envoyer tout de suite à la maternelle. Ce ne sont là que quelques exemples », précise-t-elle.

Sankar-Langa indique clairement que le gouvernement comprend ces considérations. Toutefois, son ministère rappelle que l’inscription dans le système scolaire israélien représente l’un des moyens les plus sûrs d’intégrer les nouveaux immigrants, ainsi que leurs parents, au sein de la société israélienne. Ses services poursuivent donc la campagne de promotion de l’inscription dans le système éducatif.
« Comme chaque année, nous mettons l’accent sur l’éducation parce que nous pensons que c’est le moyen d’assurer la meilleure intégration possible », confie Sankar-Langa.
Depuis février, début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, plus de 12 000 personnes ont immigré d’Ukraine et près de 19 000 de Russie, dans ce qui constitue la plus importante vague d’immigration en Israël depuis une vingtaine d’années.
Contrairement à la plupart des immigrants en Israël, ces nouveaux arrivants n’ont guère eu le temps de préparer leur venue et certains ont fait le voyage avec à peine plus que les vêtements qu’ils portaient sur eux le jour du départ. Un certain nombre d’entre eux sont entrés en Israël avec un visa touristique et n’ont entamé le processus de naturalisation qu’une fois en Israël, ce qui rend leur suivi plus difficile pour les autorités.
« En cette année – cette année très spéciale -, nous avons déployé de gros efforts pour localiser les immigrants », concluait Sankar-Langa lors d’une interview téléphonique ce mois-ci.
« Ces gens, qui ont fui la guerre, sont arrivés en Israël avec quelques sacs en plastique et ils ne sont pas nécessairement passés par les canaux appropriés. Il était important de les localiser pour nous assurer qu’ils avaient connaissance des services mis à leur disposition par l’intermédiaire du gouvernement local. »