Rothman menace de porter plainte pour diffamation contre la Douzième chaîne
Selon la chaîne d’infos, le député aurait choqué les participants à l’audience en affirmant que "le sang de certains vaut plus que celui d'autres" ; l’élu dément catégoriquement
Le député de droite très controversé Simcha Rothman a menacé mercredi de poursuivre la Douzième chaîne, une chaîne d’information, pour diffamation, après la diffusion par celle-ci de propos qu’il aurait tenus au cours d’une récente audition à la Knesset, selon lesquels il aurait dit que la vie des résidents d’implantations tués lors d’une attaque terroriste au début de l’année valait plus que celle des Israéliens tués lors de l’attaque du Hamas, le 7 octobre, contre des communautés du sud du pays.
Selon la chaîne, Rothman aurait affirmé lors d’une réunion en début de semaine de la commission de la Constitution, du Droit et de la Justice qu’il préside, que « sang des frères Hallel et Yagel, que leur mémoire soit bénie, qui ont été assassinés à Huwara, est plus rouge que le sang de ceux qui ont été assassinés le 7 octobre. »
Ces propos font référence à une citation de la Guemara, et se réfèrent à la question de savoir si une vie a plus de valeur qu’une autre.
Hallel et Yagel Yaniv, deux frères originaires de l’implantation de Har Bracha en Cisjordanie, ont été abattus lors d’un attentat terroriste perpétré en février dans cette ville du nord de la Cisjordanie. Leur mort a été suivie d’un violent saccage perpétré par les habitants des implantations à Huwara, choquant le pays à la vue de ces derniers incendiant maisons et voitures des Palestiniens.
Rothman a démenti avec colère les informations diffusées par la Douzième chaîne, déclarant qu’il s’agissait d’une « diffamation mensongère et incendiaire ».
L’audience, à laquelle assistaient des fonctionnaires du ministère de la Justice et du Shin Bet, portait sur les mises à jour potentielles des lois antiterroristes dans le cadre de la guerre acharnée qu’Israël mène contre le Hamas à la suite des atrocités commises le 7 octobre.
La Douzième chaîne n’a pas fourni de contexte aux propos présumés de Rothman, mais a indiqué qu’ils avaient « choqué » les personnes présentes, certaines d’entre elles exigeant qu’il se rétracte, ce qu’il a fait.
Le reportage cite encore Rothman qui aurait également déclaré « qu’il n’aurait pas fallu faire couler autant de sang pour obtenir un changement de politique », tout en ajoutant : « Je ne fais pas confiance au discernement du Shin Bet. Vous avez déjà abusé de vos outils contre les Juifs ».
Dans son démenti concernant les informations, Rothman a déclaré : « Pour dissiper tout doute, je n’ai jamais dit ou laissé entendre que le sang d’une personne est plus rouge que celui d’une autre, de quelque manière que ce soit, que ce soit dans le cadre de discussions fermées ou ouvertes. C’est un pur mensonge ».
Dans une lettre adressée à la Douzième chaîne, l’avocat de Rothman a allégué ce qui suit : « Mon client a déclaré que le sang des personnes assassinées lors d’attaques terroristes antérieures aurait dû justifier un changement de politique, car leur sang était également rouge, ce qui est exactement le contraire de ce que vous avez prétendu ». Il a exigé que la Douzième chaîne rétracte son reportage sous peine de poursuites judiciaires.
Guy Peleg, de la Douzième chaîne, qui a rapporté les propos, a écrit sur X : « J’invite le député Rothman à me poursuivre en justice pour l’avoir diffamé. Je suis certain que les responsables du Shin Bet et du ministère de la Justice expliqueront clairement ce qui a été dit lors de l’audience ».
Rothman est depuis près d’un an une figure très controversée, en tant que fer de lance des projets de réforme judiciaire de la coalition. Il s’est servi de sa présidence de la commission de la Constitution pour faire adopter rapidement une série de lois visant à réduire radicalement le pouvoir du système judiciaire dans le cadre du vaste plan de refonte judiciaire du gouvernement, même si la plupart des projets de loi ont été gelés depuis.
Il a été critiqué par les opposants à la législation pour son attitude arrogante et souvent dédaigneuse face aux questions soulevées par l’opposition. Les députés de l’opposition l’ont accusé de faire passer les projets de loi à toute vitesse au sein de sa commission, sans y consacrer le temps ni la patience nécessaires à un débat de fond. Rothman a quant à lui soutenu avoir agi dans les règles de l’art tout au long du processus.