Sécheresse et vents forts en Israël, le cocktail parfait favorisant les incendies
Cette combinaison avait déjà été observée alors que l'État hébreu faisait face à des séries d'incendies dévastateurs en 2010 et 2016
Alors que les feux de broussailles se sont multipliés dans tout le pays, ces derniers jours, les spécialistes du climat avertissent que l’État juif est en train de connaître un renforcement d’une tendance à la sécheresse extrême, avec des conditions météorologiques similaires à celles qui avaient pu favoriser des incendies dévastateurs dans le pays, dans le passé.
« La semaine dernière, il y a eu une météo inhabituelle sur tout le territoire. Une extrême sécheresse qui a été accompagnée par des vents d’Est forts, d’une intensité qui n’avait pas été observée depuis plusieurs années », a commenté auprès du Times of Israel le docteur Amir Givati, expert du climat au sein de l’université de Tel Aviv.
« La sécheresse extrême de la végétation, associée à l’air sec et à ces vents d’Est forts qui ont soufflé sur tout le pays – tout cela a entraîné une vague de feux qui se sont rapidement propagés et également un voile lourd qui a recouvert le ciel du pays », a continué Givati, expliquant que ce voile avait été causé par certains vents forts qui avaient transporté du sable depuis les déserts d’Irak et de Jordanie.
« Des situations similaires d’extrême sécheresse étaient survenues en 2010 et 2016 », a poursuivi Givati, se référant à deux saisons particulièrement mauvaises en termes d’incendie de l’histoire d’Israël.
Les semaines qui avaient précédé l’incendie dévastateur du Carmel, au mois de décembre 2010, qui avait fait 44 morts, avaient été particulièrement sèches. Il n’y avait presque pas eu de précipitations pendant l’automne 2016 avant une vague nationale de feux qui avait chassé des milliers de citoyens hors de leurs maisons.
« La tendance est celle d’une augmentation de ce type d’événements dans notre région », a averti Givati.
Même si les prévisions annoncent de la pluie dans les prochains jours, la terre, aride, est souvent dans l’incapacité d’absorber des précipitations torrentielles, créant un phénomène d’écoulement généralisé susceptible d’entraîner des inondations.
Toutefois, les températures chaudes, au cours du dernier mois, n’ont rien eu à voir avec l’année dernière, quand Israël avait connu le mois de novembre le plus humide depuis 1994 avec des inondations graves qui avaient entraîné des dégâts dans plusieurs villes côtières.
Givati a déclaré que ce passage d’un extrême à l’autre devait servir de mise en garde face aux dangers du changement climatique.
« On observe l’augmentation de phénomènes qui s’écartent de ce qui devrait être la norme, et la hausse du nombre de phénomènes météorologiques extrêmes dans le monde et ici. Une année pluvieuse avec des inondations et, un an plus tard, une année de sécheresse et d’incendies », a-t-il expliqué.
« C’est un résultat direct du changement climatique. Le réchauffement global entraîne une augmentation des phénomènes extrêmes des deux côtés et on peut s’attendre à ce que ces phénomènes ne fassent qu’empirer dans notre région », a-t-il continué.
Givati a noté que les modèles climatiques prédisaient que la saison des pluies, en Israël, va continuer à raccourcir, se terminant plus tôt au printemps et commençant plus tard à l’automne.
Dans un avenir proche, il a estimé que les pluies hivernales arriveront, cette année, plus lentement – au moins pour commencer.
« Dans des scénarios futurs de ce type, nous connaîtrons de plus en plus de tempêtes de sable pendant l’automne et la saison estivale des incendies se prolongera dans l’automne », a-t-il indiqué.
Nir Stav, qui est chef des services météorologiques israéliens, s’est montré plus prudent face au changement extrême distinguant le mois de novembre 2020 et le mois de novembre 2021, affirmant que les mois d’octobre et de novembre sont connus pour être des moments de transition en matière de climat.
Stav a ainsi noté que les antécédents météorologiques du pays montraient que la météo « peut faire des zigzags » et qu’il n’est pas rare qu’un mois de novembre soit sec ou relativement sec, avec seulement quelques jours de pluie.
Il a néanmoins averti que la situation de chaleur et de sécheresse, en Israël, était le résultat du réchauffement global et que le temps était similaire à celui qui avait précédé les incendies gigantesques de 2010 et de 2016.
« Nous sommes au beau milieu d’une tendance au réchauffement et il est probable qu’une fois que ce mois sera terminé, nous allons découvrir qu’il a été l’un des mois de novembre les plus chauds que nous avons pu connaître », a-t-il confié au Times of Israel.
« Nous avons eu de nombreuses journées où les températures ont atteint, voire dépassé, les 30 degrés », a-t-il ajouté. « On pourra toujours, dans l’Histoire, retrouver de telles années mais il est clair qu’avec la hausse des températures, la probabilité d’un mois de novembre plus chaud est plus forte et on va voir une tendance marquée par un nombre croissant de jours, au mois de novembre, qui franchiront les 30 degrés d’une décennie à l’autre – un phénomène qui ne fera qu’augmenter avec le réchauffement climatique ».
Bien sûr, quand il y a des périodes prolongées sans pluie, quand le temps est sec, il y a des feux de forêt. Et c’est ce que nous avons constaté cette année », a-t-il renchéri.
Des centaines de familles ont été évacuées, samedi et dimanche, alors qu’Israël a connu une série de feux de broussailles dans un contexte de temps fort et sec, avec de forts vents d’Est. Un certain nombre de constructions ont été endommagées alors que des dizaines d’équipes de sapeurs-pompiers se sont battus contre les flammes, sur terre et dans l’air.
Stav a noté que c’était très précisément le même temps qui avait été observé en 2010 et en 2016.
« L’incendie du Carmel, en 2010, est arrivé au début du mois de décembre, au cours d’une journée chaude et sèche, et il n’y avait pas eu une goutte de pluie pendant tout le mois de novembre, il y avait également les vents d’Est forts qui nous balaient actuellement », a-t-il indiqué.
« Et au mois de novembre 2016, quand il y a eu des incendies dans tout le pays, c’était le même temps sec, avec les mêmes vents venant de l’Est. Ces situations arrivent et leur fréquence va probablement augmenter », a-t-il continué.