Soupçons de « terrorisme d’Etat iranien » en Europe : une troisième inculpation à Paris
Le cellule est soupçonnée d'avoir projeté des assassinats de personnes juives en Allemagne et en France ; les enquêteurs lui imputent aussi 4 incendies d'entreprises "appartenant à des ressortissants israéliens"
Une troisième personne a été inculpée jeudi à Paris, soupçonnée d’avoir projeté des assassinats de personnes juives en Allemagne et en France, dans un dossier de soupçons de « terrorisme d’Etat iranien » en Europe, a appris l’AFP de sources proches du dossier.
L’homme, âgé de 38 ans, avait déjà été interrogé en garde à vue au printemps dernier : il avait alors vivement contesté les accusations, selon l’une de ces sources.
Il n’avait pas été poursuivi, mais était retourné en prison où il était écroué dans une enquête pour trafic de stupéfiants.
Jeudi, un juge d’instruction antiterroriste l’a finalement inculpé pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, a confirmé le Parquet national antiterroriste (Pnat).
Il a comparu à huis clos devant une juge des libertés et de la détention, qui l’a également placé en détention provisoire. Sollicitée à l’issue de l’audience, son avocate n’a pas souhaité commenter.
Cette affaire, dit « Marco Polo », illustre la résurgence en Europe d’un « terrorisme d’Etat iranien », selon une synthèse de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) française, datant de début mai et dont l’AFP a eu connaissance.
« A partir de 2015, les services iraniens ont renoué avec une pratique d’assassinats ciblés qui n’avait plus été observée en Europe depuis une vingtaine d’années, en limitant leur exposition grâce au recrutement de criminels de droit commun », selon la DGSI.
Objectif : « frapper des cibles civiles » pour « accroître le sentiment d’insécurité au sein de l’opposition » au régime iranien et au sein « de la communauté juive et/ou israélienne ».
La cellule présumée s’organiserait autour d’un important narcotrafiquant de la région de Lyon (centre-est), qui se trouvait probablement en Iran en mai, d’après la synthèse.
Les cibles identifiées à ce stade : un ancien employé d’une société israélienne de sécurité vivant à Paris et trois de ses anciens collègues, en région parisienne, ainsi que trois Israélo-Allemands à Munich et à Berlin.
Les enquêteurs imputent aussi à cette cellule quatre incendies d’entreprises situées dans le sud de la France et « appartenant à des ressortissants israéliens », entre fin décembre 2023 et début janvier 2024, selon une source policière.
L’homme mis en examen jeudi est soupçonné d’avoir été un intermédiaire entre le « coordinateur » de la cellule présumée et son « principal opérateur »: un Franco-Algérien nommé Abdelkrim S., ancien codétenu, condamné à dix ans d’emprisonnement pour son implication dans une tuerie à Marseille (sud).
Abdelkrim S. et sa femme ont été inculpés en mai pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, puis écroués. Le couple réfute les accusations.