Trump a réservé son premier appel à un dirigeant étranger à MBS ; Rubio à Netanyahu
Mohammed ben Salmane prévoit d'investir 600 milliards de dollars aux États-Unis lors du second mandat de Trump ; Netanyahu reçoit un premier appel du nouveau secrétaire d'État Rubio, qui promet de « travailler sans relâche » pour la libération des otages
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane est devenu mercredi le premier dirigeant étranger à tenir un appel téléphonique avec le président américain Donald Trump depuis son retour au pouvoir cette semaine pour un second mandat.
La décision de s’entretenir d’abord avec le dirigeant saoudien de facto, connu sous ses initiales MBS, indique les priorités de l’administration Trump, le président ayant exprimé son désir d’élargir les accords d’Abraham par un accord de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite.
Cet accord ferait probablement partie d’un accord de défense massif que Ryad cherche à signer avec Washington, qui fournirait à l’Arabie saoudite des garanties de sécurité de la part des États-Unis en cas d’attaque et conduirait également à d’énormes investissements dans l’économie américaine.
Mais les Saoudiens ont depuis longtemps fait savoir qu’un tel accord nécessiterait une feuille de route vers un État palestinien. Depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre 2023, Ryad a intensifié sa rhétorique en ce sens.
Les proches du prince héritier ont réaffirmé qu’il ne serait plus capable d’accepter des mesures purement symboliques de la part d’Israël, et que des actions concrètes en ce sens seraient nécessaires. En outre, l’Arabie saoudite a clairement indiqué que la fin de la guerre à Gaza était également un pré-requis à toute discussion sur une potentielle normalisation.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu rejette depuis longtemps une solution à deux États, et même de petites avancées dans cette direction conduiraient probablement à l’effondrement de son gouvernement intransigeant sur la question.
Mohammed ben Salmane a déclaré à Trump, lors de leur appel de mercredi, que l’Arabie saoudite souhaitait porter ses investissements aux États-Unis à 600 milliards de dollars au cours des quatre prochaines années et que ce chiffre pourrait encore augmenter « si des opportunités supplémentaires se présentent », selon un communiqué publié par les médias d’État saoudiens.

Trump a indiqué au prince héritier saoudien qu’il se réjouissait de travailler avec Ryad pour faire avancer leurs intérêts communs, a ajouté le communiqué saoudien.
Aucun communiqué de la Maison Blanche n’a été publié dans l’immédiat, mais les deux hommes ont probablement aussi discuté de la décision de Trump de désigner à nouveau le mouvement des houthis du Yémen, soutenu par l’Iran, comme une « organisation terroriste étrangère ».
La Maison Blanche a annoncé cette décision peu de temps après la conversation entre les deux dirigeants. Il s’agit d’une mesure soutenue par Ryad, qui fait face depuis longtemps aux attaques des Houthis et soutient le gouvernement yéménite contre les groupes rebelles dans le cadre d’une guerre civile qui dure depuis des années et qui a décimé une grande partie du pays.
La première administration de Trump avait désigné les Houthis comme une organisation terroriste illégale, mais l’ancien président américain Joe Biden avait annulé cette décision parce qu’il craignait que la sanction la plus élevée n’empêche les organisations d’aide de fournir une assistance humanitaire aux populations civiles au Yémen.
Vers la fin de son mandat, Biden avait de nouveau désigné les Houthis comme des terroristes de niveau inférieur, après que le groupe rebelle a lancé une campagne d’attaques de missiles sur Israël et sur les navires occidentaux en mer Rouge, ce qui a gravement entravé l’économie mondiale. Les Houthis ont affirmé avoir pris cette mesure par solidarité avec les Palestiniens de Gaza et se sont engagés à poursuivre leurs attaques jusqu’à ce qu’Israël accepte un cessez-le-feu.
Mercredi, Trump a signé un décret ordonnant au département d’État de rédiger, dans les 30 jours, un rapport recommandant la réapplication du label « organisation terroriste étrangère » aux Houthis. Dans les 15 jours suivant la réception de ce rapport, le nouveau secrétaire d’État Marco Rubio devrait approuver la recommandation de classer les Houthis dans cette catégorie, selon le décret.

Une fois la désignation renouvelée, le décret stipule que l’Agence américaine pour le développement international et le département d’État doivent rompre leurs liens avec toute entité au Yémen ayant effectué des paiements aux Houthis ou s’étant opposée aux efforts internationaux de lutte contre le groupe rebelle.
Rubio promet de « travailler sans relâche » à la libération des otages
Mercredi, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a reçu son premier appel téléphonique avec Marco Rubio depuis que ce dernier est devenu le nouveau secrétaire d’État américain, succédant à Antony Blinken.
Rubio « a souligné que le maintien du soutien indéfectible des États-Unis à Israël était une priorité absolue » pour le président américain Donald Trump, selon un communiqué du département d’État.
Il « a fait savoir qu’il avait hâte de s’attaquer aux menaces posées par l’Iran et de poursuivre les opportunités de paix », selon le département d’État.
Le secrétaire d’État a également « félicité » Netanyahu « pour les succès d’Israël contre le Hamas et le Hezbollah et s’est engagé à travailler sans relâche pour aider à libérer tous les otages encore détenus à Gaza », a ajouté le communiqué.
Le cabinet du Premier ministre n’a pas fait de déclaration immédiate sur cet appel.
La libération des otages restants nécessitera probablement le respect de l’accord de cessez-le-feu que Trump a contribué à finaliser avant son retour à la Maison-Blanche au début du mois.

Netanyahu a envoyé des signaux contradictoires quant à sa volonté de voir l’accord se poursuivre à l’issue de sa première phase, puisqu’il s’est engagé à reprendre les combats si les négociations sur les termes de la deuxième phase de l’accord n’aboutissent pas au renversement du Hamas militairement et politiquement à Gaza, ce que le groupe terroriste n’accepterait a priori pas. Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a déclaré que Netanyahu lui avait donné l’assurance de reprendre les combats sans condition, alors que les négociations sur la deuxième phase devraient débuter le 3 février au plus tard.
Lors d’un appel avec le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, Abdullah bin Zayed, Marco Rubio a « souligné l’importance de [l’accord sur les otages] pour la sécurité et la stabilité régionales et la nécessité de continuer à le mettre en œuvre ».
Rubio a également souligné l’importance de poursuivre les discussions concernant « la planification post-conflit pour la gouvernance et la sécurité de Gaza à long terme », selon le communiqué américain.
Les EAU sont l’un des seuls pays qu’Israël a cherché à recruter pour jouer un rôle dans la gestion de la bande de Gaza après la guerre.
Abu Dhabi s’est dit prêt à le faire, mais a souligné à plusieurs reprises qu’il ne participerait à cet effort que s’il s’inscrivait dans le cadre de l’établissement d’un horizon politique pour les Palestiniens et si une Autorité palestinienne réformée faisait partie de ce processus. Netanyahu rejette depuis longtemps ces deux conditions.

Rubio s’est également entretenu avec Mohammed ben Salmane, « lui faisant savoir qu’il était impatient de faire progresser leurs intérêts communs en Syrie, au Liban, à Gaza et au-delà, tout en soulignant les menaces posées par l’Iran et ses mandataires », selon le communiqué de presse américain.
Le secrétaire d’État « a exprimé son appréciation du partenariat avec l’Arabie saoudite et de ses efforts pour promouvoir la paix et la stabilité régionales », selon le communiqué.
Quelques jours après la publication d’un rapport selon lequel les États-Unis envisagent de reloger temporairement certains des deux millions d’habitants de Gaza en Indonésie pendant la reconstruction de l’enclave après la guerre, Rubio s’est également entretenu par téléphone avec le ministre des Affaires étrangères de Jakarta, Sugiono.
« Rubio a salué la volonté de l’Indonésie de s’engager en faveur de la paix au Moyen-Orient et de la reconstruction post-conflit », selon un communiqué des États-Unis.
Le président indonésien Prabowo Subianto a déclaré l’année dernière que son pays était prêt à envoyer des troupes de maintien de la paix pour faire respecter un cessez-le-feu à Gaza si nécessaire.
Le Times of Israel a révélé en 2021 que l’administration Trump était sur le point de négocier un accord de normalisation entre Israël et l’Indonésie, mais qu’elle avait manqué de temps avant la fin de son mandat.

L’envoyé de Donald Trump au Proche-Orient, Steve Witkoff, a affirmé mercredi qu’il s’engageait à poursuivre les négociations pour conclure la deuxième phase de l’accord sur les otages, permettant aux otages encore en vie d’être libérés.
« Nous devons nous assurer que la mise en œuvre [de la première phase de l’accord] se passe bien, car si elle se passe bien, nous entrerons dans la deuxième phase, et nous aurons beaucoup plus de personnes vivantes libérées », a déclaré Witkoff lors d’une interview accordée à Fox News.
Alors que Trump a déclaré qu’il souhaitait la libération de tous les otages et la fin de la guerre, il a admis lundi qu’il n’était pas convaincu que le cessez-le-feu tiendrait.
Interrogé sur ce manque de confiance, Witkoff a déclaré qu’il était d’accord avec le président et que la mise en œuvre de la deuxième phase de l’accord serait probablement plus difficile que l’accord initial.
Des responsables arabes des pays médiateurs ont déclaré au Times of Israel que le rôle de Witkoff avait été essentiel pour que l’accord sur les otages aboutisse, notamment en raison de la pression qu’il a exercée sur Netanyahu lors d’une réunion à Jérusalem le 11 janvier, ce qui a permis de faire avancer les négociations.

Interrogé sur ce qu’il a dit aux parties pendant les négociations, M. Witkoff dit avoir souligné la menace de M. Trump de « faire payer l’enfer » à la région si les otages n’étaient pas libérés avant son investiture le 20 janvier.
Witkoff a évoqué son objectif d’étendre les accords d’Abraham, insistant sur le fait que tous les pays de la région pourraient éventuellement rejoindre l’alliance.
« La normalisation est une opportunité extraordinaire pour la région. C’est en fait le début de la fin de la guerre, ce qui signifie que toute la région devient investissable [et] finançable », a-t-il expliqué. « Les banques n’ont plus à se demander si les Houthis, le Hezbollah ou le Hamas vont tirer un missile et détruire un centre de données à grande échelle. »
Il a noté que la condition préalable à l’élargissement des accords d’Abraham était un cessez-le-feu à Gaza.
Interrogé sur les candidats potentiels à l’adhésion aux accords d’Abraham, Steve Witkoff a mis en avant le Qatar, louant le rôle de son Premier ministre dans la médiation entre Israël et le Hamas. Doha affirme depuis longtemps qu’il ne normalisera pas ses relations avec Israël tant qu’un État palestinien n’aura pas été créé.