Trump et le G7 appellent à la « désescalade » en Iran, mais le président rejette toute trêve
Les dirigeants ont "toujours clairement indiqué que l'Iran ne pourrait jamais se doter de l'arme nucléaire" ; Emmanuel Macron critiqué pour avoir diffusé des informations erronées

Donald Trump a quitté prématurément le sommet du G7 au Canada, assurant sans autre explication que son départ n’avait « rien à voir » avec des efforts en vue d’un cessez-le-feu au Moyen-Orient.
Le départ anticipé de Trump renforce l’incertitude autour de l’affrontement militaire entre Israël et l’Iran, sujet principal des discussions entre les dirigeants des pays du « Groupe des 7 » (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, Etats-Unis, France, Italie et Japon) qui vont se poursuivre mardi sans le président américain.
Trump figurait parmi les dirigeants qui ont signé la déclaration, qui marque le premier appel officiel de Washington à désamorcer le conflit désormais ouvert entre Jérusalem et Téhéran, alors que les deux ennemis jurés s’affrontent pour le cinquième jour consécutif.
Selon des médias américains, le président américain va se rendre dans la « Situation Room », la salle de crise de la Maison Blanche où les présidents américains réunissent leur Conseil de sécurité nationale dans les moments de crise géopolitique ou lorsqu’ils ordonnent des opérations militaires importantes.
Peu avant le départ lundi du président américain du Canada, les dirigeants du G7 avaient publié une déclaration commune appelant à une « désescalade » en Iran et à un cessez-le-feu à Gaza, tout en soulignant le droit d’Israël à se défendre dans le contexte de la crise qui s’aggrave au Moyen-Orient, lors de la réunion du forum au Canada.
Selon eux, « l’Iran est la principale source d’instabilité et de terrorisme dans la région » et « nous avons toujours été clairs sur le fait que l’Iran ne pourra jamais disposer d’une arme nucléaire ».

Lors du sommet, Trump a averti que Téhéran devait mettre un frein à son programme nucléaire avant qu’il ne soit « trop tard ». Il a déclaré que les dirigeants iraniens « souhaitaient discuter », mais qu’ils avaient déjà eu 60 jours pour parvenir à un accord sur leurs ambitions nucléaires et qu’ils n’y étaient pas parvenus avant le début des frappes aériennes israéliennes.
« Ils doivent conclure un accord », a-t-il déclaré.
« L’Iran aurait dû signer l’accord que je lui avais demandé de signer. Quelle honte, et quel gâchis en vies humaines. En termes simples, L’IRAN NE PEUT PAS AVOIR L’ARMEMENT NUCLÉAIRE. Je l’ai répété à maintes reprises ! Tout le monde doit évacuer Téhéran immédiatement ! », a écrit Trump sur sa plateforme de réseau social Truth, sans préciser pourquoi la capitale iranienne, qui compte 10 millions d’habitants, devait être évacuée.
Signe des divisions qui traversent ce G7, Trump s’en est pris à son homologue français Emmanuel Macron, lui reprochant d’avoir présenté de façon « erronée » que son départ du Canada visait à œuvrer en faveur d’un cessez-le-feu entre Israël et l’Iran.
« Faux ! Il n’a aucune idée de la raison pour laquelle je suis maintenant en route pour Washington, mais cela n’a certainement rien à voir avec un cessez-le-feu. C’est beaucoup plus gros que ça », a lâché Trump sur son réseau Truth Social.
Le président n’a pas précisé sur quoi il travaillait exactement, mais a laissé entendre qu’il s’agissait de « quelque chose de beaucoup plus important ».
« Volontairement ou pas, Emmanuel ne comprend jamais rien », a asséné le président américain, ajoutant : « Restez à l’écoute. »
Auparavant, le président français avait affirmé en marge du sommet qu’une « offre […] d’une rencontre et d’échange » avait été faite aux Iraniens par les Américains, ajoutant : « Si les Etats-Unis peuvent obtenir un cessez-le-feu, c’est une très bonne chose. »

Signaux confus
Pour la cinquième nuit consécutive, Israël et l’Iran ont échangé tirs de missiles et menaces guerrières. Téhéran annonçant des frappes « sans interruption jusqu’à l’aube » après une nouvelle vague d’attaques israéliennes.
Trump a multiplié les signaux contradictoires.
Il avait assuré dans la journée qu’un « accord » allait être trouvé concernant le conflit entre l’Iran et Israël. Avant de lancer sur son réseau Truth Social ce message alarmiste : « Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement. »
Alors que les spéculations enflent sur une participation américaine active à l’offensive aérienne sans précédent d’Israël, la Maison Blanche a redit que les forces américaines restaient « dans une posture défensive » au Moyen-Orient.
Le site Axios affirme par ailleurs que l’exécutif américain n’a pas abandonné la voie diplomatique, et discute avec l’Iran d’une possible rencontre entre l’émissaire spécial pour le Moyen-Orient Steve Witkoff et le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi.

Nouvelles sanctions
Le départ de Trump a par ailleurs annulé de fait la rencontre bilatérale prévue ce mardi avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Il pourrait aussi modifier les plans du Premier ministre britannique Keir Starmer : il avait prévu d’annoncer mardi avec ses partenaires du G7 de nouvelles sanctions économiques contre Moscou pour « brider la machine de guerre » de Vladimir Poutine, selon un communiqué publié lundi soir par le gouvernement britannique.
Trump avait exprimé dès lundi son scepticisme face à toute nouvelle mesure contre Moscou : « Les sanctions, ce n’est pas si simple », avait-il lancé, qualifiant aussi d' »erreur » la décision d’expulser la Russie de ce qui était alors le G8, après l’annexion de la Crimée par Moscou en 2014.
Alors que des bombardements russes ont fait au moins 14 morts dans la nuit de lundi à mardi à Kiev, la présidence ukrainienne a regretté mardi l’absence de « réaction adéquate du monde civilisé ».
Tensions commerciales
L’objectif de nombreux dirigeants présents était de désamorcer l’offensive commerciale de Trump. Le président américain a imposé des droits de douane de 10 % minimum sur la plupart des produits importés aux Etats-Unis et menace d’augmenter encore le niveau des taxes.
Trump et Starmer ont confirmé les grandes lignes de leur entente commerciale trouvée en mai. De leur côté, les Canadiens ont indiqué qu’Ottawa et Washington avaient promis d’aboutir à un accord dans les 30 jours.
Et la présidente de l’exécutif européen Ursula von der Leyen a indiqué sur le réseau social X, après une rencontre avec Trump, que les équipes américaines et européennes allaient « accélérer le travail en vue d’un accord [commercial] juste et bon ».
Le conflit entre Israël et l’Iran s’est intensifié dans la nuit de jeudi à vendredi avec l’attaque surprise de l’armée israélienne contre des cibles militaires et nucléaires à travers l’Iran, alors que les négociations entre Washington et Téhéran visant à conclure un accord pour limiter le programme nucléaire iranien étaient au point mort.
Depuis l’attaque israélienne contre ses infrastructures nucléaires et militaires, l’Iran a lancé des centaines de missiles balistiques et de drones sur Israël, tuant 24 civils.
Parallèlement, l’armée israélienne a continué de frapper l’Iran, touchant chaque jour des dizaines de cibles militaires et nucléaires.

Selon un article publié lundi dans le Wall Street Journal, l’Iran aurait envoyé des messages urgents à Washington et à Jérusalem par l’intermédiaire d’émissaires arabes, exprimant son souhait de mettre fin au conflit avec Israël et de reprendre les négociations sur le nucléaire avec les États-Unis.
Alors que les avions israéliens opèrent librement au-dessus de Téhéran et que les contre-attaques iraniennes ne causent que des dégâts limités, les dirigeants israéliens n’ont guère intérêt à mettre fin à leur offensive avant d’avoir démantelé davantage les infrastructures nucléaires iraniennes et affaibli le régime des ayatollahs, note l’article.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré dimanche qu’Israël était prêt à mettre fin à sa campagne si l’Iran acceptait les exigences américaines de démanteler son programme nucléaire.
Sinon, « cela prendra fin lorsque nous aurons supprimé ces capacités, et nous le ferons », a-t-il déclaré.