Turquie : arrestation de 33 personnes soupçonnées d’espionnage au profit d’Israël
Treize autres suspects, accusés des mêmes faits, sont actuellement recherchés

Trente-trois personnes soupçonnées d’espionnage au profit d’Israël ont été arrêtées en Turquie, ont annoncé mardi les agences de presse turques Anadolu et DHA.
Les suspects, interpellés dans plusieurs provinces du pays, sont soupçonnés d’avoir espionné des ressortissants étrangers résidant en Turquie pour le compte des services secrets israéliens, a indiqué l’agence de presse officielle Anadolu.
Treize autres suspects, accusés des mêmes faits, sont actuellement recherchés, ont ajouté Anadolu et l’agence de presse privée DHA.
Les nationalités des mis en cause n’ont pas été précisées.
Le ministre turc de l’Intérieur Ali Yerlikaya a affirmé sur le réseau social X que les services de renseignement israéliens préparaient l' »agression » ou l' »enlèvement » de certains des étrangers espionnés.
L’organisation nationale de renseignement de la Turquie, le MIT, a publié mardi après-midi davantage de détails sur les arrestations, affirmant que le Mossad recrutait des informateurs en publiant de vagues annonces d’emploi sur les réseaux sociaux pour établir un premier contact.

Ceux qui répondaient étaient ensuite invités à effectuer des tâches spécifiques à court terme telles que « la collecte d’informations, la recherche, la photographie/filmer des cibles, la surveillance, le placement de dispositifs GPS sur des véhicules ciblés, l’agression, le vol, l’incendie criminel, l’intimidation et le chantage », a déclaré le MIT.
Le Mossad aurait également diffusé de la désinformation en lançant des sites web et des journaux en ligne. Israël s’appuie sur Telegram et WhatsApp pour maintenir le contact, a indiqué le MIT dans un communiqué adressé à la presse locale.
Le Mossad utiliserait des intermédiaires pour payer à l’aide de crypto-monnaies, à qui l’on dit qu’ils livrent des paiements de jeux d’argent illégaux.
Lorsque les agents israéliens trouvent des recrues particulièrement compétentes, selon le communiqué de presse, ils les hébergent dans des hôtels de luxe, les emmènent au restaurant et les invitent à des voyages. Ils sont également soumis à un teste au polygraphe.
Selon le MIT, les agents du Mossad apporteraient de l’argent liquide pour payer les meilleures recrues. Ils le transporteraient dans des sacs à compartiments secrets pour passer les contrôles aux rayons X et les fouilles canines dans les aéroports.
Lorsque les informateurs rencontreraient leurs agents, ils recevraient des systèmes de communication et seraient préparés aux communications secrètes. Ils seraient également formés par les Israéliens à la « surveillance, à la documentation photographique, au repérage, à la rédaction de rapports et à la sécurité opérationnelle », selon la Turquie.
Ils participeraient également au trafic d’êtres humains et à la contrebande entre l’Iran et l’Irak et la Turquie, à la recherche de pirates informatiques, à la localisation de refuges et à la location d’ambulances pour les opérations, a affirmé le MIT.
Le ministère israélien des Affaires étrangères a refusé de commenter les arrestations signalées.
Depuis le début du conflit entre Israël et le groupe terroriste islamiste palestinien du Hamas début octobre, le président turc Recep Tayyip Erdogan, allié traditionnel de la cause palestinienne, a multiplié les invectives à l’égard d’Israël.
La guerre à Gaza a éclaté lorsque le Hamas a envoyé 3 000 terroristes armés en Israël, le 7 octobre, pour mener une attaque brutale au cours de laquelle ils ont tué près de 1 200 personnes. Les terroristes ont également pris en otage plus de 240 personnes, pour la plupart des civils, et les ont emmenées à Gaza. Israël a réagi en lançant une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages.
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Mardi, le chef de l’Etat turc a dénoncé une « tentative de sabotage contre la Turquie et ses intérêts ». « Nous allons stopper ce manège », a-t-il dit.
Israël a demandé mi-octobre à ses ressortissants et ses diplomates en poste en Turquie de quitter le pays par mesure de sécurité.