Un 5e Israélien en détention administrative suite aux saccages anti-palestiniens
Aviah Aryeh, 20 ans, aurait attaqué des Palestiniens et détruit des biens à Luban a-Sharqiya à la suite de l'attentat d'Eli, mais les autorités manquent de preuves pour l'inculper
Un cinquième Israélien soupçonné d’être impliqué dans les saccages perpétrés par des résidents d’implantations dans des villes palestiniennes le mois dernier a été placé en détention administrative lundi, alors que le ministère de la Défense a élargi sa politique controversée de détention de suspects sans inculpation, qu’il ne déploie en grande partie que contre les Palestiniens.
Aviah Aryeh, 20 ans, originaire de l’implantation de Bruchin, dans le nord de la Cisjordanie, aurait participé à une émeute de résidents d’implantations dans le village palestinien voisin de Luban a-Sharqiya, au cours de laquelle il aurait attaqué des civils et vandalisé des biens, selon le quotidien Haaretz. Aryeh a été arrêté dimanche et le ministre de la Défense Yoav Gallant a signé un ordre administratif de quatre mois à la suite d’une recommandation de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet.
Cet outil est généralement utilisé lorsque les autorités disposent de renseignements permettant de lier un suspect à un crime, mais qu’elles n’ont pas suffisamment de preuves pour que les accusations puissent être retenues devant un tribunal. Son utilisation contre les résidents d’implantations extrémistes est devenue plus courante ces derniers temps, car nombre d’entre eux invoquent leur droit à garder le silence et refusent de coopérer aux enquêtes. En outre, la police met plus de temps pour arriver sur les lieux des crimes commis contre des Palestiniens en Cisjordanie et ne recueille souvent pas les preuves à temps, voire pas du tout.
Selon Haaretz, quatre autres jeunes Israéliens juifs sont actuellement en détention administrative à la suite des émeutes des résidents d’implantations du mois dernier, qui se sont principalement déroulées dans les villes palestiniennes de Turmus Ayya et d’Urif : Shmuel Shahar, Yair Lubetsky, Yosef Yitzhak Kosaks et Shmuel Aryeh Shusterman. Lors du saccage de Turmus Ayya, un Palestinien a été tué dans des circonstances encore floues, mais la police n’a pas encore annoncé l’ouverture d’une enquête à ce sujet.
Après l’attentat terroriste de l’implantation d’Eli, le 20 juin, des centaines de résidents d’implantations ont saccagé les villes et villages palestiniens pendant cinq jours, mettant le feu à des maisons et à des voitures, et ouvrant même le feu dans certains cas.
Une émeute dans le village de Turmus Ayya, au cours de laquelle un Palestinien a été tué et 12 autres blessés, a été marquée par des incendies criminels, des actes de vandalisme et des tirs à balles réelles. Au début de l’année, le village palestinien de Huwara avait été le théâtre d’un déchaînement brutal, également à la suite d’un attentat terroriste palestinien meurtrier.
Ces violences ont suscité une vague de condamnations internationales et relancé un débat national sur l’extrémisme juif et le rôle de la police et des services de sécurité dans la lutte contre ce type d’activité.
Israël détient actuellement 1 128 Palestiniens sans procès ni inculpation, le chiffre le plus élevé depuis 2003, a déclaré la semaine dernière le groupe israélien de défense des droits HaMoked.
Le nombre de personnes placées en détention administrative n’a cessé d’augmenter au cours des dix-huit derniers mois, Israël ayant procédé à des arrestations quasi-quotidiennes en Cisjordanie en réponse à une série d’attentats terroristes meurtriers contre des Israéliens.
Israël affirme que la détention administrative est un outil qui permet de tenir les terroristes dangereux à l’écart des rues et qui permet au gouvernement de détenir des suspects sans divulguer de renseignements sensibles. Ses détracteurs affirment que cette politique prive les prisonniers d’une procédure régulière.
Les détentions doivent être renouvelées par un tribunal militaire tous les six mois, et les prisonniers peuvent rester en prison pendant des années dans le cadre de cette mesure.
Certains ont recours à des grèves de la faim qui mettent leur vie en danger pour attirer l’attention sur leur détention, ce qui accroît souvent les tensions entre Israël et les Palestiniens.
Des membres du gouvernement d’extrême-droite, et notamment le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, ont demandé à Gallant de cesser d’utiliser cet outil contre les Juifs israéliens, tout en soutenant la poursuite de son utilisation contre les Palestiniens et son expansion contre les Arabes israéliens.
Emanuel Fabian a contribué à cet article.