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Un Américain néo-nazi jugé après une attaque meurtrière à Charlottesville

James Fields est accusé d'avoir causé la mort d'une manifestante de 32 ans, Heather Heyer, et d'avoir blessé plusieurs personnes en fonçant dans la foule en 2017

Susan Bro, mère de Heather Heyer, qui a été tuée lors du rassemblement Unite the Right l'année dernière, regarde des souvenirs dans son bureau de Charlottesville, en Virginie, le lundi 6 août 2018. (Crédit : AP / Steve Helber)
Susan Bro, mère de Heather Heyer, qui a été tuée lors du rassemblement Unite the Right l'année dernière, regarde des souvenirs dans son bureau de Charlottesville, en Virginie, le lundi 6 août 2018. (Crédit : AP / Steve Helber)

Le procès d’un néo-nazi américain accusé d’avoir intentionnellement percuté avec sa voiture des manifestants anti-racistes en 2017 à Charlottesville a débuté lundi dans cette ville de Virginie devenue le symbole de la montée des tensions raciales sous la présidence de Donald Trump.

James Fields, 21 ans, n’a pas dit un mot au premier jour de son procès mais le juge Richard Moore a rappelé qu’il avait plaidé non coupable à toutes les charges retenues contre lui.

Le jeune homme est accusé d’avoir causé la mort d’une manifestante de 32 ans, Heather Heyer, et d’avoir blessé plusieurs personnes en fonçant dans la foule avec son véhicule avant de prendre la fuite.

Donnant un aperçu de la façon dont pourrait s’articuler leur défense ces prochaines semaines, les avocats de M. Fields ont notamment demandé aux jurés potentiels s’ils considéraient qu’avoir recours à la violence était acceptable en situation de légitime défense, a indiqué une personne présente dans la salle d’audience.

La police bloque une rue après une attaque à la voiture-bélier dans la foule de manifestants anti-suprématistes blancs qui s’étaient rassemblés à Charlottesville, en Virginie, aux Etats-Unis, le 12 août 2017 (Crédit : Samuel Corum/Anadolu Agency/Getty Images via JTA)

Cette attaque meurtrière en août 2017 avait braqué les projecteurs sur la nouvelle génération de l’extrême droite américaine, qui a émergé sous le président Trump dont la rhétorique incendiaire est régulièrement dénoncée comme attisant la haine et les divisions.

Le milliardaire républicain avait été très critiqué après les faits parce qu’il avait semblé réticent à condamner clairement le rassemblement néo-nazi, parlant de « gens très bien des deux côtés ».

Suprématisme blanc

La sélection des jurés a commencé lundi et devrait durer deux jours. Le procès pourrait s’étaler sur trois semaines.

Les alentours du tribunal sont restés calmes. La police avait installé par précaution des barrières et plusieurs gardes armés devant le bâtiment.

S’il est reconnu coupable d’assassinat, James Fields est passible d’une peine de prison allant de 20 ans à la perpétuité.

Ses avocats ne sont pas parvenus à dépayser le procès hors de la petite ville de Charlottesville où, ont-ils argué, il serait impossible de trouver des jurés impartiaux.

M. Fields a par ailleurs été inculpé par les autorités fédérales de « hate crimes », une catégorie d’infractions pénales à part où les victimes ont en commun d’avoir été ciblées en raison de leur appartenance, réelle ou supposée, à un groupe racial ou à une religion, ou encore en raison de leur identité sexuelle ou de leur handicap.

L’un de ces chefs d’inculpation prévoit la peine de mort. La date de ce procès n’a pas encore été fixée et les procureurs n’ont pas indiqué s’ils allaient demander le châtiment le plus sévère.

Selon l’acte fédéral d’inculpation, James Fields avait plusieurs comptes sur les réseaux sociaux dans lesquels il exprimait son soutien au suprématisme blanc et aux politiques d’Adolf Hitler et du Troisième Reich, et prônait la violence contre les Noirs et les Juifs.

D’après le Toledo Blade, un journal local de l’Ohio où vivait le jeune néonazi, il se serait enrôlé dans l’armée en août 2015 mais en aurait été renvoyé parce qu’il ne se serait pas conformé aux « standards de la formation ».

Torches et cagoules pointues

Le rassemblement « Unite The Right » à Charlottesville avait été organisé par les nationalistes blancs Jason Kessler et Richard Spencer pour protester contre le déboulonnement annoncé d’une statue du général sudiste Robert Lee.

La statue du général confédéré Robert E. Lee au centre d’Emancipation Park , au lendemain du rassemblement « Unite the Right », qui a dégénéré en affrontements à Charlottesville, en Virginie, le 13 août 2017. (Crédit : Chip Somodevilla/Getty Images/AFP)

Retransmises dans le monde entier, les images montrant des néonazis et membres du Ku Klux Klan défilant dans la nuit à la lumière de leurs torches, ou coiffés des cagoules pointues emblématiques du groupe, ont rappelé l’une des époques les plus sombres de l’histoire récente américaine. D’autres brandissaient des drapeaux confédérés, celui des Etats favorables à l’esclavage, un emblème considéré comme raciste par beaucoup d’Américains.

Au second jour des manifestations, le 12 août 2017, des heurts avaient éclaté entre des néonazis et des manifestants antifascistes, culminant avec l’attaque à la voiture.

Après Charlottesville, d’autres évènements ont levé le voile sur la galaxie de groupuscules extrémistes actifs sur les réseaux sociaux et enhardis par le climat de division dans la société américaine.

Un homme a ouvert le feu en octobre dans une synagogue de Pittsburgh, faisant onze morts. Le massacre est intervenu au lendemain de l’arrestation en Floride d’un homme accusé d’avoir envoyé des bombes artisanales à des opposants du président Donald Trump.

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