Un bâtiment de la police bientôt sur une colline de Jérusalem réputée pour ses lupins
Avec des fleurs bleues tapissant Mitzpe-Tel dans le quartier Talpiot Est de la capitale, les habitants plaident pour que leur petit coin de nature soit laissé tranquille
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Ce dimanche, le Comité de planification du district de Jérusalem a autorisé la police israélienne à construire un imposant poste de police sur une colline très appréciée des habitants de Jérusalem pour la floraison des lupins bleus, au printemps, et ses vues panoramiques.
La colline, connue sous le nom de Mitzpe-Tel (mots qui, en hébreu, signifient séparément guetteur et colline, et, une fois mis ensemble, signifient jus de framboise), offre une vue magnifique sur le mont du Temple, la tombe d’Hérode à Hérodium, le désert de Judée et la mer Morte.
La décision a été prise au moment-même où un mois d’activités commence, sur la colline, chaque jeudi et vendredi, avec en point culminant le festival du lupin, les 30 et 31 mars prochains.
Ce projet de construction d’un poste de police est contesté par les habitants, aussi bien les Juifs de Talpiot Est (également connu sous le nom d’Armon Hanatziv) que les Palestiniens de Jabel Mukaber, de l’autre côté de la route, ou la Société pour la protection de la nature en Israël et le membre du conseil municipal et maire adjoint, Yossi Havilio.
D’une surface de 5 000 mètres carrés, le poste de police sera érigé au bas de la colline, en lieu et place d’une installation temporaire de 2 000 mètres carrés située sur un terrain voisin préempté pour un hôtel.
Cette installation a été mise en place en 2014, à la demande des habitants de Talpiot Est, suite à la guerre de Gaza de 2014.
Servant à la fois de quartier général à la police et à la police des frontières, plus axée sur la lutte contre le terrorisme, le nouveau complexe comprendra des bureaux, des logements, un terrain de parade, des cellules de détention, une antenne de 30 mètres de haut, des lignes électriques à haute tension, un lieu de stockage des armes et une clôture périphérique avec éclairage et caméras de sécurité.
Le comité de planification du district a rejeté les arguments des opposants au projet et déclaré que la taille du bâtiment était liée aux « besoins de sécurité des environs », au-dessus de la Ligne verte.
Il a déclaré que d’autres emplacements avaient été envisagés, mais que le terrain finalement retenu était le plus approprié, de par sa taille et sa forme, situé entre deux routes. Il avait d’ailleurs déjà été envisagé, en 2006, pour accueillir une autre institution qui n’a finalement jamais été construite.
Le comité a estimé que les parties les plus élevées de la colline, couvrant un peu moins de 100 000 mètres carrés, où les lupins poussent au printemps et la scille maritime, à l’automne, ne seraient pas affectées par les travaux.
Le nouveau complexe se situera plus bas, à l’extrémité est de la crête, à un endroit que le comité a jugé exempt de toute source d’intérêt écologique, à plus de 25 mètres des maisons les plus proches.
Rappelant que le bâtiment initialement prévu, et qui n’a jamais été construit, aurait culminé à 793,5 mètres au-dessus du niveau de la mer, et que le point culminant de la colline était à 796 mètres au-dessus du même niveau, le comité a ordonné que la hauteur du poste de police soit réduite de six mètres, de façon à ne pas dépasser les 791 mètres au-dessus du niveau de la mer et ne pas bloquer la vue sur le désert de Judée et au-delà.
Le comité a également limité à trois le nombre de cellules de détention.
Il a refusé que le public ait accès au toit du poste de police, pour des raisons de sécurité.
La municipalité de Jérusalem, dont le comité de planification a donné le feu vert à la construction préalablement au comité de planification du district, a déclaré dans un communiqué que, comme les habitants et le conseil de quartier local, le maire Moshe Lion et le conseil s’étaient engagés à préserver la colline et ses fleurs, mais qu’un poste de police était essentiel pour la sécurité des deux quartiers voisins.
Dans leur pétition contre le projet de construction, les habitants, qui ont recueilli plus de 1 000 signatures, ont fait valoir que les lieux attiraient des milliers de visiteurs pour la floraison des lupins, et qu’ils servaient également de poumon vert toute l’année, permettant aux personnes de tous âges de s’adonner à des activités de plein air, comme en témoignent les fours de fortune, les sièges et autres installations créés au fil du temps.
Il est d’autant plus important de préserver les lieux qu’existent par ailleurs des projets de construction de milliers de logements dans les environs immédiats, ont-ils ajouté.
« La flore est incroyablement riche à l’endroit où ils souhaitent construire », explique le guide touristique Gadi Dahan, l’un des responsables de la campagne pour sauver la colline.
Dahan réfute l’argument du maire et de la municipalité selon lequel ils protègent le site, relevant que le conseil avait autorisé de gros camions à se garer sur le bord ouest de la colline, ce qui a détruit la riche flore qui s’y trouvait.
« C’est toujours la même histoire avec les sites naturels urbains de Jérusalem », ajoute-t-il.
« Ces deux dernières années, nous avons perdu 4,5 des six sites du même type, dans les environs, destinés à des projets immobiliers, et le tout avec la bénédiction du maire. »