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Un court récit sur le nazisme remporte le prestigieux prix Goncourt

Le prix Renaudot a pour sa part été attribué à Olivier Guez pour La disparition de Joseph Menguele

Eric Vuillard, en 2014. (Crédit : A. Savin/Wikimedia CC BY-SA 3.0)
Eric Vuillard, en 2014. (Crédit : A. Savin/Wikimedia CC BY-SA 3.0)

Le prix Goncourt, le plus prestigieux des prix littéraires du monde francophone, a été décerné lundi à Eric Vuillard pour L’ordre du jour, a annoncé le jury présidé par Bernard Pivot.

Le prix Renaudot a pour sa part été attribué à Olivier Guez pour La disparition de Joseph Menguele.

Aucun des deux livres récompensés n’est un roman. Mais, « c’est un livre fulgurant », s’est justifié Bernard Pivot, le président de l’académie Goncourt. « Le livre est une leçon de littérature par son écriture », a-t-il ajouté.

Deux hommes, Yannick Haenel et Éric Vuillard et deux femmes, Véronique Olmi et Alice Zeniter étaient en lice pour succéder à à Leila Slimani, qui va être nommée lundi représentante « personnelle » d’Emmanuel Macron pour la francophonie, selon une information du Parisien confirmée par l’Elysée.

« On est toujours surpris, fatalement. Ça me fait extrêmement plaisir », a réagi Eric Vuillard.

Éric Vuillard, 49 ans, auteur de L’ordre du jour (Actes Sud), fait un peu figure d’exception. Des quatre écrivains retenus par le jury du Goncourt, il était le seul à ne pas avoir été publié à la rentrée.

Sorti au printemps, L’ordre du jour, court récit de 160 pages, retrace de façon saisissante l’arrivée au pouvoir d’Hitler, raconte l’Anschluss et dissèque le soutien sans faille des industriels allemands à la machine de guerre nazie.

« L’ordre du jour » s’est imposé au 3e tour de scrutin, par 6 voix contre 4 à « Bakhita » de Véronique Olmi. Les deux autres auteurs en lice étaient Alice Zeniter pour « L’art de perdre » et Yannick Haenel pour « Tiens ta couronne ».

Eric Vuillard a une façon unique de se glisser dans les coulisses de l’Histoire pour donner à ses lecteurs une autre grille de lecture d’événements a priori archi-connus.

Après la chute de l’empire Inca (« Conquistadors », 2009), la conquête coloniale (« Congo », 2012) et la Révolution française (« 14 juillet », 2016), « L’ordre du jour » est l’occasion de revisiter l’arrivée au pouvoir des nazis.

Orfèvre en écriture, l’auteur a choisi de raconter l’Histoire en insistant sur les détails. Une hérésie ? Sûrement pas ! « La vérité est dispersée dans toute sorte de poussière », écrit-il. En seulement 160 pages, l’écrivain au regard scrupuleux – rien n’est inventé, tout est vrai – embrasse de façon magistrale cette tragédie européenne du XXe siècle. Il prouve que l’histoire est toujours une autre manière de regarder le présent.

Olivier Guez (Crédit : site officiel Olivier Guez)

Le prix Goncourt est doté d’un chèque de dix euros, mais l’enjeu est autrement plus important. Un roman primé s’écoule, selon les cas, de 200 000 à 500 000 exemplaires.

Ce prix est également un nouveau succès pour Actes Sud, la maison longtemps dirigée par la ministre de la Culture Françoise Nyssen. Il y a deux ans c’était déjà un livre publié chez Actes Sud, « Boussole » de Mathias Enard, qui avait reçu le Goncourt.

La maison basée à Arles peut en outre s’enorgueillir d’avoir reçu lundi le Renaudot de l’essai avec « De l’ardeur » de Justine Augier, histoire de l’avocate syrienne Razan Zaitouneh.

Quant au Renaudot, cinq finalistes avaient été retenus : l’écrivain (et peintre) marocain Mahi Binebine (« Le fou du roi », Stock), Olivier Guez (« La disparition de Josef Mengele », Grasset), le primo-romancier David Lopez (« Fief », Seuil), Patricia Reznikov (« Le songe du photographe », Albin Michel) et Anne-Sophie Stefanini (« Nos années rouges », Gallimard).

Lauréat du prix Renaudot, « La disparition de Josef Mengele » (Grasset) est un roman hallucinant mais vrai sur les dernières années du médecin tortionnaire d’Auschwitz, Josef Mengele.

Pour parler du docteur Mengele, un « sale type », connu pour ses expériences sur les jumeaux qu’il sélectionnait sur la rampe des chambres à gaz, « il n’était pas question de faire de la métaphore », confiait récemment à l’AFP l’écrivain et scénariste âgé de 43 ans.

Trois ans d’écriture et de recherches, notamment au Brésil – où Guez a retrouvé la ferme où Mengele s’était terré -, ont été nécessaires pour aboutir à « La disparition de Josef Mengele ».

Se coltiner « personnage abject et médiocre » n’a pas été une sinécure. « Ça a été compliqué de cohabiter avec Mengele. Mais à un moment il faut monter sur le ring. L’affronter ».

Olivier Guez, qui succède à Yasmina Reza, s’est imposé après six tours de scrutin.

Enfin le prix Renaudot Essai a été décerné à Justine Augier pour « De l’ardeur » (Actes Sud).

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