Un élu bavarois, auteur présumé d’un tract antisémite au lycée, sommé de s’expliquer
"Celui qui se moque des victimes d'Auschwitz n'est pas autorisé à avoir des responsabilités dans notre pays", a souligné la ministre de l'Intérieur
De hauts responsables politiques allemands ont enjoint samedi au numéro deux du gouvernement bavarois de s' »expliquer » après l’émoi suscité par des informations de presse affirmant qu’il avait rédigé un tract à caractère antisémite quand il était lycéen.
« Celui qui se moque des victimes d’Auschwitz n’est pas autorisé à avoir des responsabilités dans notre pays », a souligné la ministre de l’Intérieur Nancy Faeser sur son compte X (ex-Twitter).
« Il est urgent de faire la lumière sur ces lourdes accusations », a-t-elle ajouté.
Le contenu du texte, publié par le quotidien Süddeutsche Zeitung, est « inhumain, carrément dégoutant », a réagi de son côté auprès du même journal le ministre-président de Bavière Markus Söder, actuellement en pleine campagne pour les élections régionales du 8 octobre.
Hubert Aiwanger, numéro deux du gouvernement régional et ministre de l’Economie, doit « tout simplement clarifier les choses et les expliquer publiquement », a dit M. Söder.
Dans une enquête publiée samedi, le quotidien affirme que M. Aiwanger, 52 ans, par ailleurs chef du parti des Electeurs libres allié aux conservateurs bavarois de la CSU, a écrit un tract antisémite au lycée au cours de l’année scolaire 1987/88.
Le texte, publié par le journal, se voulait apparemment une réaction à un concours organisé sur l’histoire allemande.
Il appelle à participer à un concours visant à déterminer « Qui est le plus grand traître à la patrie ».
Les candidats sont invités à se présenter « au camp de concentration de Dachau pour un entretien d’embauche », peut-on y lire, entre autres. Le premier prix est « un vol libre à travers la cheminée du camp d’Auschwitz ». Un autre est « un séjour à vie dans une fosse commune ».
Les témoins cités par le journal, qui ont souhaité garder l’anonymat, ont indiqué que M. Aiwanger n’avait pas nié à l’époque la paternité du texte et avait « été puni », sans être exclu du lycée.
L’intéressé a de nouveau nié samedi avoir été l’auteur du tract.
« Je n’ai pas rédigé le document en question et je considère son contenu comme dégoûtant et inhumain », a-t-il dit, par l’intermédiaire d’un porte-parole.
« Je connais l’auteur du document, il va s’expliquer lui-même », a-t-il assuré.
Si les reproches s’avèrent exacts, il serait « inacceptable » que M. Aiwanger conserve ses fonctions, a déclaré Felix Klein, chargé de la lutte contre l’antisémitisme auprès du gouvernement, dans l’édition dominicale du journal populaire Bild.