Un éminent hazan et chanteur d’opéra allemand tué dans une querelle familiale – police
Le fils de Nikola David, soupçonné d'homicide involontaire, est détenu depuis le meurtre du 2 août, qui a secoué la communauté juive de Munich
BERLIN (JTA) – La congrégation juive libérale de Munich a lancé un appel aux dons pour aider la famille de son chantre qui a été assassiné au début du mois.
Le fils de Nikola David est détenu pour suspicion d’homicide involontaire depuis le meurtre du 2 août, qui a secoué la communauté juive de Munich.
Nikola David, 55 ans, ancien chanteur d’opéra, était le hazan (chantre) de la synagogue Beth Shalom depuis 2014. Le rabbin de la synagogue, Tom Kučera, a officié lors de ses funérailles le 7 août, auxquelles ont assisté trois éminents chantres allemands, Amnon Seelig, Assaf Levitin et Isidoro Abramowicz.
Selon un article paru sur le site d’information bavarois Merkur, la police a déclaré que des voisins avaient été témoins d’une altercation physique entre le père et le fils dans la matinée du 2 août et avaient appelé la police. Le site rapporte que la police a arrêté le fils aîné sur place et a emmené Nikola David dans un hôpital local, où il est décédé. Le fils, qui est en garde à vue, aurait été légèrement blessé à la main.
Les détails de l’altercation n’ont pas été rendus publics, mais toujours selon Merkur, David aurait été poignardé. Les noms des membres de la famille, y compris le fils en garde à vue, la femme de la victime et son plus jeune fils, qui n’étaient apparemment pas présents au moment de l’incident, n’ont pas été divulgués par la police ou la communauté.
Charlotte Knobloch, présidente de la communauté juive de Munich et de Haute-Bavière, a tweeté qu’elle était « absolument choquée » d’apprendre le meurtre de David. « Sa mort est une perte douloureuse pour la communauté juive de Munich », a-t-elle déclaré.
David est né à Bela Crkva, dans l’actuelle Serbie, mais ayant été élevé dans la Yougoslavie communiste, il n’a guère été exposé à son identité juive. À l’âge de 20 ans, il s’est installé en Allemagne, où il a étudié la musique et le chant classique et a commencé à travailler comme chanteur d’opéra.
La carrière de David a pris une nouvelle direction en 1993, lorsqu’il s’est produit lors d’une cérémonie marquant le 48e anniversaire de la libération d’Auschwitz, comme il l’a rappelé lors d’une longue interview et d’un spectacle en 2018. Le grand rabbin de l’ex-Yougoslavie l’avait alors encouragé à chanter dans les synagogues. Il a suite à cela mené de front sa carrière de chanteur d’opéra et la musique rituelle, jusqu’à son inscription au Abraham Geiger College de Potsdam, où il a été ordonné hazan en 2013.
« Je n’avais aucune connaissance préalable et c’est la musique qui m’a tenu », confiait David dans l’interview de 2018. Citant le rabbin hassidique Nachman de Breslov, il avait alors ajouté que « la Torah est le langage du cœur. Les mots de la Torah sont les mots du cœur, et le chant est le langage de l’âme. C’est ce qui m’a permis de continuer – et aujourd’hui, je suis ce que je suis ».
David avait expliqué que sa prière juive préférée était Hashkivenu, qui évoque Dieu comme un havre de paix. C’est l’une des premières prières qu’il avait apprises en découvrant la religion juive. « C’est une prière traditionnelle que l’on dit le soir avant de s’endormir, car on ne sait jamais si l’on va se réveiller », avait-il alors expliqué. « Nous devrions remercier Dieu de pouvoir nous réveiller chaque matin. »
Dans son appel à soutenir financièrement la famille, la synagogue Beth Shalom a décrit son défunt hazan comme « une personne merveilleuse dont la musique et la chaleur étaient une source d’enrichissement pour la communauté. Sa mort inopinée laisse un vide douloureux pour la communauté, la ville, et bien sûr avant tout pour sa famille ».
La congrégation soutient déjà la veuve de David et son plus jeune fils, précise le communiqué.
« Il nous manquera terriblement », a affirmé Eric Smutny, membre du conseil d’administration de la synagogue, au Merkur. « Il est irremplaçable. »