Israël en guerre - Jour 565

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Un escalier vieux de 3 500 ans rappelle la grandeur du royaume cananéen conquis

La ville de Hazor, le plus grand site de l'ère biblique en Israël, qui accueillait 20 000 habitants, avait été rasée par les Israélites, selon le livre de Josué

Amanda Borschel-Dan édite la rubrique « Le Monde Juif »

Les escaliers époustouflants datant du 8ème siècle avant l'ère commune et l'entrée pavée de Tel Hazor. (Crédit : The Selz Foundation Hazor Excavations in Memory of Yigael Yadin)
Les escaliers époustouflants datant du 8ème siècle avant l'ère commune et l'entrée pavée de Tel Hazor. (Crédit : The Selz Foundation Hazor Excavations in Memory of Yigael Yadin)

Sept marches en basalte époustouflantes récemment découvertes à Tel Hazor donnent de nouvelles indications sur la grandeur ancienne du royaume cananéen, il y a 3 500 ans qui, selon la tradition biblique, aurait été conquis par les Israélites et totalement détruit.

Comme c’est écrit dans le livre de Josué (11:10), Hazor était la « tête » des implantations cananéennes dont s’était saisi le chef israélite. Tandis qu’il reste assurément des marches à découvrir, il est possible que cet escalier ait mené au grand palais dont le roi de Hazor gouvernait les versants nord de la ville haute, face à la ville basse.

« C’est exactement le palais qui aurait été conquis par les Israélites si vous vous référez au narratif biblique », s’exclame la co-directrice des fouilles de Tel Hazor, la docteure Shlomit Bechar. Le parc national de Tel Hazor est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO et il est ouvert aux visiteurs.

Cet escalier monumental de 4,5 mètres de largeur, qui a été récemment découvert, est sans précédent dans la manière dont il a été travaillé à cette période et dans cette région, selon Bechar. Chaque marche a été conçue de manière à trouver parfaitement sa place en utilisant une technique inconnue partout ailleurs, a expliqué Bechar lors d’un entretien avec le Times of Israel.

Le professeur de l’université hébraïque Amnon Ben-Tor et la docteure Shlomit Bechar sur le site de Tel Hazor (Crédit : John Rinks)

Hazor sert de terrain de formation pour les archéologues israéliens – passés, présents et à venir. En 1955–1958 et en 1968-70, le célèbre archéologue Yigael Yadin avait dirigé des fouilles sur le site, aidé par un autre chercheur exemplaire, Yohanan Aharoni. Alors qu’elle a commencé sa trentième saison consécutive de fouilles, la Fondation Selz de fouilles en mémoire de Yigael Yadin a été fondée par le professeur de l’université hébraïque Amnon Ben-Tor en 1990, sous les auspices de l’Israel Exploration Society.

Situé au nord du lac de Tibériade, sur une route commerciale reliant l’Egypte et Babylone, Hazor est, par son étendue, le plus important site de l’ère biblique d’Israël.

Avec une population estimée à 20 000 personnes, sa taille et sa localisation stratégique en avaient fait une cité déterminante de l’Antiquité. Après sa destruction féroce, elle avait été reconstruite par les Israélites – peut être par le roi Salomon.

Plusieurs centaines d’années plus tard, l’implantation israélite avait été détruite par les Assyriens sous le règne de Tiglath-Pileser III en l’an 732 avant l’ère commune.

Selon un communiqué de presse de l’Université hébraïque, les vestiges de la dernière implantation israélienne de Hazor ont également été découverts cette année, et notamment une quantité considérable de morceaux de poteries – la preuve de sa destruction.

Les escaliers, ainsi que deux autres marches en basalte bien plus petites qui se trouvaient à proximité, ont été découverts pour la première fois en 2018. Ils ont reçu des traitements de conservation et le public peut dorénavant les admirer.

Bechar explique avoir l’intention de continuer les fouilles autour de l’escalier au cours des trois ou quatre prochaines années.

Des escaliers du 8ème siècle avant l’ère commune et l’entrée pavée de Tel Hazor. (Crédit : The Selz Foundation Hazor Excavations in Memory of Yigael Yadin)

S’entretenant avec le Times of Israel, Bechar explique que tandis que ces escaliers – étrangement modernes en apparence – sont imposants, il est possible néanmoins qu’ils ne soient pas « les » escaliers de l’entrée du palais et qu’ils pouvaient tout aussi bien mener dans une autre cour intérieure – ce qui mènerait alors à un autre large escalier.

« Trouver un escalier aussi grandiose indique que le bâtiment va être bien plus étonnant que ce à quoi nous pouvions nous attendre », s’exclame-t-elle. « Personne ne s’attendait à trouver cet escalier, qui n’est qu’un parmi plusieurs autres. C’est possible qu’il mène à un autre escalier, à une autre entrée, à une salle du bâtiment. Mais nous l’ignorons encore », dit-elle.

L’escalier vu de côté, vers le nord. A noter, la forme du bloc en basalte, conçu pour s’adapter à la marche suivante (Crédit : M. Cimadevilla/The Selz Foundation Hazor Excavations in Memory of Yigael Yadin)

Le long des marches en pierre noire travaillées avec soin, il y a également des preuves archéologiques significatives de l’affrontement qui aura détruit l’implantation cananéenne. Selon Bechar, le bâtiment, construit au 13e siècle, existait depuis 200 à 250 ans.

La ville apparaît dans des documents non-bibliques qui ont été trouvés dans des archives majeures de tablettes cunéiformes, à Mari, en Syrie, et à Amarna, en Egypte.

Dans un article écrit par Bechar pour le journal Biblical Archaeology Review en 2017, elle évoque les archives d’Amarna : « Datées du 14ème siècle avant l’ère commune, ces archives contiennent les correspondances en akkadien cunéiforme entre les pharaons égyptiens et leurs rois vassaux, ainsi qu’avec les autres souverains du bassin de l’est de la Méditerranée. Elles comprennent deux lettres écrites par le roi de Hazor. De manière intéressante, le roi de Hazor est le seul gouvernant vassal du sud du Levant qui se réfère à lui-même – et auquel on se réfère – sous le nom de ‘roi’ (melek) dans la correspondance d’Amarna avec le pharaon ».

La photo de fin de saison des fouilles en 2018, réalisée sur l’escalier monumental (Crédit : Shlomit Bechar/The Selz Foundation Hazor Excavations in Memory of Yigael Yadin)

Interrogée sur la manière dont ce roi très sûr de lui rentre dans la chronologie du récit biblique, Bechar estime que ce n’était pas le même roi – mais que c’est probablement lui qui aura pu gravir ces marches pendant sa vie. Leur taille montre son statut élevé, dit-elle.

« Le roi de Hazor n’est pas le roi d’Egypte mais nous voyons qu’il était en mesure d’utiliser ses ressources pour construire cet escalier grandiose », ajoute-t-elle.

Ben-Tor, co-directeur des fouilles, a écrit dans un article pour le journal Biblical Archaeology Review en 2013 que « sur tous les sites mentionnés dans le Livre de Josué qui auraient été conquis par les Israélites, aucun n’est plus important, avec une destruction tout aussi significative, que Hazor ». Pour ce professeur émérite, lauréat du prix Israël, le site de Hazor permet d’avoir un aperçu sur le lien entre le récit biblique et les preuves archéologiques.

« L’historiographie biblique, en particulier dans les livres de Josué et des rois, ne peut être considérée comme un narratif totalement exact des événements qu’ils décrivent parce qu’ils sont motivés par un agenda théologique et – dans une certaine mesure – politique. Ils contiennent un nombre considérable de noyaux historiques réels, toutefois, et le récit de la chute de la dernière ville cananéenne de Hazor est très probablement l’un d’entre eux », a-t-il écrit.

Des morceaux de poterie, potentiellement brisées lors de la destruction, au 8ème siècle avant l’ère commune, de Hazor par Tiglath-Pileser III. (Crédit : The Selz Foundation Hazor Excavations in Memory of Yigael Yadin)

Les chercheurs trouvent de plus en plus de preuves qui viennent corroborer les récits bibliques. Mais des réponses définitives seront longues à s’imposer.

« La patience est l’une des vertus essentielles que doit apprendre un archéologue », dit Bechar.

« Nous allons fouiller l’escalier au cours des trois ou quatre prochaines années, mais ce palais continue bien plus en direction de l’ouest. Et ce n’est donc que le début », clame Bechar.

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