Un étudiant israélien publie un ouvrage qui retrace en détail l’épouvantable massacre du Hamas
Le Ministère des Affaires étrangères remettra aux ambassades et délégations l'ouvrage en anglais de ce jeune homme de 23 ans, compilation de témoignages non censurés de rescapés, bénévoles et soignants
Peu de temps après l’assaut meurtrier du Hamas le 7 octobre sur le sud d’Israël, Alon Penzel, étudiant à l’université de Haïfa, a commencé à réunir les témoignages bruts, à la première personne, sur ces horreurs.
Ces témoignages sans fards recueillis par un petit-fils de survivants de la Shoah sont devenus un livre en anglais, Testimonies Without Boundaries: Israel: October 7th, 2023 [NDLT : Témoignages sans frontières : Israël : 7 octobre 2023], qui suit le massacre du Hamas.
Âgé de 23 ans, son auteur, dont c’est là la toute première expérience éditoriale, a interviewé une soixantaine de personnes – bénévoles de ZAKA, l’organisation spécialisée dans le recueil de restes humains après des attentats terroristes, mais aussi rescapés de la rave Supernova, dont 360 festivaliers ont été massacrés, sans oublier le Dr Chen Kugel, directeur du Centre de médecine légale plus connu sous le nom d’Abou Kabir, où s’effectue l’dentification des dépouilles brûlées et mutilées.
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Dès le début, Penzel, dont l’intention est que ces événements ne soient jamais oubliés, a tenu à ce que ses témoins ne lui épargnent aucun détail. Ils ont « apprécié ma détermination », assure-t-il.
« Ils ont immédiatement compris l’importance de cette initiative et mon désir de garder la mémoire de ce qui s’est passé », explique Penzel. « Ils ont pu, petit à petit, se confier à moi. »
Ces entretiens, non censurés, sont effroyables. Manifestement tout aussi choqué par ces atrocités que ses lecteurs le seront, Penzel nous accompagne sur le chemin de la mort de ces 1 200 personnes, dans le sud d’Israël, et l’enlèvement de 251 otages dans la bande de Gaza.
Au-delà des preuves, le plus important, pour Penzel, c’est que la voix des témoins se fasse entendre, explique-t-il au Times of Israel. À cette fin, le ministère israélien des Affaires étrangères a proposé d’assurer la diffusion de cet ouvrage au sein du réseau diplomatique.
En sa qualité de directeur de la diplomatie publique au ministère des Affaires étrangères, Dan Oryan se dit constamment à la recherche de nouveaux moyens pour faire en sorte que « les gens comprennent ce qui s’est passé le 7 octobre ».
Il assure qu’il fera circuler le livre et en assurera la diffusion via les ambassades ou en le remettant aux délégations en visite. Il pense qu’il est plus facile pour Penzel de toucher le jeune public parce qu’ils sont « ont envie d’entendre un jeune leur raconter cette histoire d’un point de vue personnel ».
La jeunesse étrangère est l’une des cibles de ce livre : après l’avoir écrit, Penzel s’est tourné vers Israel-Is, organisation spécialisée dans la mise en relation des jeunes Israéliens avec des jeunes du monde entier.
L’organisation a mis á disposition des fonds pour assurer la publication de l’ouvrage à la fois en hébreu et en anglais, avec l’aide de Sefrei Niv et Spines, deux sociétés d’auto-édition, explique Eden Sades Pareenty, directrice financière d’Israel-Is.
« Nous avons parrainé l’initiative d’Alon parce que nous voyons dans son livre un outil éducatif pour les jeunes », ajoute Pareenty, qui précise que Penzel effectuera à ce titre des déplacements avec les délégations d’Israel-Is pour parler aux étudiants à l’étranger.
Testimonies Without Boundaries a été brièvement interdit sur Amazon pour infraction aux règlements sur les contenus, poursuit Penzel. Selon Jewish Insider, la plateforme électronique a réglé le problème et rétabli l’ouvrage suite à la question d’un journaliste demandant les motifs de rejet. Penzel précise que l’ouvrage est désormais disponible sur Amazon partout dans le monde et qu’il s’est déjà vendu à plus de 4 000 exemplaires.
Pensée prémonitoire
Peu de temps après le 7 octobre, Penzel, qui a fait son service comme porte-parole du COGAT, l’instance de coordination des activités gouvernementales dans les territoires, s’est très vite dit que les gens, un peu partout dans le monde, ne tarderaient pas à nier les événements, confie Penzel au Times of Israel.
C’est donc de sa propre initiative qu’il a décidé de recueillir les témoignages et preuves de la véracité des viols de femmes et d’hommes, des décapitations, des meurtres, des incendies volontaires et des mauvais traitements. Il a retranscrit ces récits de brutalité, non par sensationnalisme, mais pour témoigner.
« Je savais que les gens commenceraient à nier », affirme-t-il. « Je me suis attelé à l’écriture de ce livre de façon à ce qu’il sorte le plus tôt possible. »
Mercredi, Human Rights Watch a déclaré avoir « des preuves des violences sexuelles et sexistes commises par des hommes armés, à commencer par des cas de nudité forcée et la publication sans le consentement des personnes intéressées d’images sexualisées sur les réseaux sociaux ». Malheureusement, les récits de certains bénévoles de ZAKA se sont avérés faux, ce qui a ajouté au scepticisme mondial face aux viols et brutalités du 7 octobre.
Penzel assure que la totalité des témoignages repris dans son ouvrage ont été vérifiés par la police israélienne ainsi que par Lahav 433, la division des enquêtes criminelles de la police. Oryan ajoute que le ministère des Affaires étrangères a fait de même et confirmé les faits évoqués dans cet ouvrage.
Le meurtre brutal d’un enfant
La première histoire qu’il raconte dans le livre l’a profondément choqué, confie-t-il.
Penzel y raconte que Simcha Greinman, bénévole de ZAKA depuis 32 ans et conférencier international de l’organisation, est entré dans l’école maternelle incendiée du kibboutz Beeri et y a découvert, écrit Penzel, « un tout petit avec un couteau planté dans le crâne. »
Au sol se trouvait un marteau au manche calciné : sur le marteau se trouvaient des morceaux du crâne du bambin.
Cette histoire « a ébranlé ma foi en l’humanité », écrit Penzel.
Il dit qu’au moment d’écrire ce livre, il a eu du mal à passer du temps avec ses deux neveux et ses deux nièces.
« Je ne pouvais pas m’empêcher de transposer tout ça sur les membres de ma famille », confie Penzel.
Un autre témoignage émerge, celui de Natan Kenig, bénévole de ZAKA qui a trouvé un homme cloué au cadre de la porte d’une maison à l’aide d’un pistolet à clous.
« Même si je comprenais déjà précisément ce qui s’était passé », écrit Penzel, « le fait que cet homme ait été crucifié, j’étais incapable de comprendre comment on avait pu faire une chose pareille à un être humain. »
Après un autre témoignage effroyable, il note : « Nous faisons en sorte de rester optimistes alors même que rien ne nous apporte la consolation, tentons de faire émerger le bien au milieu de tout ce mal, de trouver l’ange au milieu de toutes ces diableries, l’humanité au beau milieu de toute cette cruauté. »
Un morceau de charbon
Au Centre national de médecine légale, Penzel a fait la connaissance de Kugel qui lui a parlé de l’identification des corps mutilés.
Penzel se rappelle que Kugel lui a parlé d’avoir un jour reçu « un morceau de charbon noirci ».
« La radiographie mous a permis de comprendre qu’il s’agissait en fait de deux personnes », a expliqué Kugel à Penzel. « Une femme âgée et une jeune femme enlacées. »
Penzel parle de la manière dont il a regardé cette masse noire, ajoutant qu’il y a « des visions qui ne s’effacent jamais ».
Il avoue s’être posé des questions, comme « un enfant effrayé qui ne comprendrait pas ce qu’il voit ».
Penzel dit que « beaucoup de gens » lui ont dit que le livre était trop difficile à lire.
« Je le comprends », concède-t-il. « Je le comprends mais je me dis malgré cela : « Comment pouvons-nous dire que c’est trop dur ? Imaginez un peu ce que ces personnes ont enduré. »
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