Un ex-otage exhorte Netanyahu à mettre la politique de côté et à se rendre – enfin – à Nir Oz
"Je vous montrerai ces lieux ensanglantés et ces maisons brûlées", a dit au Premier ministre l'Israélo-Américain Sagui Dekel-Chen, libéré des geôles du Hamas le 15 février

Sagui Dekel-Chen, un ex-otage israélo-américain récemment libéré des geôles du groupe terroriste palestinien du Hamas, a insisté auprès du Premier ministre Benjamin Netanyahu à enfin se rendre dans son kibboutz dévasté près de la frontière avec Gaza, en lui proposant de l’y accompagner en personne lors d’un entretien téléphonique survenu en début de semaine.
Dekel-Chen a été libéré de captivité le 15 février, plus de seize mois après avoir été enlevé à Nir Oz.
Ce petit kibboutz a été l’un des plus durement touchés lors du pogrom du 7 octobre, 117 des quelque 400 habitants de cette communauté ayant été enlevés ou assassinés lors du massacre mené par le Hamas. Malgré le carnage généralisé, la plupart des hommes politiques du gouvernement, y compris Netanyahu, se sont tenus à l’écart de Nir Oz, traditionnellement considéré comme un bastion pacifiste.
Dimanche, le bureau du Premier ministre a déclaré que Netanyahu s’était entretenu avec Dekel-Chen et Ohad Ben Ami, l’un des otages libérés une semaine avant Dekel-Chen. Selon le bureau du Premier ministre, Netanyahu leur a dit qu’Israël avait dû exercer une forte pression sur le Hamas pour obtenir leur libération.
« Je crois savoir que vous ne vous êtes pas encore rendu à Nir Oz », a déclaré Dekel-Chen à Netanyahu, selon une transcription de l’appel publiée lundi par la chaîne N12.
« Je vous invite, à titre personnel. Nous mettrons la politique de côté et je vous emmènerai, sans politique, juste vous et moi sur les sentiers de Nir Oz. »

Le Premier ministre ne s’y est pas rendu au cours des seize derniers mois, malgré les appels des habitants de cette communauté très soudée.
« En ce moment, tout est en fleurs, mais je vais vous montrer des endroits ensanglantés et des maisons brûlées », a-t-il déclaré, selon le compte-rendu.
Dekel-Chen a dit à Netanyahu qu’il ne pouvait « ni manger, ni boire, ni prendre de douche, ni jouer avec ses filles tant qu’il y avait des otages, dont certains étaient des amis, morts ou vivants, qu’il avait laissés derrière lui ».
« Je n’abandonnerai personne », a-t-il ajouté.

Netanyahu lui a répondu qu’il « ne laisserait personne derrière » et a souligné que « nous travaillons extrêmement dur pour que tout le monde rentre ».
Le 7 octobre, Dekel-Chen a été blessé par balle à l’épaule et enlevé alors qu’il luttait contre des terroristes envahisseurs avec l’équipe de sécurité du kibboutz. Il a été détenu dans un hôpital de Gaza pendant les premières semaines de sa captivité et a été « torturé pendant les interrogatoires » par ses geôliers, a rapporté la chaîne N12.
L’Israélo-Américain était coupé du monde extérieur, sans accès aux médias ni à l’information, et ne savait pas ce qu’il était advenu de sa famille, pas même de sa femme, qui était alors enceinte de sept mois.
« Nous avons des points de vue différents, mais j’ai toujours cru, même en captivité, que les décisions en Israël sont prises de manière professionnelle », a déclaré Dekel-Chen.
Il a dit à Netanyahu que « la vraie victoire sera de faire revenir l’amour dans les rues, et cela ne se produira qu’avec le retour des otages ».