Un journal jordanien publie un article en hébreu en Une : Qu’y aura-t-il après « Israël » ?
Alors que Tsahal progresse à Gaza contre le Hamas, le grand quotidien Al-Ghad présente aux Israéliens, en hébreu, le "nouvel ordre mondial" après la "défaite" d'Israël
La version imprimée du journal jordanien Al-Ghad présentait mercredi en première page un éditorial en hébreu intitulé « Qu’y aura-t-il après ‘Israël’ ? »
L’article, rédigé dans un hébreu non natif mais intelligible, suivi d’une traduction en arabe, affirme que « le monde entier est occupé à discuter de ce qui se passera après le Hamas » à Gaza, mais « personne ne regarde de l’autre côté et ne se demande ce qui se passera après « Israël » ».
Le journal, souvent décrit comme le premier quotidien indépendant de Jordanie, un pays où la liberté de la presse est fortement limitée, publie depuis le début de la campagne des articles de propagande virulente à l’encontre d’Israël. Le jour même de la publication de l’éditorial, il a également publié un article accusant à tort Israël d’avoir prélevé les organes et la peau des martyrs palestiniens. Il a également publié des caricatures à connotation antisémite ou les dirigeants israéliens sont dépeints comme étant assoiffés de sang.
Il y est prédit qu’Israël s’effondrera sous la pression de ses problèmes politiques, économiques, sociaux et militaires internes.
Sur le plan politique, Al-Ghad décrit le gouvernement israélien comme un gouvernement « extrémiste », « déséquilibré » et « incapable de prendre les bonnes décisions », ajoutant que « sa seule stratégie est de commettre de graves crimes de guerre contre les civils ».
Sur le plan économique, le journal affirme à tort que la guerre a coûté 50 milliards de dollars à l’économie israélienne. Ce chiffre, estimé par le journal israélien Calcalist au début du mois de novembre, correspond au coût total estimé d’une guerre qui durerait de huit à douze mois.
Al-Ghad soutient également à tort que le déficit budgétaire d’Israël a augmenté de plus de 400 % en raison de l’effort de guerre, alors qu’en réalité, il a atteint 2,6 % du PIB, soit 6 milliards de dollars, en octobre, contre 1,5 % le mois précédent.
Sur le plan social, l’article explique qu’Israël est assis sur deux « poudrières », les habitants des implantations de Cisjordanie et les familles des otages de Gaza, qui peuvent toutes deux exploser à tout moment. L’article indique en outre que la libération probable de milliers de prisonniers du Hamas détenus dans les prisons israéliennes en échange de la libération d’otages israéliens marquera une nouvelle étape vers la « défaite d’Israël ».
Sur le plan diplomatique, Al-Ghad affirme que Jérusalem perd le soutien international dont elle a bénéficié après l’assaut brutal du Hamas le 7 octobre, assaut qui est, par ailleurs, systématiquement désigné par le journal comme étant la « résistance palestinienne », sans jamais condamner le massacre perpétré par le groupe terroriste de 1 200 Israéliens, pour la plupart des civils.
Le quotidien jordanien a également affirmé à tort que Tsahal ne progressait pas sur le terrain et qu’il peinait à atteindre ses objectifs. En réalité, l’armée israélienne a pris le contrôle d’une grande partie du nord de la bande de Gaza, a découvert et démantelé des dizaines de tunnels du Hamas et s’est emparée de plusieurs bastions du Hamas ainsi que du Parlement du Hamas et d’autres sites gouvernementaux. Le ministre de la Défense Yoav Gallant a affirmé lundi que « le Hamas a perdu le contrôle de la bande de Gaza ».
Selon Al-Ghad, la situation actuelle devrait pouvoir convaincre les habitants de la région qu’Israël n’est pas un « destin inévitable », mais plutôt une « implantation en carton » qui n’a pas pu résister au « mouvement de résistance nationale [c’est-à-dire le Hamas], pour qui la religion est primordiale ».
Le journal prédit également que la victoire du Hamas à Gaza « ouvrira la voie à un nouvel ordre mondial » qui remplacera le « système boiteux » actuellement en place, dirigé par les États-Unis. Il voit aussi dans l’incapacité d’Israël à « faire la police dans la région » la fin de ses espoirs de normalisation des relations avec les pays arabes et la fin de l’influence américaine sur le Proche-Orient.
Si les relations d’Israël avec certains pays arabes et musulmans ont été mises à rude épreuve par la guerre, avec notamment le rappel de leurs ambassadeurs par la Jordanie et la Turquie, les Émirats arabes unis ont récemment indiqué qu’ils comptaient maintenir leurs liens avec Jérusalem malgré la guerre, et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a fait savoir que les pourparlers de normalisation avec Israël reprendraient dès la fin des combats.
Les groupes terroristes palestiniens du Hamas et du Jihad islamique, ainsi que le Hezbollah au Liban, ont déclaré à plusieurs reprises que l’un des objectifs de l’assaut du 7 octobre contre Israël était d’empêcher toute normalisation entre les pays arabes et musulmans et Israël.
La Jordanie, dont au moins 50 % de la population serait palestinienne, a condamné à plusieurs reprises la guerre menée par Israël contre le Hamas à Gaza. En rappelant l’ambassadeur d’Amman en Israël le 1er novembre, le ministre des Affaires étrangères Ayman Al-Safadi a déclaré que cette décision était « l’expression de la position de la Jordanie de rejet et de condamnation de la guerre israélienne qui fait rage à Gaza, qui tue des innocents et provoque une catastrophe humanitaire sans précédent », pour reprendre les termes d’un communiqué publié par le ministère des Affaires étrangères jordanien.
La Jordanie a également demandé au ministère des Affaires étrangères d’Israël de signifier à l’ambassadeur Rogel Rachman, qui avait été temporairement rappelé en Israël en raison des menaces à sa sécurité en Jordanie, de ne pas retourner à Amman.
La Jordanie a été le deuxième État arabe à faire la paix avec Israël en 1994, après l’Égypte en 1979. Des milliers de manifestants ont appelé Amman à annuler son traité de paix avec Israël en raison de la guerre contre le Hamas, et certains ont même tenté de pénétrer dans l’ambassade d’Israël dans la capitale jordanienne.
Par ailleurs, la reine Rania de Jordanie a déclaré dans une interview qu’il n’existait aucune preuve vérifiable que les terroristes du Hamas avaient décapité des enfants lors du massacre du 7 octobre dans le sud d’Israël, malgré la vaste documentation disponible sur ces atrocités.
Dans une importante escalade rhétorique, le Premier ministre jordanien Bisher Khasawneh a averti le 6 novembre que toute tentative de « déplacement » des Palestiniens de Gaza ou de Cisjordanie constituait « une ligne rouge » et que, si franchie, la Jordanie y verrait « une déclaration de guerre ».
« Il n’y aura pas de déplacement, pas de nouvelle Nakba, si Dieu le veut, pas de réinstallation et pas de patrie alternative », a-t-il déclaré dans un communiqué.