Un journaliste saoudien démonte le concept de « résistance » contre Israël
Fahad Suleiman Shoqiran déconstruit l’idée que les groupes terroristes palestinien du Hamas et chiite libanais du Hezbollah sont des mouvements de "résistance"
Dans le quotidien saoudien Al-Sharq Al-Awsat, le journaliste et chercheur Fahad Suleiman Shoqiran a déconstruit l’idée que les groupes terroristes palestinien du Hamas et chiite libanais du Hezbollah étaient des mouvements de « résistance ».
« Il est tout à fait normal que la situation dans la région soit tendue, surtout après ces attaques [ripostes israéliennes au pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël] de grande ampleur, diffusées en direct, et après l’assassinat du chef de la milice du Hezbollah, ainsi que d’autres personnes qui ont été tuées ou qui le seront à l’avenir. Israël mène des opérations puissantes. Les pays ne sont pas des associations caritatives ; ils ont leurs propres intérêts, objectifs et opérations, et sur cette base, une stratégie bien fondée et réfléchie doit être formulée… », a entamé Shoqiran.
« Les efforts déployés par l’axe de résistance et ses milices pour mettre Israël à l’épreuve et sonder les profondeurs de sa fureur tous les deux ans sont regrettables. Après la guerre de 2006, qui a causé la mort de plus de 2 000 Libanais et d’importants dégâts économiques estimés à deux milliards de dollars, Nasrallah a fait sa célèbre déclaration : ‘Si j’avais su, je n’aurais pas enlevé les deux soldats israéliens.’ En 2009, le Hamas a de nouveau testé les Israéliens et provoqué d’énormes massacres, et la même chose s’est produite en 2012 et en 2014. Aujourd’hui, [le Hamas] tente une guerre avec les Israéliens tandis que le Liban est pulvérisé », a poursuivi le journaliste.
« L’axe de la résistance », est le terme utilisé par les responsables iraniens pour désigner la République islamique et ses alliés anti-Israël, tels que le Hezbollah, les Houthis du Yémen et d’autres milices chiites en Irak et en Syrie.
Shoqiran s’attaque ensuite à la notion même de résistance appliquée au Hezbollah et au Hamas : « Le problème aujourd’hui réside dans le fait que la signification du terme ‘résistance’ s’est élargie depuis la création du Hezbollah, des Brigades palestiniennes et du mouvement Hamas, [et cette expansion] ne s’est pas arrêtée [même] avec les Houthis. Le concept de résistance a été chargé d’idéologie fondamentaliste et ne signifie plus l’autodéfense ou la guerre menée contre un agresseur. Il a désormais son propre contexte religieux, idéologique et politique partisan. »
Pour le journaliste : « Le concept de résistance est désormais associé à l’escalade des attentats suicides et à la pression exercée sur l’ennemi non pas par l’action militaire, mais plutôt par une culture du suicide. Je ne parle pas ici seulement du combattant djihadiste des Brigades Ezzedine al-Qassam [branche armée du Hamas], qui se fait exploser dans un café de Jérusalem ou de Tel Aviv. Le Hamas a piégé l’ensemble du peuple palestinien et de Gaza dans la ceinture explosive de son imprudence, les laissant à la merci de sa décision irresponsable de tester la réponse des Israéliens, connus pour leur violence et leur destructivité. Comme nous le savons, la force israélienne est impitoyable, et les Arabes s’y sont habitués au fil de leur histoire, qui est pleine de défaites et de Nakba [« catastrophe », terme arabe désignant le déplacement des Arabes lors de la création de l’État d’Israël et de la Guerre d’Indépendance]. Les peuples libanais, syrien, palestinien et yéménite ont perdu des sommes énormes, les économies se sont effondrées et les populations ont perdu leur stabilité, ne sachant plus quoi faire sous le règne de régimes stupides et imprudents. »