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Un réalisateur argentin retourne à ses racines juives avec son film ‘The Tenth Man’

Dans son nouveau film, Daniel Burman explore le Buenos Aires de sa jeunesse et ceux qui y vivaient

Le réalisateur juif argentin Daniel Burnham, sur le tournage de son nouveau long métrage 'El Rey del Once' (The Tenth Man)  (Crédit : Marcos Lopez)
Le réalisateur juif argentin Daniel Burnham, sur le tournage de son nouveau long métrage 'El Rey del Once' (The Tenth Man) (Crédit : Marcos Lopez)

Berlin- Usher, qui dirige une fondation juive d’aide sociale à Buenos Aires, est une star de cinéma improbable. Mais le Juif argentin d’âge mur, dont le vrai nom est Oscar Barilka, est la figure centrale du nouveau long-métrage du réalisateur juif argentin Daniel Burman, « El Rey del Once » (The Tenth Man).

Usher, qui incarne son propre rôle, est presque toujours hors caméra, mais il est souvent entendu dans ses efforts afin de ramener son fils Ariel (joué par l’acteur Alan Sabbagh) à ses racines.

« Usher est un véritable Tsadik [un juste] qui ne sait même pas qu’il en est un », dit le scénariste-réalisateur Burman, qui a remporté le Grand Prix du Jury en 2004 pour son film « El Abrazo Partido » (l’étreinte perdue), une comédie dramatique sur un petit-fils de réfugiés polonais de l’Holocauste.

Né de parents immigrants juifs polonais, les films de Burman sont en grande partie autobiographiques, explorant la relation complexe entre père et fils et son éducation juive.

« El Rey del Once » – littéralement traduit de l’espagnol comme « Le Roi d’Once » – se déroule dans le quartier juif de Buenos Aires où Burman a grandi. Le Times of Israel a interviewé Burman le mois dernier au festival du film de Berlin pour en savoir plus à propos de son film.

« L’idée du film m’est venue quand j’ai rencontré Usher, tandis que je me préparais pour un autre film sur les juifs en pèlerinage sur les tombes de rabbins célèbres en Russie, en Ukraine et en Pologne. Usher organisait le groupe de voyage pour les juifs argentins et je savais que je ne pourrais rejoindre le groupe qu’après son approbation. Pendant ce temps, je suis arrivé à en savoir plus sur lui, sur sa fondation et sur tous les merveilleux bénévoles qui s’investissent dans la communauté locale.

La fondation vue dans le film existe réellement. Ses employés et ceux qui bénéficient de l’œuvre de bienfaisance d’Usher – des juifs défavorisés – font également partie du film. Je pense qu’Usher est l’une des personnes les plus impressionnantes que j’ai jamais rencontrées. Je pense qu’il est l’un des 36 tzadikim cachés mentionnés dans le Talmud.

Daniel Burman (deuxième à droite) avec les acteurs d'Usher, Julieta Zylberberg et Alan Sabbagh (Crédit : Autorisation)
Daniel Burman (deuxième à droite) avec les acteurs d’Usher, Julieta Zylberberg et Alan Sabbagh (Crédit : Autorisation)

Y-a-t-il un parallèle entre vous et le personnage principal du film, Ariel, qui rentre chez lui après de nombreuses années comme brillant banquier à New York ?

Tout comme le personnage principal, je passé mon enfance dans le quartier d’Once. Une autre similitude est le fait que j’ai passé 20 ans à faire des films jusqu’à ce que j’en sois fatigué.

Et tout comme mon protagoniste (qui retourne à ses origines), je commençais à chercher les « outils » nécessaires que j’avais laissé dans mon enfance, qui me permettraient de continuer.

Avez-vous eu aussi, comme Ariel, un conflit non résolu avec vos parents juifs ?

J’ai des grands parents, qui ne seraient pas appropriés en tant que matériau pour le film.

Une scène de Daniel Burman 'The Tenth Man', les acteurs Alan Sabbagh et Julieta Zylberberg devant une boucherie casher (Crédit : Autorisation)
Une scène de Daniel Burman ‘The Tenth Man’, les acteurs Alan Sabbagh et Julieta Zylberberg devant une boucherie casher (Crédit : Autorisation)

Votre film commence par une histoire peu commune à propos de l’achat de chaussures pour un patient juif. Est-elle basée sur une histoire vraie ?

L’histoire des chaussures est vraie. Quelque temps après mon pèlerinage sur les tombes des rabbins en Europe orientale, Usher m’a appelé. Je me rendais à New York et il m’a demandé de lui apporter des chaussures taille 46 avec une fermeture velcro pour quelqu’un de la communauté juive qui était à l’hôpital. Je ne pouvais pas en trouver, donc j’ai apporté des chaussures avec des lacets, que je croyais beaucoup mieux. Je les ai apportées moi-même à l’hôpital pour Marcelito Cohen, qui était en attente d’une opération (il souffrait d’une déficience neuro-motrice et ne pouvait donc pas attacher ses lacets de chaussures). C’est alors que j’ai compris à quel point vous pensez à vous-même en donnant des cadeaux aux autres; vous pensez plus à ce que vous aimez et moins à ce dont l’autre personne a besoin.

Pourquoi avez-vous choisi la veille de Pourim comme fin pour le film ?

Je voulais une grande et heureuse célébration parce que pour mon protagoniste Ariel, voir de nouveau son père Usher était la plus grande des fêtes. Pourim est aussi la fête durant laquelle les juifs se déguisent. Dans le film, Ariel enlève son costume pour se révéler à son père et a sa propre identité.

Le film est plein de rituels juifs – Ariel met les tefillin, un homme veut célébrer sa bar-mitsva, on allume des bougies de Shabbat… Avez-vous choisi des acteurs juifs pour les rôles principaux ?

Oui. Alan Sabbagh est juif tout comme moi et sait beaucoup de choses sur le judaïsme. Julieta Zylberberg (qui joue Eva) a cependant dû apprendre et a pris un cours pour les femmes orthodoxes à Once. Usher est un juif religieux (et ne donne pas d’interviews pendant le Shabbat).

Le centre communautaire juif AMIA à Buenos Aires, Argentine, le site d'une attaque terroriste mortelle en 1994 (Crédit : CC BY andy sternberg / Flickr)
Le centre communautaire juif AMIA à Buenos Aires, Argentine, le site d’une attaque terroriste mortelle en 1994 (Crédit : CC BY andy sternberg / Flickr)

Dans une scène, Ariel est sur son chemin vers le centre communautaire juif et passe devant une inscription avec les mots: « Justice 18 Juillet 1994. » A quel point l’attaque terroriste sur le centre AMIA, dans lequel 85 personnes ont été tuées et 300 blessées, est-elle importante ?

Ce fut un événement traumatisant pour la communauté juive de Buenos Aires et pour la ville. Quand on regarde le bâtiment maintenant, on peut encore voir les inscriptions sur lui.

Il semble que si un silence soudain remplissait l’atmosphère, l’on pourrait presque sentir ce qui est arrivé ici dans le passé. Je ne pense pas que nous pourrons jamais savoir comment cette attaque terroriste a été planifiée et exécutée, mais nous allons découvrir qui a essayé de dissimuler ces faits.

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