Un sauveteur israélien, intervenu lors du séisme de 1999, revient en Turquie
Les équipes du lieutenant-colonel Golan Landsberg ont sorti plusieurs personnes des décombres depuis leur arrivée, mardi matin, dont un garçon de 2 ans et un couple

MARASH, Turquie – Le lieutenant-colonel Golan Landsberg est un habitué des opérations de recherche et secours, avec à son actif une dizaine de missions de par le monde ces 25 dernières années, dont deux en Turquie suite aux terribles tremblements de terre qui ont endeuillé le pays, en août et novembre 1999.
Landsberg, qui commande une unité de recherche et secours du Commandement du front intérieur de l’armée israélienne, est arrivé en Turquie cette semaine.
Il a indiqué que les dégâts causés par les séismes, il y a de cela 24 ans, étaient très semblables à ceux constatés depuis lundi, et peut-être même pires, même si son manque d’expérience, à l’époque, peut avoir altéré son jugement.
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« J’étais plus jeune et moins expérimenté, mais ça m’a semblé être un énorme désastre, semblable à ce que nous voyons ici aujourd’hui, et peut-être même pire. Mais ce que l’on voit dans les rues, au centre de la zone endommagée, est très semblable aux destructions que j’ai vues à l’époque », a-t-il déclaré au Times of Israel jeudi matin.
Près de 20 000 personnes ont trouvé la mort dans les séismes d’août 1999, presque autant que le nombre de victimes du tremblement de terre de magnitude 7,8 qui s’est déchaîné lundi, même si les deux bilans sont sans doute sous-estimés.
Landsberg et son unité font partie de la nombreuse délégation israélienne arrivée en Turquie cette semaine pour participer aux opérations de recherche et secours, et préparer le déploiement d’un énorme hôpital de campagne destiné à prodiguer des soins aux blessés du tremblement de terre et aux autres patients, afin de soulager les hôpitaux turcs.
Ils sont arrivés dans le sud de la Turquie, tôt mardi matin, et se sont rendus à Marash, l’une des villes les plus durement touchées, où ils se sont immédiatement mis au travail.
Les 36 premières heures, Landsberg a travaillé sans relâche, allant de site en site, pour tirer des victimes des décombres.

« La nuit dernière a été ma toute première nuit au camp de base. Jusque là, j’avais travaillé nuit et jour en divers endroits », explique Landsberg, réserviste qui est cadre chez Hewlett-Packard en Israël.
Jeudi soir, les équipes de secours israéliennes avaient extrait 17 personnes des décombres, dont plusieurs enfants.
Landsberg a fait savoir que son équipe avait pris part à plusieurs de ces sauvetages, soit dans les étapes initiales, soit dans l’extraction finale.
Un garçon de deux ans a ainsi été extrait des décombres mercredi.
L’équipe a également dirigé une opération de sauvetage pour extraire un mari et sa femme des décombres d’un bâtiment.
« Ils étaient coincés ensemble sous les décombres. Les deux étaient vivants. Nous avons pu sortir l’homme, mais malheureusement, il est mort en chemin vers l’hôpital. Une dizaine d’heures plus tard, nous avons pu sortir la femme, et elle va bien. C’est l’une des opérations de sauvetage les plus complexes que nous ayons effectuées. Ils avaient besoin d’énormément de soins », a-t-il déclaré.
Au moment de la rédaction de cet article, plus de trois jours et demi se sont écoulés depuis le premier séisme, quelques heures avant l’aube, lundi matin.
Au fur et à mesure que le temps passe, les perspectives de trouver des personnes vivantes sous les décombres s’amenuisent, d’autant plus que les nuits glaciales exposent les blessés à un risque accru d’hypothermie.
« Par expérience, nous savons que les conditions météorologiques ont un impact majeur sur la survie des victimes. Des températures très chaudes ou extrêmement froides ne sont, assez intuitivement, pas propices à la survie. Néanmoins, sous les décombres, la température est différente. Dans une bonne cavité, sans être grièvement blessé, on peut survivre quelques jours », explique Landsberg.
« Nous avons encore devant nous sans doute quelques jours, une semaine peut-être, mais les chances s’amenuisent vite. Dans quelques jours, nous devrons sans doute interrompre nos recherches », ajoute-t-il.

En attendant, Landsberg fait en sorte d’utiliser au mieux le temps dont dispose son unité, pour la déployer rapidement et identifier les zones avec les meilleures chances de trouver des survivants.
« On est obsédé par la question : « Quelle sera la prochaine mission », parce que le temps presse et qu’on veut être le plus efficace possible, sans attendre. Si on peut faire quelque chose, on le fait. On ne veut pas pas attendre. Attendre est une perte de temps », explique-t-il.
Il y a énormément à faire pour les équipes de recherche et de secours, à Marash. Les tremblements de terre ont en effet détruit des quartiers entiers, rasé des immeubles et gravement endommagé ceux qui étaient encore debout [après le premier séisme].
Lorsque les sauveteurs interviennent dans une zone, les gens du quartier les interpellent souvent pour qu’ils portent secours à quelqu’un. Et dans certains cas, ils veulent de l’aide pour récupérer la dépouille des victimes.
Bien qu’il s’agisse d’un travail très important, il ne relève pas de la compétence des unités de recherche et secours. Mais comment font-ils la différence?
« C’est une question de contact, de compréhension et d’instinct, si je puis dire. Nous parlons avec les gens, nous écoutons leurs demandes. Et nous croisons ces informations avec les sources que nous avons à notre disposition, afin de mettre l’accent sur les zones où se trouvent des survivants, dans un souci d’efficacité », explique-t-il.

Dans les tout prochains jours, Landsberg et son unité achèveront leur mission et retourneront en Israël, pour laisser la place au personnel médical et à d’autres spécialistes des opérations qui suivent les premiers secours.
« C’est l’organisation normale pour nous. Nous montons en puissance rapidement parce que les premières heures sont cruciales. Nous nous déployons très vite, avec peu d’équipement lourd et peu de personnel », ajoute-t-il.
L’hôpital de campagne « va suivre, plus lentement mais avec une capacité accrue [en matière de soins médicaux] et il partira bien plus tard. »
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