Israël en guerre - Jour 348

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Un tiers des étudiants non juifs aux États-Unis sont hostiles aux Juifs ou à Israël

Un chercheur de l'Université Brandeis invite les universités à "aller plus loin... Dire que l'antisémitisme c'est mal et que tous les sectarismes doivent être punis de la même manière"

Des étudiants de l'Université de New York et des militants pro-israéliens se rassemblent face aux étudiants et militants pro-palestiniens qui manifestent devant le bâtiment de la NYU Stern School of Business, le 22 avril 2024, à New York. (Crédit : AP/Mary Altaffer)
Des étudiants de l'Université de New York et des militants pro-israéliens se rassemblent face aux étudiants et militants pro-palestiniens qui manifestent devant le bâtiment de la NYU Stern School of Business, le 22 avril 2024, à New York. (Crédit : AP/Mary Altaffer)

JTA – Selon une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Université Brandeis, un tiers environ des étudiants non juifs ont adopté des idées hostiles aux Juifs ou à Israël au cours de l’année universitaire 2023-24.

L’étude, publiée jeudi par le Centre Maurice et Marilyn Cohen pour les études juives modernes de Brandeis, brosse un tableau relativement clair des attitudes qui sous-tendent les tensions liées à la situation entre Israël et Gaza, qui se sont propagées sur les campus l’an dernier et ont donné lieu à des manifestations, des perturbations et de la répression.

Selon les conclusions de cette étude, 15 % environ des étudiants interrogés se disent hostiles à Israël et pensent qu’Israël n’a pas le droit d’exister. Près d’un quart des étudiants non juifs disent ne pas vouloir être amis avec des personnes qui soutiennent l’existence d’Israël en tant qu’État juif, ce qui, selon l’étude, a eu pour effet d’« ostraciser la quasi-totalité des étudiants juifs ».

Toujours selon cette récente étude, 16 % des étudiants non juifs se disent hostiles aux Juifs mais pas à Israël, sur la foi d’idées antisémites anciennes comme celle affirmant que les Juifs ont trop de pouvoir en Amérique. Deux pour cent des personnes interrogées se disent à la fois hostiles aux Juifs et à Israël : ce sont elles qui affichent le taux le plus élevé d’attitudes antisémites.

La plupart des étudiants non juifs – 66 % – n’est hostile ni aux Juifs ni à Israël, explique cette étude.

L’un des co-auteurs de cette étude, Len Saxe, explique que la lutte contre l’antisémitisme sur les campus est « un problème soluble », mais que les universités et la communauté juive doivent faire en sorte de mieux comprendre de quelles manières les non-Juifs envisagent les Juifs et Israël.

« Nous n’avons pas trouvé de climat de haine antijuive universelle, pas davantage que de propos tenant à laisser penser que les inquiétudes des étudiants juifs concernant l’antisémitisme sont infondées », écrivent Saxe et ses co-auteurs en guise de conclusion.

« Bien au contraire, nous avons constaté que l’hotilité ressentie par les étudiants juifs sur les campus était le fait d’une minorité (qui représente malgré tout un certain nombre) d’étudiants animés de croyances hostiles envers Israël et/ou les Juifs. »

Des manifestants pro-palestiniens et anti-israéliens scandent des slogans devant les policiers de l’Université de Chicago alors qu’ils sont tenus à l’écart du centre du campus, le temps de démanteler le campement étudiant, le 7 mai 2024, à Chicago. (AP/Charles Rex Arbogast)

Les chercheurs se sont demandé si les étudiants avaient pris une part active à la cause palestinienne sur leur campus, ce qui permet de mettre un chiffre sur la participation aux manifestations qui ont fait la une des journaux l’an dernier. Ils ont constaté que 17 % des étudiants disaient avoir assisté à un événement de soutien aux Palestiniens lors de cette année universitaire et que 23 % revendiquaient la publication de contenus pro-palestiniens sur les réseaux sociaux. Neuf pour cent ont dit s’être livrés à des activités pro-israéliennes, en personne ou sur les réseaux sociaux.

Cette étude révèle par ailleurs que les croyances progressistes et le soutien à l’idée que « toutes les terres saisies par la colonisation devraient être restituées aux peuples autochtones » sont fortement liées à l’hostilité envers Israël.

Près de 90 % de ceux qui sont classés comme hostiles à Israël – mais pas aux Juifs – se sont présentés comme étant libéraux voire très libéraux. Ceux qui étaient classés comme hostiles aux Juifs – mais pas à Israël – présentent un profil politique plus contrasté : 16 % de conservateurs, 31 % de modérés et 53 % de libéraux ou très libéraux, soit sensiblement la même chose que la répartition globale des identités politiques des étudiants.

L’étude s’appuie sur de précédents travaux menés par Brandeis, lesquels avaient révélé qu’une majorité d’étudiants juifs faisait état de manifestations d’hostilité sur le campus depuis le pogrom commis par le Hamas le 7 octobre, qui a déclenché la guerre à Gaza.

Elle est par ailleurs confortée par une récente étude du politologue de l’Université Tufts, Eitan Hersh, établissant que les étudiants juifs ressentent une pression sociale accrue pour prendre position sur Israël, et que si certains cachent activement leur identité juive, ils sont globalement plus nombreux à l’affirmer plus activement.

Saxe et ses co-auteurs Graham Wright, Sahar Hecht et Sacha Volodarsky ont voulu montrer dans quelle mesure les attitudes anti-israéliennes et anti-juives étaient répandues parmi les étudiants non juifs.

A cette fin, au second semestre, ils ont interrogé près de 4 000 étudiants non juifs de premier cycle dans 60 universités à forte population juive. Ils leur ont par exemple demandé s’ils étaient d’accord avec plusieurs déclarations perçues comme hostiles aux Juifs, à Israël voire aux deux.

Professeurs et autres membres du personnel de l’Université Columbia se rassemblent sur le campus en solidarité avec les manifestants étudiants opposés aux liens universitaires avec Israël, le 29 avril 2024, à New York. (Crédit : AP/Stefan Jeremiah)

Au chapitre des croyances testées par cette étude, 19 % des étudiants non juifs ont dit « Israël n’a pas le droit d’exister » et 24 % « Je ne voudrais pas être ami avec quelqu’un qui soutient l’existence d’Israël en tant qu’État juif ». Dix-sept pour cent ont dit avoir une opinion favorable du Hamas. Une autre déclaration, selon laquelle « les partisans d’Israël contrôlent les médias », a rassemblé 43 % des étudiants non juifs.

Saxe met en garde contre la lecture de ces pourcentages d’étudiants qui approuvent ces déclarations isolées : il estime en effet plus instructif de se concentrer sur les modèles de croyance.

« Cela me préoccupe que les gens s’arrêtent uniquement aux pourcentages », explique Saxe, qui dirige le Centre d’études juives et l’institut de recherche sociale de Brandeis. « Pour moi, c’est surtout la manière dont les gens font coexister ces différentes idées qui présente de l’intérêt. »

Dans le cadre de leur étude, les chercheurs ont présenté d’autres déclarations hostiles aux Juifs mais pas à Israël, comme par exemple : « En Amérique, les Juifs ont trop de pouvoir », « Les Juifs ne se soucient que de ce qui arrive aux leurs » ou encore « Les Juifs parlent de la Shoah pour obtenir ce qu’ils veulent sur le plan politique ». Elles ont, dans l’ensemble, été moins plébiscitées par les étudiants non juifs.

L’étude a par ailleurs mesuré l’attitude de plus de 300 étudiants juifs scolarisés dans ces mêmes universités. Soixante pour cent des Juifs interrogés étaient d’accord ou plutôt d’accord avec le fait qu’il y avait de « l’hostilité envers les Juifs sur le campus », et plus de 80 %, avec celui qu’il y avait de l’hostilité envers Israël.

Les conclusions de cette étude défient les explications simplistes, assurent les chercheurs. Ils en concluent que la plupart des étudiants n’ont pas de préjugés hostiles envers les Juifs ou Israël. Et parmi ceux qui en ont, seule une infime minorité croit que tous les Israéliens « devraient être considérés comme des cibles légitimes » des actions terroristes du Hamas.

« Nous ne pouvons pas considérer que tout le monde, tous les étudiants, ont ces préjugés envers les Juifs et Israël », explique Saxe. « Je crois que nous avons maintenant une perspective complète sur le problème et que cela va nous aider à dégager des solutions. »

Des manifestants pro-palestiniens et anti-israéliens observent l’activité policière derrière une barricade de fortune sur le campus de l’UCLA, le 1er mai 2024, à Los Angeles. (Crédit : AP/Jae C. Hong)

On remarque quelques anomalies flagrantes : parmi les étudiants décrits comme n’étant pas hostiles aux Juifs ou à Israël, 25 % croient que les partisans d’Israël contrôlent les médias, et plus d’un sur dix a une opinion favorable du Hamas.

Le reste de leurs croyances est incompatible avec une pensée antisémite ou anti-israélienne, analyse Saxe.

L’étude a volontairement proscrit l’utilisation des termes « sionisme » et « anti sionisme » en raison des diverses interprétations possibles de la notion. Elle s’est par ailleurs gardée d’évoquer des questions brûlantes – comme celle du mouvement des campements – ou certaines expressions, comme la très polémique « De la rivière à la mer ».

Pour Saxe, l’une des grandes leçons de cette étude est que les méthodes employées jusqu’ici pour lutter contre l’antisémitisme sur les campus ne fonctionnent plus. « Il faut aller bien plus loin que la simple dénonciation de l’antisémitisme, le fait de dire que c’est horrible et grave », dit-il.

Il explique que les universités ont l’obligation de mieux contrôler la minorité d’étudiants qui promeut des idées hostiles aux Juifs ou à Israël. Elles doivent par ailleurs sanctionner ces étudiants comme elles le feraient s’ils avaient une attitude anti-Noirs ou anti-Asiatiques. Les mesures prises par certaines universités à la veille de la rentrée, à l’instar de l’interdiction de la présence de non-étudiants lors des manifestations sur le campus, sont un bon début, poursuit-il.

« Les universités doivent trouver le moyen de mieux éduquer leurs étudiants », conclut M. Saxe. « Ils ne peuvent pas renconcer à leur responsabilité, celle d’aider les gens à devenir de bons citoyens. »

L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.

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