Un tribunal du Likud réhabilite Itzik Zarka malgré des « lignes rouges dépassées »
Le "dévouement et l'engagement" envers le parti au pouvoir de celui qui avait dit que "6 millions d'Ashkénazes supplémentaires devraient être brûlés" a été salué

Le tribunal interne du Likud, le parti au pouvoir, a rejeté vendredi les requêtes visant à mettre à l’écart plusieurs militants du parti pour des remarques et des actions incendiaires.
En juillet, le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait ordonné le renvoi d’Itzik Zarka après qu’il a été filmé en train de crier à des manifestants « Ashkénazes, bande de putes, brûlez en enfer », faisant référence aux Juifs d’origine est-européenne.
« Je suis fier des six millions qui ont été brûlés, je souhaite que six autres millions soient brûlés », avait déclaré Zarka à l’époque, faisant référence à la Shoah. « Les gauchistes sont des traîtres, vous êtes le cancer du pays. »
Le tribunal n’a pas acquitté Zarka pour ses propos, mais il l’a rétabli en tant que membre à effet immédiat et lui a infligé une suspension conditionnelle d’un an, qui prendra effet s’il tient des propos au cours des trois prochaines années « se rapportant directement ou indirectement à la Shoah ou à l’assassinat de six millions de personnes en raison de leur appartenance au peuple juif ».
Dans sa décision, le tribunal a décrit Zarka comme étant « dévoué et engagé » envers le Likud et a déclaré qu’il avait « franchi des lignes rouges d’une manière qui ne peut être acceptée », avant de le réintégrer.
« Il y a des commentaires qui n’ont aucune justification et aucune réparation. Les commentaires inconcevables de Zarka sont devenus la propriété de l’ensemble de la population en Israël et nous hanteront, et lui en particulier, pendant de nombreuses années, tel un numéro indélébile tatoué à l’encre bleue sur le bras », a déclaré le panel, dans une évidente référence aux tatouages reçus par les prisonniers des camps de concentration nazis.
Zarka est connu pour ses virulentes déclarations à l’encontre de ceux qui s’opposent à Netanyahu ou à la politique de son gouvernement, tout en entretenant des liens étroits avec de hauts responsables politiques, dont le Premier ministre lui-même, et sa famille.

Le tribunal a catégoriquement rejeté les demandes d’interdiction des militants Rami Ben-Yehuda et Moshe Meron pour leurs déclarations et actions litigieuses, déclarant qu’ils « sont des amoureux de leur peuple et de leur pays » et louant leur engagement envers le parti face aux « zombies incités ».
Parmi les autres incidents survenus dans le passé, les deux hommes ont été photographiés avec des affiches sur lesquelles on pouvait lire « les gauchistes sont des traîtres » près du mur Occidental lors d’une manifestation d’anciens combattants de la guerre de Yom Kippour de 1973 contre la refonte du système judiciaire du gouvernement.
Une partie de leur défense a consisté en une lettre de la procureure de Jérusalem, Nurit Litman, qui a estimé que l’expression « traîtres gauchistes » ne pouvait être considérée comme une incitation à la violence et qu’elle était protégée par la liberté d’expression.
Ben-Yehuda est connu pour ses tactiques de chien d’attaque contre les rivaux politiques et les opposants au parti. Il a été suspendu du Likud en septembre après avoir agressé physiquement des manifestants anti-Netanyahu, et avait fait l’objet d’une injonction d’éloignement en 2021 suite à son agression verbale contre l’épouse du député Zeev Elkin, qui avait quitté le Likud.
Malgré ses frasques, qui consistent notamment à insulter les opposants à la refonte judiciaire en les qualifiant de « méprisables servantes d’Hitler » ou à souhaiter qu’un législateur soit envoyé « dans les chambres à gaz », Ben-Yehuda a été salué par d’éminents membres du Likud et photographié en leur compagnie.
Le mois dernier, il a également reçu les vœux d’anniversaire du ministre d’extrême-droite de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir.
Meron, un ancien kahaniste, a été l’une des figures de proue des manifestations contre le gouvernement précédent.

En réponse aux décisions de vendredi, le Likud a publié une déclaration disant qu’il était « attristé » que le tribunal ait rétabli l’adhésion de Zarka et a déclaré que la position du parti était qu’il devrait être exclu de façon permanente.
« Nous ferons appel en suivant les procédures appropriées », précise le communiqué du Likud.
Yesh Atid, le parti du chef de l’opposition Yaïr Lapid, a critiqué le Likud, l’accusant de « cracher au visage de centaines de milliers de survivants de la Shoah ».
« Honte à vous. »
Elkin, ancien législateur du Likud, a condamné le Likud pour ses louanges à l’égard de Ben-Yehuda.
« Jusqu’où êtes-vous tombés ?! », a écrit sur X – anciennement Twitter – Elkin, désormais membre du parti d’opposition HaMahane HaMamlahti.
« Et après ça, ils nous diront encore que Netanyahu et le Likud ne sont pas responsables de la violence [de Ben-Yehuda]. »