Un veuf juif américain évoque dans un nouveau film le deuil israélien post-7 octobre
L'influenceur et producteur Rob Mor s'est penché sur les notions de perte, de judaïsme et sur la manière d'appréhender la mort
Lorsque Rob Mor a reçu de la part de son rabbin Habad un courriel au sujet d’un voyage de solidarité en Israël en avril, il s’est inscrit et a emporté sa caméra, sans trop savoir ce qu’il en résulterait.
Ce qu’il savait, c’est qu’en tant que veuf et père célibataire – sa femme est décédée d’un cancer de l’ovaire -, il voulait trouver un moyen de partager ses réflexions et ses expériences sur le deuil avec ceux qui luttent contre cette épreuve au lendemain du 7 octobre.
Le voyage a donné naissance à « Echoes of Loss : Eight Days in Israel », un film de 72 minutes produit par Tallboy et Rova Media, qui couvre les voyages de Mor et ses conversations avec les proches des personnes tuées lors de l’attaque du Hamas, en commençant par les veuves et les veufs, puis en s’intéressant aux parents et aux frères et sœurs en deuil, avec un passage par la place des Otages de Tel-Aviv également.
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Le reportage complet a été diffusé pour la première fois le 14 mai sur la chaîne YouTube de Mor.
« J’ai été frappé par les différents aspects et étapes du deuil », a déclaré Mor, qui souhaitait inscrire le film dans le cadre du processus de deuil juif, de l’enterrement rapide aux sept jours de shiva, en passant par les trente premiers jours de deuil, puis aux onze mois qui clôturent la première année de la perte.
C’était un terrain familier pour Mor, un producteur, créateur de contenu vidéo et podcasteur basé à Pasadena, qui a documenté son parcours de veuf et de père célibataire au cours des quatre dernières années, depuis que sa femme Noel est décédée en 2019 à l’âge de 31 ans.
Ce cheminement très personnel sur les réseaux sociaux n’a pas été particulièrement axé sur la culture juive et israélienne de Mor, dont le père adoptif est israélien. Mais son enfance a été imprégnée de visites annuelles à leur famille israélienne, un lien profond qui l’a gardé scotché aux informations dès le 7 octobre et depuis.
« Toutes les intentions sont si bonnes autour du deuil, et tout le monde veut vous aider et s’aider soi-même parce que la mort est si irréelle », a expliqué Mor. « Je voulais donc aider ne serait-ce qu’une seule personne, si possible, et j’avais besoin d’aller en Israël pour voir et comprendre la complexité de la situation. »
Au cours de ses quatre années de veuvage, Mor a constaté que le fait de partager son chagrin à la suite de la mort de Noel a été cathartique pour lui et pour ses abonnés, qui se retrouvent à éprouver des émotions qui ne sont pas toujours partagées dans la société.
Dans sa propre vie, il a été confronté à toutes sortes de souffrances et de joies familiales. Mor est né à Honolulu, à Hawaï, d’une mère juive et d’un père biologique non juif, et le couple a divorcé quand il était encore enfant.
Sa mère s’est remariée et chacun a adopté les enfants de l’autre. Le couple a ensuite a eu deux autres enfants, les jeunes frères de Rob, Yoni et Josh.
La famille vivait à Highland Park, à Chicago, et Mor a confié que sa découverte du patrimoine juif et israélien a commencé à l’âge de 10 ans, avec des voyages annuels en Israël, une brève éducation à l’école juive et une bar mitzvah, suffisamment pour lui apprendre à commander son propre shawarma en hébreu, dit-il en plaisantant.
Mor s’est rapproché de son rabbin Habad pendant ses études à l’université de New York, et sa femme a suivi une conversion orthodoxe avant qu’ils ne se marient. Il n’est pas pratiquant mais il est profondément attaché à son rabbin à Pasadena.
Après le voyage éclair en Israël en avril, qui a coïncidé avec les six mois écoulés depuis le 7 octobre, Mor et son équipe de production ont travaillé sans relâche pour terminer le film à temps pour Yom HaZikaron, juste au moment où les manifestations anti-israéliennes sur les campus américains commençaient à s’intensifier.
Auparavant, Mor – un influenceur présent sur Instagram, Twitter, TikTok et YouTube – s’en tenait essentiellement à un contenu léger et quelque peu comique sur le thème du deuil et de la perte d’un être cher. Mais lorsqu’il a constaté que son fil d’actualité était rempli de contenus anti-israéliens, il s’est concentré sur son désir de défendre le peuple juif et les Israéliens.
Il a raconté avoir visité une base militaire avec des soldats qui venaient de quitter Gaza, et qu’un soldat avec une arme en bandoulière lui avait dit que « l’arme » de Mor était sa caméra, et qu’elle était plus forte qu’un fusil lorsqu’il s’agissait de raconter l’histoire d’Israël.
« C’est la meilleure façon d’utiliser mon énergie », a déclaré Mor. « C’est un film pour les gens qui se demandent ce qui se passe. Je suis israélien et c’est mon peuple. »
Ce processus a finalement aidé Mor, qui considère la réalisation de films comme son art et une catharsis, même s’il était épuisé et malade lorsqu’il est rentré chez lui aux États-Unis.
« C’était émouvant et épuisant », a-t-il déclaré. « J’ai tendance à essayer de m’approprier une partie de leur douleur et c’est très éprouvant de parler aux veuves, je sais exactement ce qu’elles ressentent, avec les enfants et la solitude qu’elles ressentent la nuit. »
Ce projet a plongé Mor au cœur de l’expérience israélienne, explique Ellen Hayim Johnson, productrice du film, qui était très consciente du fait que les familles endeuillées ne connaissaient pas Rob ni son histoire, avant de le rencontrer.
Mais d’une manière ou d’une autre, cet Américain-Israélien originaire de Chicago et de Californie a réussi à combler ces écarts, a déclaré Hayim Johnson, en créant des liens qui ont aidé à la fois Mor et les personnes qu’il a rencontrées, qui voulaient souvent lui arranger des rencontres.
« Il cherche à humaniser le deuil », explique Hayim Johnson. « La douleur des Israéliens est rejetée et politisée, et il voulait montrer qu’il s’agit de personnes réelles. »
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