Une famille de Cisjordanie affirme qu’un soldat de Tsahal a abattu un Palestinien dans son sommeil
Selon le frère de la victime, les soldats se seraient disputés après les coups de feu et l'un d'eux aurait dit au tireur « Tu es fou ou quoi ? ». L'armée israélienne a ouvert une enquête
Nurit Yohanan est la correspondante du Times of Israel pour le monde arabe et palestinien.

Le 28 mai dernier, un peu avant l’aube, des soldats israéliens déployés à Jit, non loin de Qalqilya, en Cisjordanie, ont abattu un Palestinien du nom de Jassem al-Siddeh.
Selon l’armée, les soldats ont ouvert le feu et « neutralisé un terroriste » qui aurait « tenté de s’en prendre à eux avec un objet tranchant, ce qui constituait une menace ».
Selon la famille d’al-Siddeh, le jeune homme de 19 ans a été abattu dans son sommeil, dans son lit. Des proches ont confié au Times of Israel qu’après la fusillade, les soldats s’étaient disputés, signe pour eux qu’ils ne comprenaient eux-mêmes pas pour quelle raison l’un d’eux avait ouvert le feu.
Le frère de Jassem, Darwish al-Siddeh, a déclaré au Times of Israel qu’il se trouvait à la maison, avec son frère et leur père, lorsque cinq soldats ont franchi la porte aux environs d’1h35 du matin.
« Ils sont entrés sans dire un mot et sont allés directement dans la pièce où dormait Jassem », explique-t-il. « J’ai entendu des tirs nourris. Tout s’est passé en l’espace de quelques instants. »
Al-Siddehe dit avoir entendu les soldats se disputer après les coups de feu depuis la pièce voisine.
« L’un d’eux a dit en hébreu : ‘Qu’est-ce que tu fais, tu es fou ou quoi ?’ Je n’ai pas entendu la voix de Jassem avant les coups de feu, pas un mot. Il dormait encore », assure Darwish.

Selon le quotidien Haaretz, le père d’al-Siddeh, Ibrahim, aurait entendu des soldats qualifier le tireur présumé de « fou » tout en lui intimant l’ordre d’aller ailleurs, dans l’appartement contigu, appartenant à un autre de ses fils.
Selon Darwish, après les coups de feu, les soldats ont dit à la famille d’appeler une ambulance sans laisser entrer quiconque dans la pièce où Jassem avait été abattu.
Les soldats ne leur ont demandé ni nom ni papiers d’identité, assure-t-il, se contentant de leur dire : « Restez assis, l’ambulance sera là dans 10 minutes. »

Le temps que l’ambulance arrive, les soldats ont posé des questions à propos des autres habitants de l’immeuble. Al-Siddeh affirme avoir répondu à leurs questions sur l’identité de leurs voisins, sans pour autant que les soldats n’aillent ailleurs ou n’interpellent qui que ce soit dans l’immeuble.
On ignore à ce stade la raison pour laquelle les soldats sont entrés dans ce bâtiment. Jassem n’avait pas de casier judiciaire et personne dans la famille n’était recherché par les autorités israéliennes, explique Haaretz.
Selon Darwish, les soldats ont transporté Jassem à bord d’une jeep militaire avant de le remettre à une ambulance du Croissant-Rouge, ajoute al-Siddeh. Il a été conduit dans un hôpital palestinien qui a constaté le décès.
Selon la famille al-Siddeh, l’hôpital leur auarit dit que Jassem avait reçu deux balles dans la poitrine. Ils ont également vu une vidéo du corps de Jassem avec des saignements au niveau du thorax.
Une fois autorisés à aller dans la pièce dans laquelle Jassem a été abattu, la famille a pris des photos des traces de sang sur et sous son lit. Quatre douilles de balles ont également été retrouvées.
L’armée israélienne a fait savoir que cet incident faisait l’objet d’une enquête.