Israël en guerre - Jour 496

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Opinion

Une fois encore, Hadar Goldin pourrait être laissé pour compte

Même après la deuxième phase de l'accord qui a été conclu entre le Hamas et Israël, il restera encore 35 corps sans vie à Gaza. Parmi eux, celui du lieutenant Hadar Goldin, tué et kidnappé à Gaza pendant une trêve, en 2014

Simcha Goldin, le père du lieutenant Hadar Goldin, le soldat israélien tué et enlevé dont le corps sans vie est toujours détenu par le Hamas à Gaza, le 9 juillet 2024. (Crédit : Yossi Aloni/FLASH90)
Simcha Goldin, le père du lieutenant Hadar Goldin, le soldat israélien tué et enlevé dont le corps sans vie est toujours détenu par le Hamas à Gaza, le 9 juillet 2024. (Crédit : Yossi Aloni/FLASH90)

La première semaine de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas s’est caractérisée par un sentiment d’allégresse qui a balayé toute la nation. Sept Israéliennes, qui étaient maintenues en captivité dans la bande de Gaza depuis plus de 470 jours, ont été remises en liberté, bien vivantes et dans un état physique raisonnable.

Le cessez-le-feu a aussi mis un terme au décompte macabre des soldats tués au combat. Autre source de soulagement pour un grand nombre, la démission du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, qui est sans doute la personnalité la plus toxique de la sphère politique dans le pays.

Une grande partie de l’opinion publique israélienne concentre dorénavant ses efforts à la nécessité de persuader le gouvernement de mener à bien la deuxième phase de l’accord qui a ouvert la porte à la remise en liberté des otages, une phase qui pourrait garantir le retour en Israël de 29 jeunes hommes, avec parmi eux sept ressortissants étrangers.

Un chiffre qui n’est pas définitif dans la mesure où il va dépendre du nombre de défunts. Aujourd’hui, la mort de 35 otages a été confirmée par l’armée israélienne. Les noms des captifs qui ont perdu la vie ne figurent pas sur la liste des otages qui devraient être relâchés dans le cadre de la première phase, au cours de laquelle 26 Israéliens – des femmes, les deux jeunes enfants de la famille Bibas, des personnes âgées et des cas humanitaires – devraient recouvrer la liberté au cours des cinq prochaines semaines.

Les pressions exercées en faveur du passage à la deuxième phase sont évidentes dans les rues d’Israël, dans les efforts livrés par les familles des otages au sein de l’arène politique américaine et dans la couverture de l’actualité assurée par les médias.

Des informations en provenance de Washington indiquent que Miriam Adelson, qui a une influence directe sur le président Donald Trump, s’est lourdement impliquée dans ces initiatives, aux côtés d’organisations issues de la société civile qui ont fait savoir qu’elles soutiendraient la candidature du président américain en vue du Prix Nobel. Trump et ses hauts-conseillers, de leur côté, ont fait part de leur soutien à la continuation de l’accord.

Miriam Adelson (deuxième à gauche), portant une robe ornée de rubans jaunes, symbole de soutien à la libération des otages détenus par le Hamas, aux côtés d’employées de l’US Israel Education Association lors du bal d’inauguration de la Coalition juive républicaine à Washington, le 20 janvier 2025 (Crédit : USIEA sur X).

Dimanche soir, Israël n’a reçu que des informations limitées de la part du Hamas concernant les défunts susceptibles de figurer parmi les otages qui seront relâchés pendant la première phase, dans le cadre d’un processus complexe, difficile et douloureux – en lien avec ces personnes qui avaient été kidnappées, bien en vie, et qui ont été tuées ou qui se sont éteintes alors qu’elles se trouvaient en captivité.

L’armée israélienne et sa Division chargée des prisonniers et des portés-disparus disposent de renseignements détaillés sur chaque otage – y compris sur ceux qui n’ont pas survécu à la captivité. Toutefois, dans certains cas, les informations disponibles sont insuffisantes pour permettre à la commission rabbinique de déclarer leur décès de manière officielle.

En fait, certains des otages inclus dans la première phase de l’accord avaient été placés sur cette liste très précisément en l’absence d’information concluante sur leur éventuel trépas. Dans cette réalité douloureuse, les captifs dont la mort a été confirmée avaient intégré d’emblée, au grand chagrin de nombreuses familles, la troisième phase de l’accord – si elle se concrétise un jour.

Mais le jour où Israël arrivera à la troisième phase – et si c’est le cas – le pays n’aura plus rien à offrir au Hamas, si ce n’est la problématique de la reconstruction de Gaza.

D’un côté, la clause qui ouvre l’accord de cessez-le-feu stipule que « l’objectif de cet accord-cadre est la remise en liberté de tous les otages israéliens détenus dans la bande de Gaza, civils et soldats, vivants ou non, toutes périodes confondues ».

D’un autre côté, lorsqu’il faudra qu’Israël négocie avec le groupe terroriste la restitution des dépouilles, le pays ne disposera plus d’aucun moyen de pression efficace. Les déclarations faites par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et par les autres politiciens israéliens, concernant leur engagement en faveur du rapatriement, au sein de l’État juif, des corps sans vie de tous les soldats tombés au combat, pourraient alors s’avérer être des paroles vides d’intention et vides de sens.

Le Lieutenant Hadar Goldin à l’armée, le 29 août 2018. (Crédit : AFP PHOTO / JACK GUEZ)

Des promesses vides de sens ?

Prenons, par exemple, la famille Goldin : il y a les parents, Leah et Simcha, et il y a la fratrie, Ayelet, Menachem et Tzur, qui réclament, depuis dix ans et demi, que la dépouille de Hadar Goldin, un soldat qui avait trouvé la mort à Gaza, leur soit rendue.

D’innombrables promesses et autres déclarations ont été faites à la famille Goldin par les responsables politiques. En 2018, Simcha, le père, avait indiqué aux médias qu’il avait reçu l’assurance que les prisonniers libérés dans le cadre de l’accord Gilad Shalit et qui avaient été à nouveau arrêtés serviraient de monnaie d’échange pour garantir le rapatriement du corps sans vie de Hadar. Mais les prisonniers de l’accord Shalit ont été de nouveau libérés cette semaine – ce qui signifie qu’ils ne pourront plus être utilisés comme moyen de pression.

Au mois de novembre 2018, Simcha Goldin avait également fait savoir que Netanyahu avait promis, de manière répétée, à la famille qu’il n’y aurait aucun accord conclu à Gaza si les dépouilles de Hadar et d’un autre soldat, Oron Shaul, n’étaient pas restituées.

Oron Shaul avait été tué pendant l’Opération bordure protectrice, en 2014, et son corps sans vie avait été enlevé. Sa dépouille a finalement été retrouvée, la semaine dernière, par les forces spéciales israéliennes, sur la base de renseignements portant sur le lieu où elle était conservée, quelques heures seulement avant le début du cessez-le-feu à Gaza.

Zehava Shaul pleure sur la tombe de son fils, le sergent Oron Shaul, tué et capturé par le groupe terroriste du Hamas en 2014, le jour de ses funérailles à Poria Illit, dans le nord d’Israël, le 20 janvier 2025. Le corps de Shaul a été rapatrié de Gaza en Israël lors d’une opération israélienne clandestine le 19 janvier 2025. (Crédit : Ayal Margolin/Flash90)

Hadar Goldin avait été tué et son corps avait été kidnappé au cours d’un incident distinct, incident qui s’était également produit en 2014, à l’occasion d’une violation, par le Hamas, de l’accord de cessez-le-feu qui avait suivi l’Opération bordure protectrice. Au fil des années, Israël a lancé des investigations approfondies sur l’itinéraire qu’avaient pu suivre les terroristes qui s’étaient saisis de la dépouille de Goldin et l’armée a dorénavant une idée générale du secteur où elle pourrait être recherchée.

Néanmoins, le Times of Israel a appris qu’aujourd’hui encore, le Hamas n’était pas disposé à intégrer Goldin dans l’accord ouvrant la porte à la libération des otages, même s’il sait où il se trouve. La raison en est peut-être le temps qui s’est écoulé depuis l’enlèvement et sa transformation en symbole national pour le public israélien.

Et c’est ainsi que la tragédie et les souffrances, pour la famille Goldin, se poursuivent sans aucune perspective de soulagement à l’horizon. Et 35 autres familles de personnes qui ont été déclarées décédées par Tsahal pourraient bien se retrouver dans une situation similaire.

Des Israéliens participant à un rassemblement appelant à la libération des otages détenus à Gaza, sur la Place des Otages, à Tel Aviv, le 25 janvier 2025. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

La grande question est de savoir ce qui se passera après le retour des otages vivants. L’opinion publique israélienne défendra-t-elle les familles des otages qui ont perdu la vie ?… Les conséquences de l’indifférence pourraient s’avérer être dures et douloureuses.

Cette Opinion a été initialement publiée sur le site hébréophone du Times of Israel, Zman Yisrael. Elle a été traduite et révisée.

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